jeudi 1 décembre 2011

Paroles de Pros

Pour ce tout nouveau numéro, j’ai décidé de voyager un peu hors de nos frontières. La Belgique ne se trouvant qu’à une heure de vol à tire-d’aile, c’est sans hésiter que j’ai embarqué stylo et bloc-notes et que j’ai pris mon envol. Au pays des spéculoos, du chocolat et de la bière, je suis allée à la rencontre de Chloé des Lys, une association qui a une vision bien particulière de l’édition. Jugez plutôt.

Comment vous-est venue l’idée de monter l’association Chloé des Lys Éditions ?

Parce qu'à la base je suis moi-même auteur et qu'à part du compte d'auteur, on ne me proposait rien d'autre. Finalement, lors d'une rencontre avec le vice-président de l'Association des Écrivains Belges, ce dernier m'a suggéré de m'éditer seul dans un premier temps. L'idée qui m'est venue, c'est de créer une structure permettant aux auteurs de se faire connaître. Ça n'était donc pas une maison d'édition qui était visée.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre ligne éditoriale ? Quel genre privilégiez-vous ?

« Notre politique éditoriale est de ne pas en avoir ». Certes, on aurait pu pondre un texte pompeux et incompréhensible, pour faire bien et impressionner, mais ça n'est pas le but. Le but est de mettre le pied à l'étrier. Ca ne veut pas dire qu'on publie tout et n'importe quoi, loin de là. Ça n'aurait d'ailleurs aucun sens car, lors des services-presse envoyés aux critiques, si le livre n'est pas bon, il sera descendu en flammes.

Qu’attendez-vous des manuscrits qui vous parviennent ?

Qu'ils soient d'abord impeccables au niveau de l'orthographe, qu'on sente que l'auteur a pris la peine de se relire. Qu'il y ait du fond, du contenu. Autrement dit, on ne sortira pas le livre d'un homme politique parce qu'il est connu, mais on le sortira s'il a quelque chose d'intéressant à dire.

Chloé des Lys Éditions est belge. Accepteriez-vous des manuscrits venus d’autres pays francophones ?

France, Québec, Suisse, États-Unis : les auteurs viennent d'un peu partout, même si la France et la Belgique sont les pays où se trouvent principalement les auteurs de Chloé des Lys.

Quelles difficultés rencontrez-vous le plus souvent en tant qu’éditeur ?

Problèmes de temps, de logistique. Chloé des Lys est une asbl [NB : Association sans but lucratif] et pas une société : pas de personnel, tout se fait dans l'art de la débrouille et du système D, ce qui explique le temps que ça prend pour tout réaliser : de la réception du manuscrit à l'édition du livre...

La « politique » de Chloé des Lys s’appuie essentiellement sur la relation avec l’auteur. Selon vous, pourquoi est-il si important de placer l’auteur au centre du processus d’édition ?

Parce que le livre n'est pas tout : c'est l'auteur qui va, en première ligne, pouvoir défendre ce qu'il a écrit : c'est lui qui est le mieux placé pour en parler.

Comment est rémunéré un auteur que vous éditez ?

40% sur les bénéfices, avec un seuil minimum de 10% par exemplaire vendu. Mais aucun auteur ne peut en vivre. Il faut un boulot alimentaire à côté.

L’édition à compte d’auteur est à la mode depuis quelques années. Que pensez-vous de ce moyen auquel ont recours de plus en plus d’auteurs ?

Ça ne sert à rien, si ce n'est dépenser de l'argent et enrichir l'éditeur. Autant pratiquer l'autoédition. La politique chez Chloé des Lys est limpide à ce sujet : l'auteur n'a rien à débourser, hormis les exemplaires qu'il commande pour son usage personnel, sans aucune obligation d'achat.

Lancez-vous parfois des appels à texte ?

Jamais, sauf dans le cas des recueils collectifs, mais ils sont réservés aux auteurs de la maison.

Pour terminer, quel conseil donneriez-vous aux jeunes auteurs qui souhaitent tenter leur chance auprès des maisons d’édition ?

Bien se renseigner sur la maison d'édition : ne pas envoyer un recueil de poésie si la maison n'en publie pas par exemple. Savoir que les grosses maisons d'édition reçoivent plusieurs centaines de milliers de manuscrits par an et que l'écrémage est impitoyable. Refuser par principe le compte d'auteur. Et surtout ne pas se décourager...


Nous remercions Laurent Dumortier d’avoir eu la gentillesse de répondre à nos questions.

Intéressé(e) par l’asbl Chloé des Lys ? Vous pouvez vous aussi tenter votre chance en envoyant votre tapuscrit ou bien découvrir les nombreux ouvrages du catalogue. Pour en savoir plus, une seule adresse, le verdoyant site internet de Chloé des Lys : http://www.editionschloedeslys.be/ !

Quant à moi, je vous retrouve au prochain trimestre. D’ici-là, passez de joyeuses fêtes de fin d’année, et ne mangez pas trop de chocolat (même si on sait que c’est très bon, surtout le chocolat belge) !


La ptite Clo

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