mardi 31 décembre 2013

Éditorial


L'équipe du PAen souhaite une excellente année à tous ses lecteurs et contributeurs ! Que 2014 voie l'aboutissement et la récompense de vos romans ! Nous remercions EryBlack pour avoir répondu aux questions de notre intervieweuse, ainsi que Beatrix, Diogene et Shaoran pour leur contribution !

Pour cette formule régionale du 1er janvier 2014, vous trouverez au programme :

- Les médaillés des concours : Le podium des derniers concours de l'année !
- Plume et astuce : où Cristal se transforme en Madame Pourquoi.
- Nos Imagineurs : Slyth a interviewé l'auteure du délicieusement onirique Un Rêve!
- Les perles de PA : parce que Plume d'Argent, c'est vous avant tout.
- La galerie des plumes : des plumes avec des crayons et des pinceaux, c'est toujours quelque chose.
- Les nouvelles pérégrinations culinaires : Vefree nous met encore en appétit !


>> Une version PDF du PAen est téléchargeable ici !  Vous y trouverez des contenus bonus, alors pourquoi vous en priver ?
 Astuce : Faite un peu défiler la page qui s'affiche et cliquez sur

Toute l’équipe vous souhaite une bonne lecture !
 

Cristal et Saïph, rédactrices en chef

lundi 30 décembre 2013

Les médaillés des concours

Le concours d'Halloween 2013 de Plume d’Argent a eu trois gagnantes ex-æquo :
 
- Aylaine pour Le cauchemar, une nouvelle qui porte diablement bien son titre.

 « Elle court à en perdre haleine. Ses pas s’allongent chaque fois davantage. Son cœur bat la chamade, menaçant d’exploser à tout instant. Son souffle rauque l’asphyxie. De terribles points de côté l’assaillent. (…) »
 
- Blacky pour Sur ta tombe, mon amour... : frissons à volonté, et pas forcément que de peur.
 
« Rhésus referma dans un claquement dramatique le livre qu'il était en train de parcourir. La musique tonitruait dans la maison à tel point qu'elle faisait presque entrer les murs et les objets en résonance avec elle. Définitivement, ça l'empêchait de se concentrer… Il se leva lentement de son siège (…) » 
 
- EryBlack pour Sang lunaire : vous n'écouterez plus Au clair de la lune de la même façon.
 
« Le garçon se rongeait distraitement l’ongle de l’index gauche, assis devant la fenêtre, dans la pénombre. Tous les autres étaient rassemblés au réfectoire pour le dîner, mais lui avait préféré s’octroyer un petit moment de détente à observer la nuit. (…) »

Plumes et Astuces

Pourquoi ? 

Pour la toute première Plume et Astuce de l’année, j’ai eu l’envie de me pencher sur la délicate question du « pourquoi ? ». Je ne sais pas pour vous, mais moi, à chacune de mes histoires, je me suis souvent demandé ce que j’allais écrire (quoi), à partir de quels personnages (qui), dans quel environnement (où), en référence à quelle époque (quand) et avec quelle sorte de style (comment), mais j’ai très souvent éludé la question centrale du pourquoi. Et si nous passions ensemble à la loupe ce qui se cache derrière ces huit petites lettres ?

Les multiples déclinaisons du pourquoi

Pourquoi est-ce que j’écris cette histoire ? Pourquoi j’ai choisi tels personnages, tel contexte, tel genre, tel style ? Pourquoi mon héros prend-il cette décision ? Pourquoi le méchant est-il devenu aussi mauvais ? Pourquoi telle aide providentielle tombe-t-elle soudain du ciel ? Pourquoi cette rencontre improbable a-t-elle lieu ici et maintenant ?

Interrogez-vous et interrogez votre texte. Posez vos pourquoi pour chaque aspect de l’histoire, chaque situation, chaque action que vous écrivez. Si vous ne pouvez répondre autrement que par « ça me plait trop ainsi ! » ou « il le faut pour les besoins de l’intrigue » ou « pour que ça fasse mystérieux » ou encore « oh, ça, c’est un savant mélange de destin et de hasard », alors je vous invite à vous attarder un instant sur le sujet avec moi.

Pourquoi faut-il se demander pourquoi ?

1) Parce que c’est gratifiant pour l’auteur.

Un auteur qui ne peut pas répondre aux pourquoi de son histoire n’a pas fait de l’écriture un acte pleinement conscient. Il reste spectateur du roman et subit les aléas de son inconscient, de ses peurs et de ses désirs, ainsi que de toutes les facilités scénaristiques venues. Il a spontanément tendance à véhiculer des lieux communs et les préjugés de l’opinion publique, faute d’exercer son esprit critique à travers l’écriture. Il est aussi influençable face aux critiques de son lectorat et se laisse balloter sur les flots hasardeux des commentaires sans boussole pour garder le Nord. Bref, il n’est pas le capitaine de son navire.

Au contraire, un auteur qui sait pourquoi il a choisi d’écrire cette histoire et pas une autre, pourquoi ces personnages prennent telle décision et pas telle autre, pourquoi les événements de son histoire ont lieu sans que ce soit le fruit d’une (mal)heureuse coïncidence donne du sens à ce qu’il écrit. Il a un cap, il connaît sa destination. Il ne cherche pas à flatter ses fantasmes ou ceux de ses lecteurs, il est le porteur d’un message qui vaut mieux que ça.

2) Parce que c’est gratifiant pour le lecteur.

Vous n’êtes pas seul à bord de votre roman, vous y embarquez aussi tous vos lecteurs. Si votre histoire n’a pas de réponse à son « pourquoi » central, à savoir sa raison d’être, vous risquez de passer à côté de l’essentiel. Vous avez le pouvoir, à travers vos mots, de transmettre quelque chose d’important à votre lecteur. Écrire une histoire d’amour ou d’aventure parce que « ça plaît », c’est réduire son lectorat à sa dimension de consommateur de divertissements. Mais écrire une histoire d’amour ou d’aventure de façon à traiter un ou plusieurs thème (la différence, la quête d’identité, la justice, le racisme, la guerre, la famille, etc.), c’est amener son lecteur à s’interroger avec vous et à exercer son esprit critique. Attention, je ne vous invite pas à donner une morale à l’histoire, mais bien à faire de l’écriture une démarche consciente : vous pourriez tout aussi bien privilégier l’absurde et ne vouloir conférer aucun message à votre histoire, du moment que c’est votre vision personnelle et assumée de l’écriture.

Concernant les autres pourquoi, ceux qui sont liés à la crédibilité de la narration, ils sont aussi importants pour votre lecteur. Ce dernier sera davantage porté par le récit s’il sent que vous maîtrisez votre affaire, que vous connaissez les motivations profondes de vos personnages, que vous modulez les actions et les événements au fil des volontés humaines et non au petit bonheur la chance.

La boucle infinie du pourquoi

Vous êtes face à votre roman et vous vous êtes prêté au jeu des pourquoi. Vous avez exploré vos propres intentions d’auteur, puis vous avez passé en revue celles de tous vos personnages. Vous avez fait sauter des pans de texte entiers parce que vous avez découvert des incohérences, des invraisemblances, des contradictions et des facilités. Vous avez décidé d’étendre ce questionnement jusqu’à la galerie des personnages secondaires, jusqu’aux fondations même du système social et politique du roman, jusqu’aux générations antérieures et jusqu’aux zones de l’histoire dont vous ne parlerez jamais. Vous accumulez des pages et des pages de notes explicatives, des arbres généalogiques hyper détaillés, des schémas de haute précision... Attention, vous êtes peut-être entré dans une boucle sans fin !

Et oui, il faut aussi que l’auteur accepte de ne pas pouvoir répondre à tous les pourquoi de son roman. Il y a des personnages dont il ne connaîtra jamais l’arrière-fond, des régions dont il ne connaîtra jamais l’arrière-plan, des mécanismes dont il ne connaîtra jamais les rouages. Posez-vous des limites et ne vous éloignez pas trop de votre fil narratif. Si vous êtes en train de vous casser la tête sur quelque chose qui n’a aucun rapport direct avec l’action principale du roman, lâchez prise et tenez-vous-en là.

Conclusion

Et vous, que pensez-vous du pourquoi ? Est-ce une question que vous vous posez souvent en écriture ? Lui trouvez-vous des avantages ou des inconvénients dont je n’ai pas parlé ici ? Votre expérience nous intéresse, alors n’hésitez pas à donner votre avis !

Je conclurai cet article en remerciant Shaoran et SecretSpleen : nos conversations sur l’écriture m’inspirent toujours beaucoup pour les Plumes et Astuces !

Cristal

dimanche 29 décembre 2013

Nos Imagineurs

Salut les Plumes !

Depuis quelques temps, nous sommes sous l’influence d’une vague (que dis-je, d’un raz-de-marée !) de nouveaux venus sur notre site préféré. Mais plus on est de fous, plus on rit !

L’auteure que je souhaite vous présenter aujourd’hui est arrivée parmi nous le 30 juin dernier, toute jeune et déjà pleine d’humour. Sa place, elle a su la trouver rapidement et le succès n’a pas tardé à se montrer : son roman SF a dépassé les 500 vues ainsi que la centaine de commentaires !
A mes yeux, elle est parvenue à réinventer les histoires d’amour et je me suis engluée dans sa Toile pour ne plus en sortir...

Merci d’accueillir EryBlack !


1. Dis-nous Ery, qu’est-ce qui te plaît le plus dans l’écriture ? Est-ce que tu imagines plutôt tes textes comme des films, des mangas, des BD… ou autre ?

Sans doute la possibilité de décrire des choses qui n’existent pas : l’écriture est toujours une création, quand j’écris je suis comme un dieu qui se demanderait quel visage donner au monde (ok, désolée pour cette pulsion mégalomane !). L’écriture, c’est la possibilité de se libérer de tout ce qui existe déjà, mais ça me libère aussi de moi-même, ça m’emmène jusqu’à des frontières que je n’avais jamais atteintes. J’ai souvent peur qu’on me prenne pour quelqu’un de fade. Quand j’écris, je me différence des autres, je fais quelque chose que j’adore, qui ne nuit à personne et qui est même susceptible de divertir, de faire du bien à d’autres ! Et il y a encore tellement de choses qui me plaisent dans l’écriture ! Le fait qu’on puisse trouver un mot pour chaque chose existante, par exemple. Je trouve ça fascinant.


En général, j’essaie de m’empêcher d’imaginer mes histoires comme des films, parce que je veux écrire des romans purs, je trouve ça trop facile d’écrire comme si on décrivait un film. Mais parfois, je n’arrive pas à m’en empêcher : je visualise ce que j’écris sous forme de film, de manga, voire de pièce de théâtre…

2. Quelles sont tes attentes lorsque tu lis les écrits d’autres auteurs ?

(Je mets de côté les considérations orthographiques, c’est pas très intéressant). Évidemment, je pourrais dire que j’attends d’un texte qu’il me plaise ; or très souvent, je suis incapable de dire que je n’ai pas aimé une histoire. Il y a presque toujours quelque chose qui m’y intéresse, ne serait-ce que dans l’intention. Donc je n’attends pas forcément qu’une histoire soit conforme à mes goûts personnels, au contraire, je ne demande qu’à être plongée dans un autre univers. Ouais, c’est ça au fond : ce que j’attends, c’est me faire embarquer par un texte. Peu importe qu’il soit réaliste, fantastique, flippant, banal ou poétique, tout ce que je veux c’est être dedans. J’ai parfois l’impression de me couper de l’espace-temps quand je lis : et c’est exactement ce que je recherche en lecture. Achever un texte, lever la tête et avoir l’impression de me réveiller !


Et l’exigence un cran au-dessus, c’est que le texte me laisse quelque chose. Les liseurs sont faits de briques extraites des bouquins qu’ils dévorent : j’aime découvrir, sur PA, des textes qui me donnent de nouvelles briques !

3. Tu as un bon nombre de lectures à ton actif, quel genre de commentatrice es-tu ?

Je me fais jeter des tomates si je dis que je suis le genre flemmarde ? J’en ai un peu honte, mais le fait est que j’ai lu pas mal de textes sans les commenter… Ce que je trouve vraiment nul de ma part, parce que PA est basé sur l’entraide entre auteurs. Ça c’est la faute des plumes, y’a trop de level, tout lire et tout commenter prend trop longtemps. Mais je me suis promis que je ferai des efforts dans ce sens. Euh, je m’éparpille là, revenons à la question !


Quand je laisse des commentaires, j’essaie de les développer un maximum en deux points. D’abord, des remarques constructives à propos de mots qui conviendraient mieux que d’autres, blabla, mais parfois y’a rien à dire à ce sujet, alors je me contente de quelques petits chipotages orthographiques. Puis, j’essaie de rendre compte de l’effet que m’a fait le texte, des références qu’il m’a rappelées, tout ça.
Et surtout, je veux que chaque commentaire soit unique, je veux rendre à l’auteur la monnaie de sa pièce. Quand le texte m’a touchée, je voudrais que l’auteur ait autant de plaisir à lire mon commentaire que j’en ai eu à lire son histoire !

4. Et de ton côté, quels genres de difficultés peux-tu rencontrer dans tes écrits ?

La réécriture. C’est une torture. Souvent, je suis obligée d’effacer des passages dont j’étais très fière il y a quelques années, parce qu’ils sont finalement médiocres, et c’est bizarrement douloureux, même si ça donne toujours quelque chose de mieux ! Aussi, j’ai tendance à beaucoup trop m’étendre, notamment au niveau des dialogues, et à passer trop vite sur les descriptions. Influence cinématographique ou volonté de faire avancer l’histoire avant tout ? Je ne sais pas, mais j’essaie de me débarrasser de cette manie. Après, il y a les grands classiques : quand je me lance dans une histoire et qu’une autre vient gratter à la porte, quand j’ai envie d’écrire mais que je développe le syndrome de la page blanche, quand j’arrive pas à trouver le temps qu’il faut… (On devrait inventer des noms aux maux d’écrivaillons, tiens !) Mais tout ça c’est surmontable. Ce qui me fait très peur c’est de perdre tout, un jour, genre devenir amnésique. Mais heureusement, c’est pas très probable. Je crois que la principale difficulté que je rencontre quand même, c’est aussi le manque de confiance en moi, comme dans une bonne partie des domaines. Et ça, c’est en train de changer énormément, notamment grâce à tous les commentaires géniaux qu’on m’a offerts ici !

5. As-tu recours à des grigris, un doudou ou une danse spéciale pour faire venir l’inspiration ? Tu sais que tu peux tout nous dire.

J’aimerais bien, la danse vaudou, c’est la classe ! Mais non, en général mes idées viennent simplement de mes cogitations. Parfois, ça me vient quand je marche dans la rue, ou bien en cours même. Et, certains matins, je me réveille avec une bouillie d’histoires dans la tête, certaines me hantent et je sens qu’elles méritent d’être écrites. 


Quand à la "petite" inspiration, je veux dire celle qui est nécessaire pour écrire quotidiennement, elle va et vient sans me demander mon avis. Mais la plupart du temps, elle fonctionne comme une boisson gazeuse. Si je laisse fermenter les bulles quelques jours, en réfléchissant à mon texte, je finis par avoir besoin d’exploser, et ça peut donner de bons résultats sur le clavier !

6. Parlons maintenant de l’une de tes histoires que les lecteurs connaissent peut-être bien… Comment es-tu parvenue à créer Un Rêve ?

Tout est dans le titre ! Je dormais sur un des matelas les plus géniaux du monde, tellement moelleux que vraiment, on s’enfonce dedans… Bref donc, j’ai vécu une de mes plus fortes expériences oniriques, je me suis réveillée avec la sensation d’avoir vécu toute une épopée pendant mon sommeil. En plus, j’avais fermé les yeux à la fin de mon rêve, du coup en les ouvrant en me réveillant, c’était vraiment comme si rien n’avait bougé autour de moi ! Mais comme les rêves sont mutins, je n’ai pu me rappeler que des bribes, et surtout la fin. Donc j’ai décidé de tisser autour de ces bribes, en prenant pour base d’autres rêves, des références en bouquins et en films… J’ai écrit tout un tas de versions, dont certaines qui avaient des allures de mauvaises fanfictions, avec des personnages insipides et des actions sans queue ni tête… Mais ça a fini par donner cette dernière version dont je commence à être satisfaite !

7. Cette histoire a-t-elle déjà une fin ou tout est-il encore à inventer ?

Vu que je me rappelle essentiellement de la fin de ce rêve, tout le reste n’existe que pour parvenir à cette issue. Je trouve ça un peu triste, c’est une histoire née avec pour seule vocation de finir ! Du coup, en la retravaillant pour PA, je fais le maximum pour que chaque moment existe vraiment, que chaque chemin ne mène pas à Rome en ligne droite quoi. En tout cas, la fin existe déjà depuis rudement longtemps, et elle ne doit pas changer, je veux rester fidèle au souvenir que m’a laissé le rêve. C’est le reste dont je m’occupe maintenant, tout ce qui mène à la fin, et là-dedans, croyez-moi, il y a des trucs à désinventer, à réinventer, à remplacer, à bichonner, à polir et repolir pour que ça donne quelque chose de lisible et d’appréciable. Mais c’est un immense plaisir de relire ces chapitres tous beaux tous neufs, en me souvenant de tous mes essais maladroits du début…

8. C’est parti pour la minute célébrité : as-tu de grandes ambitions en tant qu’auteur (transmettre des messages de paix et de tolérance à travers tes textes, être traduite en 25 langues, que l’on achète les droits de ton œuvre pour le cinéma… ou autre) ?

J’ai le droit de me mettre en mode mégalomane ? Yeaaah ! Effectivement, j’adorerais écrire LE bouquin qui ferait prendre conscience du bazar qu’on est en train de mettre sur Terre. En le lisant, tout le monde se dirait « Oh mais oui, je vais dès à présent me mettre au tri sélectif, investir dans l’énergie éolienne, aller embrasser tous mes voisins, fomenter une révolution qui renversera le capitalisme et brûler ma carte d’adhérent au FN (voire brûler le FN lui-même, tiens) ! » Pis aussi, (puisque tout est permis, je me lâche), écrire un bouquin qui serait un best-seller et tout le blabla, mais qui serait absolument inadaptable au cinéma, parce qu’il décrirait des trucs complètement impossibles à retranscrire en images. Et pan, dans les dents de l’industrie des médias ! 


Plus sérieusement, je me demande parfois quels sont les messages de mes textes. Je voudrais bien être capable d’en véhiculer d’importants. Et d’autres fois, je me dis que j’écris avec pour seule vocation de faire rêver et voyager les gens, comme on m’a fait voyager moi-même. J’ai toujours rêvé d’être éditée, mais je n’ai jamais fait de démarches sérieuses pour y parvenir ; et maintenant que j’ai découvert PA, ça me paraît à la fois plus envisageable et moins important. Moins important, parce que sans être éditée, j’ai déjà eu des retours formidables de la part des plumes et, grâce à ça, je sais que ce que j’écris peut toucher. Et si c’était seulement ça dont j’avais besoin finalement ?

9. Question de fan : Es-tu proche de tes personnages et, si c'est le cas, dans quelle mesure l'es-tu?

Très bonne question ! Dans Un Rêve, c’est pas compliqué, l’héroïne est mon avatar onirique. C’est pour ça que j’ai essayé de gommer les passages qui la décrivent physiquement (ça devenait trop compliqué), et que je ne lui ai pas donné de prénom. C’est le moi un peu paumé et bringuebalé de mes rêves ! 


Dans L’Abstraction, c’est différent. Je crois que chaque personnage représente une petite partie de moi (et ça je suis sûre que je ne suis pas la seule, comment donner naissance à un personnage sans y mettre un petit peu de soi ?). Mais j’ai aussi pris conscience que mon héroïne, Elle, est un reflet de mes propres interrogations, de mes propres "souffrances" d’adolescente-mal-dans-sa-peau. À la base, je n’en avais pas du tout l’intention : le monde dans lequel elle vit et que je lui ai fait détester, j’ai l’impression que je l’aimerais, moi. J’ai cru qu’en lui donnant le désir de vivre dans le monde réel, celui d’aujourd’hui, où la Toile n’existe pas encore, ce monde que je connais et que j’apprécie pas des masses, je pourrai m’auto-persuader que je vis dans un monde plutôt chouette. (C’est assez compliqué, désolée !) Sauf qu’au final, je me rends compte qu’Elle, c’est moi : constamment insatisfaite. Et puis bon, on va pas se leurrer, si je lui ai fait vivre une méga histoire d’amour, c’est bien parce que j’ai envie d’en vivre une aussi. Scrogneugneu.

10. Pour finir, y aurait-il quelque chose en particulier que tu voudrais dire aux personnes qui sont en train de nous lire ? Un message à leur transmettre peut-être ?

Je voudrais d’abord envoyer un MÉGAMERCI à Slyth pour m’avoir proposé de passer dans le PAen. Pour la nouvelle recrue que je suis, c’est un immense honneur, je te suis très reconnaissante d’avoir pensé à moi ! Et pour toutes tes réponses précises à mes incertitudes, et aussi pour l’élaboration du questionnaire, merci infiniment ! 


Et puis je peux pas m’arrêter là pour les merci, tout le monde en mérite sur ce site : pour la super idée de départ, pour l’accueil plus-chaleureux-tu-meurs, pour la géniale ambiance du forum, pour le superbe Journal PAen (comment ça je suis fayotte ?), pour la qualité des textes et le véritable émerveillement que je ressens à lire certains des auteurs… Et pour être là aussi, simplement, tous attentifs derrière vos écrans, à partager tellement de choses avec les autres. Je suis immensément contente d’avoir rejoint cette petite famille du web !

Ainsi s’achève cette interview.

Un immense merci à toi Ery pour le temps que tu m’as accordé et ton enthousiasme débordant qui ne s’est jamais démenti tout au long de notre collaboration ! C’était un immense plaisir de pouvoir préparer cette interview avec toi et d’avoir l’opportunité de faire découvrir ton nouveau texte : Un Rêve.

Je ne doute pas un instant que tu continueras à nous faire voyager dans ton univers comme tu le fais si bien et pour longtemps encore. Ta Toile n’a pas fini de s’étendre, c’est certain : je te souhaite le meilleur pour la suite !

Et un grand merci à vous, fidèles lecteurs et lectrices ! En espérant que vous ayez passé un agréable moment devant votre écran, je vous dis à la prochaine pour une nouvelle interview !

Gardez vos plumes affutées,

Slyth

Les perles de PA

Perles du forum Plume d'Argent :

Parce que des plumes qui papotent ensemble sur un forum dédié à l'écriture, ça vaut souvent le détour, nous vous proposons un aperçu de ce que cela peut donner. Voici les petites perles que nous avons sélectionnées pour vous dans ce numéro... 


 



« Du coup, ben, j'ai pas de rituel. Enfin, sauf si on exclut les espèce de tapotages bizarres qui donnent des "gfgfgfgfgfgfgflqlqvjebvkzbvkjdbe" sur quelques lignes, que je finis par effacer. Sans oublier l'espèce de maniaquerie qui me pousse à soigner la mise en page même avant d'avoir une histoire qui tienne la route. Bon ok ça c'est pas des vrais rituels.  Parfois je mets de la musique, mais c'est seulement quand elle correspond pile avec l'ambiance que je me fais du roman, et surtout pas de paroles en français, ça me déconcentre totalement. En général je préfère le silence. » 
 

Eryblack : sur le topic "Rituels, usages et/ou nécessité" Lun 23 Sep 2013

« CET, lundi : Raaaaah, ce jeu !
CET, mardi : Ce jeu, il me gonfle grave.
CET, mercredi : Ah mais c'est pas possible, là, je ne DEVAIS pas perdre !
CET, jeudi : Ce jeu m'énerve, ce jeu m'énerve, ce jeu m'énerve.
CET, vendredi : J’ARRÊTE CE **** DE JEU DE **** ! JE N'Y JOUERAI PLUS JAMAIS !
Samedi, CET se met devant l'ordinateur pour lancer le jeu. 

Cricri : Tu ne disais pas que tu n'y jouerai plus jamais ?
CET, dans un grommellement : Je n'y jouerai plus jamais, HIER.
»

Cristal : sur le topic "CET et Cricri" Sam 2 Mars 2013

« Moi, je suis Andrew Torvucci. Votre pire cauchemar. Et oui. Il boit. Il mange gras. Et pire encore : il est mal rasé. Behold the Torvucci, nightmare of them all ! »

Torvucci : sur le topic de présentation : Torvucci  Dim 29 Sep 2013
 

« Si la volonté y est, c'est le principal, Ery. Et puis, la grenouille est très contente que tu aies aimé son délire à base de batraciens à trois pattes.  »

Sej : sur son journal de bord, "L'antre des Champidents" 2 déc 2013

« J'aurais tendance à te dire (parce que je suis une vilaine hérétique)... écris ce que tu aimes, sans trop te prendre la tête avec ce qui est un cliché ou pas, ce qui est original ou pas. Si tu le fais avec passion, ça passera toujours ! » 

Beatrix : sur le journal de bord de Jowie "The Jowie-Journal"
 
Citations d'auteurs du site Plume d'Argent :

Vous les avez lus, peut-être commentés, et sans doute vous-êtes vous dit au fil de vos réflexions que certains passages mériteraient d'être cités dans des conversations hors contexte, juste pour la beauté des mots et des phrases savamment agencées ? Retrouvez dans ce numéro quelques citations qui ont retenu notre attention ce mois-ci, et n'hésitez pas, pour les parutions futures, à nous transmettre vos propres suggestions ! Elles n'en seront que mieux appréciées ! 

« Peu après, un concert de quatre voix s’engage sur des trémolos parfois en accord, souvent discordants. Chacun prie la divinité qui lui semble la plus adéquate, tous sont unis dans leur désir d’attirer la clémence céleste. Les minutes s’écoulent. Les prières s’intensifient. Les mages de Péra tombent dans l’extase, les yeux exorbités sur des réalités supérieures, selon les pratiques de leur temple. Atalas se frappe la poitrine, s’arrache les cheveux pour apitoyer Varbog. Gram se dandine sans arrêt, invoque Helinduska et Tribog, ainsi que le reste du Panthéon. »

Aylaine dans La Légende de Losain
 
« Je ne trainai pas sur la toile. Je commençais à avoir mal aux yeux. Je déposai mon casque sur son support et me passai le visage sous l'eau fraiche. Il n'y avait pas qu'aux yeux que j'avais mal. Mon corps tout entier se plaignait. J'examinai mes bras, mes coudes et mes genoux. Rien. Pas un bleu, pas une trace, pourtant le roulé-boulé avec Eo n'avait pas été une partie de plaisir. Je me regardai dans le miroir de la salle de bain, inquiète. Quelles pouvaient bien être les conséquences de mes souffrances physiques d'ALE dans la réalité ? Ils avaient trouvé le moyen de me faire croire que j'avais mal. N'étaient-ils pas en train de manipuler mon cerveau ? Cette question existentielle resta en suspens, j'avais trop besoin de dormir. J'en discuterais avec Eo.  »

Sophinette dans ALE (Alternative Life of Experience)
 
« Elle n'était pas prisonnière. L'ennemi à forme masculine l'avait lâchée d'étonnement dès ses premières paroles. Mais Ayleen entendait bien leur faire comprendre qu'elle ne les craignait pas, malgré toutes les horreurs qu'on leur attribuait. Elle avait l'intention de rentrer chez elle et rien ne saurait l'en empêcher. Des parasites de leur espèce, il fallait savoir être durs avec eux afin de les mater. Si l'on se montrait suffisamment impressionnant, fort, ils devraient se montrer dociles. Et effectivement, les yeux de la gamine semblaient à présent montrer du respect, en même temps qu'une indicible tristesse qui laissa la jeune femme totalement indifférente. Toutefois, on ne pouvait pas en dire autant des prunelles bleu-gris du garçon : une fois la surprise passée, il parut tout d'abord agacé de s'être fait traiter de cette manière puis, étrangement, sembla se mettre à réfléchir.  »

Slyth dans Une vie de Château


« Framke ne le savait que trop, mais elle refusait de l'entendre. Elle se blottit contre lui, essayant de ressentir chaque parcelle de sa présence, la chaleur de son corps, les os qui pointaient à travers la chair vieillissante et les haillons, l'odeur douceâtre qui émanait de lui et qui témoignait de sa difficulté croissante à se maintenir propre, mais qu'elle ne pouvait trouver désagréable parce que c'était aussi un peu de lui-même. Le bras maigre encerclait ses épaules, avec un reste de vigueur qu'il puisait dans le brasillement de sa tendresse. Au-dessus d'eux, une nuée passa, obscurcissant la tache de soleil qui baignait la terrasse. La fraîcheur soudaine lança un frisson dans la carcasse de Fridrik. »

Beatrix dans L'Héritage de l'Exploreur

« Le retour sur Anörre fut brutal et douloureux. Partie humaine, Sierra retomba dans l’herbe sous la forme d’une boule de fourrure confuse. Désorientée, elle choisit avant toute chose de mettre de côté l’énoncé du Choix. L’heure n’était pas aux devinettes et elle constata qu’une légère pression enserrait encore son corps tout entier. Lorsqu’elle se redressa, son poids fut accueilli non pas par deux jambes, mais par quatre pattes massives. Puis elle porta une attention toute particulière à sa colonne vertébrale, interminable, surmontée d’une queue qui lui semblait finalement aussi gênante que sa robe précédente. Celle-ci avait par ailleurs été avalée par une abondante fourrure d’ébène. Sa vision nocturne flambant neuve lui offrait un panel de couleurs chaudes qu’elle n’aurait jamais pu rêver voir sous forme humaine. Son ouïe était devenue si précise qu’elle sentit ses oreilles se redresser au moindre son. »

Sierra dans Ulfur

La Galerie des Plumes



Beatrix (illustration au crayon noir et crayon-craie
de l'Héritage de l'Exploreur, Framke sur la "Lanterne")
Site web : http://lacroiseedesmondes.hautetfort.com


Diogene (illustration au crayon du Voyageur sans Âmes, l'homme au Tricorne)


Shaoran (Illustration par modélisation 3D
des Cinq Terres Oubliées, la galerie de dragons)
Site web : http://sushipremier.blogspot.fr









vendredi 27 décembre 2013

Les nouvelles pérégrinations culinaires


La soupe de potimarron de Solenne 

Prenez un potimarron bien rond et bien satiné, orange et charnu, dont la grosseur équivaudra à un ballon de hand-ball pour nourrir quatre convives.

Rendre cette soupe aussi sublime que surprenante sera votre défi. Cueillez de belles carottes pour environ un quart de la valeur de chair du potimarron, un bel oignon jaune, achetez un bon morceau de gingembre chez votre épicier préféré et centrifugez la valeur d’un grand verre de jus de poire. Pour la touche finale, si vous n’avez pas le temps de cueillir quelques châtaignes en forêt, prenez les en bocal de verre, tout pelés chez le marchand. Et puis une bonne dose de crème fraîche pour finir rendra votre soupe d’une douceur inégalable. Il va sans dire qu’il faudra assaisonner de sel, de poivre et d’un peu de muscade aussi.
 
Avec tout ça, vous avez tous les ingrédients pour une soupe sublime et originale.
 
Enfilez votre tablier, déliez vous les doigts, mettez un peu de musique entraînante et c’est parti !

C’est dans une cocotte en fonte que la merveille sera la mieux logée. Après avoir enlevé les pépins du potimarron avec une grosse cuillère, il suffit de le couper en morceaux. Ne vous embêtez pas à peler la peau, elle se cuit très bien avec la chair. Mais tout d’abord, il faut émincer l’oignon et le faire fondre dans un peu d’huile d’olive. Vierge Extra, l’huile ! Oui, il est important d’utiliser une très bonne huile de première pression, et traitée ici pour supporter la chaleur. Normalement, c’est écrit sur l’étiquette : «friture et assaisonnement». Avant que l’oignon ne soit blondi, on y ajoute une cuillère à café de gingembre frais émincé. Humez un peu cette bonne odeur à la fois douce et acidulée ! Cette racine vous émoustille les sens. Ensuite, on ajoute les carottes en rondelles. On tourne, on mélange bien et on couvre d’un couvercle tout en laissant cuire sur feu moyen à doux pendant trois-quatre minutes. Puis, on ajoute les morceaux de potimarron et on fait de même. Là, on cuit à couvert pendant une dizaine de minutes jusqu’à ce que les légumes se soient un peu attendris. Attention, le feu doit être doux. Il ne faut pas que ça attache.

Le tout bien mélangé encore, on assaisonne de gros sel marin, de poivre du moulin et de muscade râpée, puis on verse de l’eau chaude dessus jusqu’à recouvrir tous les légumes. Il faut encore quinze minute pour que les légumes soient cuits à cœur. Là, vous allez ajouter un bon gros verre de jus de poire fraîchement centrifugé. Cela va apporter de la douceur qui compensera l’acidité du gingembre et se mariera à merveille. On laissera mijoter deux-trois minutes encore, puis il faudra mixer. Au mixer bâton, c’est le plus pratique. Mixer bien finement pour rendre la soupe onctueuse.

Et pour finir, on y ajoutera les châtaignes entières et une grosse cuillère de crème fraîche. Deux minutes sur le feux et c’est prêt !!




Vefree

mardi 15 octobre 2013

Editorial

 
Bienvenue pour un nouveau numéro du PAen, le journal écrit par des plumes pour des plumes. Toute l'équipe remercie chaleureusement Valentine, libraire chez l'Arbre à lettres, pour avoir répondu aux questions de notre intervieweuse !

Pour cette formule nationale du 15 octobre 2013, vous trouverez au programme :

- À vos claviers : Dragonwing sélectionne les concours et les appels à texte du moment.
- Dessine-moi une Plume : Saïph s'est penchée sur le monde foisonnant de Laurent Gapaillard.
- Citations d'auteur : Shaoran donne la parole aux grands classiques.
- Les Inspirateurs : L'épée, beaucoup plus qu'une arme : Saïph en apporte la preuve.
- Paroles de Pro : Shaoran a interviewé pour vous une libraire parisienne !
- Spécial Festival du livre : Cristal fait le compte rendu du Salon du livre de Mouans-Sartoux.
Une version PDF du PAen est téléchargeable ici !
Astuce : Faite un peu défiler la page qui s'affiche et cliquez sur

Vous y trouverez des contenus bonus, alors pourquoi vous en priver ? Toute l’équipe vous souhaite une bonne lecture !


Cristal et Saïph, rédactrices en chef

À vos claviers

Nom d’une manivelle, mais que se passe-t-il dans le petit monde des appels à texte ? Ce trimestre-ci, les aficionados du steampunk devraient trouver leur bonheur ! Mais que les autres se rassurent, il y en a pour tout le monde : de l’adepte du polar à l’amoureux de la mer, en passant par notre allié à tous, notre saint Graal, notre seconde moitié : le papier… Quel thème pourrait être plus approprié pour les plumes que nous sommes ? En ce mois d’octobre, voici pour vous ma nouvelle sélection de concours et d’AT !



[Appel à Textes] imaJn’ère 2014
Lien : http://www.phenomenej.fr/news/imajn_ere/concours-de-nouvelles-imajn-ere-201…
Organisateur : L’association imaJn’ère.
Genres littéraires : SFFF (science-fiction, fantasy et fantastique) OU Polar. Il s’agit de deux appels à textes mutuellement exclusifs.
Thème : Le texte doit se dérouler entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe.
Longueur : Maximum 25 000 signes (cette limite est flexible).
Modalités de soumission : Pas de frais de participation. Envoi par mail.
Date maximum de soumission : 30 novembre 2013.
Bénéfice : Publication sans rémunération dans une anthologie. L’auteur recevra trois exemplaires du recueil et 30% de réduction sur tout exemplaire supplémentaire. Il conservera tous droits sur son texte.

[Appel à Textes] A voile et à vapeur
Lien : https://avoileetavapeur.wordpress.com
Organisateur : Les Editions Voy’el, pour leur Collection Y.
Genre littéraire : Uchronie à veine steampunk.
Thème : Le texte doit mettre en scène au moins un personnage homosexuel, bisexuel, pansexuel ou transsexuel.
Longueur : Maximum 50 000 signes.
Modalités de soumission : Pas de frais de participation. Envoi par mail.
Date maximum de soumission : Appel à textes permanent !
Bénéfice : Publication dans une anthologie annuelle au format numérique.

[Concours] Concours de la Nouvelle Maritime
Lien : http://escales-de-binic.over-blog.com/article-reglement-du-concours-des-esc…
Organisateur : Les Escales de Binic, festival du livre de la mer et de l’aventure.
Genre littéraire : Tous.
Thème : « Je connais cet horizon ».
Longueur : Maximum 10 pages.
Modalités de soumission : Pas de frais de participation. Envoi double : par mail et par courrier en 3 exemplaires.
Date maximum de soumission : 31 décembre 2013.
Bénéfices : Les textes des 5 lauréats ainsi que celui du prix des moins de 18 ans seront publiés dans un recueil collectif. De plus, les trois meilleurs textes recevront des dotations respectives de 500, 250 et 150€ ; le prix des moins de 18 ans recevra une dotation de 100€.

[Concours] Tu Connais la Nouvelle ?
Lien : http://www.tuconnaislanouvelle.fr/index.php?page=concours-de-nouvelles
Organisateurs : L’association « Tu Connais la Nouvelle ? » et la ville de Saint-Jean-de-Braye.
Genre littéraire : Tous.
Thème : « Papier(s) ».
Longueur : Maximum 10 000 signes.
Modalités de soumission : Frais de participation de 10€ payables par chèque. Envoi par courrier en 2 exemplaires.
Date maximum de soumission : 10 janvier 2014.
Bénéfices : Les trois grands prix recevront des dotations respectives de 400, 350 et 225€. En outre, les trois textes primés seront édités dans un recueil aux côtés d’auteurs nouvellistes reconnus.

A vos claviers !

Dragonwing

Dessine-moi une plume


Cette année, l'été n'est pas venu seul. Dans les librairies, attendue et chassée par une foule de fans éperdus, la Passe-miroir a été photographiée aux quatre coins de la France. Cette couverture représentant la Citacielle avec moult détails nous a tous fait revivre les instants magiques où Ophélie découvre la capitale du pôle. Mais avez-vous été assez curieux pour aller en quatrième de couverture et connaitre le nom de l'illustrateur ? Non ?



 

L'artiste du jour :

 
 
Aujourd'hui nous parlerons des travaux détaillés et vertigineux de Laurent Gapaillard.

L'homme :

Laurent Gapaillard a fait ses études de graphisme à l'école Met de Penninghen (ESAG) sur Paris puis a complété sa formation par une année à l'école du Louvre. Par la suite, il a travaillé sur des projets de séries et de films d'animation pour lesquels il a conçu et dessiné des décors. D'un point de vue illustration pure, Laurent Gapaillard a œuvré avec l'auteur Bertrand Santini sur "le YARK" aux éditions Ricochet-jeunes, puis sur la couverture des "Fiancés de l'hiver" aux éditions Gallimard jeunesse.

L'artiste :

Avant d'aller lire ce qui suit, je vous invite d'ores et déjà à observer son travail. Le premier point omniprésent est l'architecture qui mélange le vertige de la perspective, la profondeur des ombres, l'imaginaire mais en même temps une touche de réalisme qui donne envie d'y croire. Le goût de la texture et de la minutie donne aussi un côté fascinant aux illustrations. Une envie d'immersion.

L'autre élément qui me surprend beaucoup est le point de vue du dessin. Le plus souvent le dessinateur semble au-dessus du sujet, donnant ainsi ce côté instable, en suspension, comme si cela sortait de ses rêves et qu'il flottait au-dessus. L'immersion est donc assurée. De plus, la multitude de clins d'œil culturels évoque le passé aussi bien que le futur. Tout se mélange et malgré cela, chacun trouve son compte et sa part de rêve.





Je vous invite donc à aller fouiller aussi bien son blog que le site des agents associés.

Votre dévouée,

Saïph

Citations d'auteur

« Dans la vie on ne fait pas ce que l'on veut mais on est responsable de ce que l'on est. »

De Jean-Paul Sartre


« Enfer chrétien, du feu. Enfer païen, du feu. Enfer mahométan, du feu. Enfer hindou, des flammes. A en croire les religions, Dieu est né rôtisseur. »

De Victor Hugo dans Choses vues


« Le seul moyen de se délivrer d'une tentation, c'est d'y céder. Résistez et votre âme se rend malade à force de languir ce qu'elle s'interdit. »

D'Oscar Wilde dans Le Portrait de Dorian Gray


« Ne dites pas de mal du temps qu'il fait, s'il ne changeait pas, neuf personnes sur dix ne sauraient pas comment engager la conversation. »

De Charles Dickens


« L'espérance, c'est sortir par un beau soleil et rentrer sous la pluie. »

De Jules Renard dans Journal

Les Inspirateurs

Après la mythologie grecque et les éléments, je vous propose d'aller voir de plus près le monde de l'épée. Plus qu'une arme, cet objet fait partie de nos rêves d'enfant comme de notre passé. Cependant, devant l'étendu du sujet, je ne vous parlerai que de son anatomie et de son histoire jusqu'au Moyen-âge. Le reste fera l'objet d'un prochain article.

"L'épée, une arme qui répond à un besoin militaire et physique."

Qu'est-ce qu'on attend d'une épée ? Tout d'abord des critères liés à sa maniabilité. Il ne faut pas oublier que c'est une arme avant d'être un objet de légende. Une épée se doit d'être légère afin d'être maniable. De cela dépend l'espérance de vie lors d'un combat. Ainsi, une épée à une main pèsera environ 1 kg, et environ 2 kg pour une épée à deux mains. Oubliez donc le cliché de l'épée de 10 kg, ce n'est absolument pas réaliste. Cela me permet d'aborder un autre critère important : la lame. Elle se doit d'être relativement souple afin de mieux absorber les coups. Si ce n'est pas le cas, vous risquez de briser votre arme comme de vous traumatiser les articulations. Ce serait dommage d'être mis en échec par votre propre corps alors que vous avez affronté les pires ennemis que la Terre puisse porter. Un dernier critère et pas des moindres : l'épée doit être tranchante voire piquante. Avec une épée émoussée il va être plus difficile de remporter un tournoi comme un duel judiciaire.



"L'épée, une arme complexe mais équilibrée."

L'épée, c'est tout d'abord trois grandes parties. La garde (I), la lame (II) et le fourreau (III). Le fourreau est indissociable de l'arme car il protège le tranchant de ce qui pourrait l'endommager tout comme son porteur. Il serait fâcheux de se blesser avec sa propre arme.

Détaillons chacune de ces parties :

I. La garde.

Pommeau (1) : À la fois utile comme contrepoids pour assurer l'équilibre, il est aussi indispensable pour assommer un adversaire qui se serait avancé trop près.

Fusée (2) : Il se trouve que la lame se prolonge en s'affinant (la soie) afin de tenir ensemble chaque pièce de la garde. Pour ne pas avoir la main directement en contact avec le métal, on l'habille de cuir ou, si on a les moyens, de bois, corne, etc.

Quillons (3) : Une pièce salutaire de l'épée. Cela permet à la main de ne pas déraper en cas d'estoc, mais aussi de protéger la main si l'arme de l'adversaire venait à glisser en direction de vos phalanges. Éventuellement, les quillons peuvent servir d'arme à eux seuls. Il est bon de savoir que si vous êtes apprenti escrimeur, ce sont vos poignets qui souffriront au début de la piqure sèche de ce bout de métal.

Chappe (4) : C'est une pièce de cuir qui protège la lame de l'eau en faisant joint avec le fourreau quand l'épée est rengainée.

II. La lame.

Le double tranchant (7) : Contrairement au sabre ou au fauchon, l'épée a un double tranchant. Cette lame va être plus fine et tranchante au bout (8) que l'on appelle "le faible". Pourquoi le faible ? Eh bien, essayez de parer une attaque avec le bout de votre arme, vous comprendrez vite que même avec des muscles puissants, ce n'est pas possible : le "bras de levier" est trop important. Rassurez-vous, je vous ai vanté une arme équilibrée, alors s'il y a un faible, il y a un fort (5). Plus près de la garde, il devient aisé de parer les coups de l'adversaire. Voila une autre raison d'avoir des quillons.

La gorge (6) : Son utilité est double là encore, mais la deuxième n'est pas entièrement prouvée. Tout d'abord, cela permet d'alléger l'arme et d'améliorer sa résistance. Sinon cela permettrait d'évacuer le sang de l'adversaire. Et oui une épée c'est avant tout fait pour tuer, il ne faut pas l'oublier trop vite.

Il ne reste plus qu'à vous présenter l'arrête (9) et la pointe (10) très utile pour aller piquer son adversaire.

"La naissance de l'épée remonte à l'âge de bronze"

Dans la première moitié du IIème millénaire avant J.C., on retrouve la trace d’objet assimilables à des poignards plus qu’à des épées. Il faut attendre l’âge du Bronze moyen pour que les premières armes ayant la proportion suffisante pour être qualifiées d’épées apparaissent. On les obtenait d’un seul tenant en coulant le bronze dans un moule de pierre.

Age du Fer

La longueur d’une lame d’épée au début de cette période est d’environ 60cm. Il s’agit d’une arme polyvalente, de taille et d’estoc, utilisée aussi bien par les cavaliers que les fantassins. À l'abandon du char, l’épée devient l’arme principale du cavalier et subit des évolutions de forme : sa lame s’allonge et perd sa pointe pour permettre la taille.

Période romaine

Au premier siècle avant J.-C., sa morphologie est la suivante : bout arrondi et une lame de 90cm environ. Toutefois, les Celtes de la péninsule ibérique conservent l’épée courte, d’où viendrait probablement le glaive. A l’époque de l'empereur Auguste, le légionnaire dispose de l’équipement suivant : une lance et un pilum pour le combat à distance, un glaive et un poignard pour le corps à corps. L’épée longue (spartha), issue de l’armement de l’auxiliaire, supplante le glaive au IIème siècle après J.-C. et continue d’être utilisée avec peu de modifications jusqu’au début du Moyen-âge.

Moyen-âge

 
 
Au début du Moyen-âge, nous héritons donc d'une lame à la gorge large, des tranchants effilés parallèles ou presque et une pointe peu prononcée. Les frappes de taille sont donc avantagées. La lame de l’épée s’accroît progressivement en corrélation avec les évolutions techniques du bouclier. Outre la lame plus longue, la gorge se rétrécit, la garde se développe en envergure et s’incurve vers la lame. En parallèle à ces évolutions techniques, on commence à voir apparaitre dans la littérature les premiers termes d’escrime.

Au XIIIème siècle, certains écrits mentionnent les coups d'estoc, synonyme d'une pointe plus fine et d'un alliage plus solide.

Au XIVème siècle, la forte arrête médiane apparaît, tout en conservant bien sûr les capacités de coupe de la lame. La section losangique de celle-ci permet une meilleure technicité des tranchants. Selon l’usage, l’arme est soit destinée à l’escrime, soit (et surtout) pour abattre un homme en armure.

Nous voila arrivés à la fin de ce voyage. J'espère que cela vous a ouvert de nouvelles perspectives ou une meilleure compréhension de vos lectures.

Saïph

Paroles de Pro

Coucou les plumes,
Pour ce nouveau numéro du Paen, j’ai décidé de sortir des sentiers battus en vous proposant de découvrir un point de vue différent de ceux que l’on vous présente d’habitude à travers les témoignages d’éditeurs. En effet, aujourd’hui nous mettrons à l’honneur les librairies. Et une en particulier.

Niché au cœur de la forêt bétonnée des habitations parisiennes, se cache un arbre tout particulier qui un jour a troqué bois et sève contre la magie de l’encre et du papier. Il est alors devenu « L’Arbre à Lettres », une librairie de proximité qui, a contrario de nombre de ses frères et sœurs dont nous ne citerons pas les noms, ne se contente pas de vendre des livres. Sans attendre, rentrons donc tout de suite dans le vif du sujet :


1/ L’arbre à lettres, c’est une librairie parisienne qui se revendique avant tout comme un lieu de convivialité et de partage où l’imaginaire est roi et le conseil précieux. Un service humain qui fait toute la différence. Pensez-vous qu’à l’heure d’internet et du tout numérique, cette démarche soit une nécessité pour la survie des librairies classiques ?

• Oui, je pense qu'elle est primordiale. Avec ces nouvelles valeurs technologiques, la nostalgie du contact humain et de la proximité sont en hausse. Les gens utilisent de plus en plus de moyens de communication distants, et prennent l'habitude de faire leurs courses, leurs rencontres via des sites web. L'Arbre à Lettres est une librairie de quartier, riche de client habitués, et connue pour les bons conseils de ses libraires. On peut voir avec la triste fermeture des centres Virgin que les clients ne souhaitent plus de "supermarché" de la culture, mais plutôt un magasin où les conseils et les connaissances sont rois. Avec ma spécialisation, la jeunesse, le conseil et le coup de cœur sont nécessaires. Je lis sans arrêt et regarde les albums afin de prodiguer les meilleurs retours aux clients. Je suis loin d'être avare avec mes coups de cœur, car j'aime savoir mes clients autonomes, mais j'aime aussi conseiller et renseigner grands-parents, parents, oncle, tantes, amis et les enfants eux-mêmes.


2/ Vous devez fréquemment recevoir la visite des commerciaux des valeurs sûres de l’édition qui arrivent avec leurs best-sellers en devenir, mais qu’en est-il pour ce qui est des maisons d’éditions plus modestes ? Comment choisissez-vous les ouvrages de votre catalogue ? Qu’attendez-vous d’un livre ?

• En effet, nous voyons des représentants toutes les semaines. Ceux-ci nous présentent leurs catalogues et argumentent pour leurs livres. Je veille à avoir tous types d'albums et de romans en rayon. Des best-sellers, évidemment, mais aussi des premiers romans, des albums de type classique de Gallimard et des "albums à message" de Rue du Monde par exemple. Beaucoup de petits éditeurs (Courtes et Longues, Billeboquet, Frimousse, Alice...) proposent des albums au graphisme particulier ou aux sujets graves qui ne correspondent parfois pas à notre clientèle. J'essaie de choisir des livres de types différents qui me plaisent ou plairont à mes collègues et surtout à nos clients.


3/ Quelles difficultés rencontrez-vous le plus souvent ?

• Les gens braqués que sur leurs idées!!!!!!! Ils veulent un roman sur le football, sur les chevaux ou encore une belle histoire d'amour, et rien d'autre! Si nous n'avons pas de titres qui correspondent en rayon, on est foutu! Il est très frustrant de ne pas pouvoir combler un client par manque de titres ou par manque de curiosité. Sinon, le travail avec un représentant est souvent dur pour moi, car il faut prendre un "pari" sur un livre avec, parfois, très peu d'informations. Je rajouterai que lorsqu'on côtoie sans arrêt de belles couvertures et d'alléchants résumés, il est difficile de faire un choix ou de se résoudre à ne pas lire un roman par manque de temps.


4/ En tant que libraire, vous êtes l’ultime maillon entre l’auteur et le lecteur. A ce titre, vous devez bien connaitre les envies des lecteurs, arrive-t-il aux maisons d’éditions de vous demander votre avis sur les nouvelles tendances ?

• Jamais. Ce sont eux qui crée la tendance! Pocket a sorti Hunger Games il y quelques années, et depuis, la dystopie fleurit. Pareil pour la saga Twilight. Les éditeurs produisent, ils savent que les adolescents aiment lire des romans de mêmes thèmes et de mêmes structures. Ma collection pour adolescent préférée est "Scripto", chez Gallimard. Ils publient beaucoup de romans historiques, souvent à thèmes difficiles, comme "Max" qui parle du nazisme du point de vue d'un enfant arien ou comme "La Décision", magnifique roman sur le déni de grossesse. J'aime ces thèmes à contre-courant. Il m'arrive quand même souvent de parler d'une collection ou d'un roman avec mes représentants. J'ai également déjà rencontré les éditrices de la collection MSK chez le Masque, par exemple, qui m'ont présenté leur ligne éditoriale et se sont intéressées au goût de mes clients.


5 / Une fois un livre choisi, commandé et arrivé dans votre librairie tout en encre et en papier, comment se déroule la phase de promotion ? Vous arrive-t-il d’organiser des séances de lecture comme cela se pratique aux USA, ou des séances de dédicaces, ou l’auteur doit rester un inventeur mystérieux tapi dans l’ombre de ses pages ?

• Un inventeur mystérieux tapi dans l'ombre de ses pages... Très belle formule! Il nous arrive de faire une rencontre avec des auteurs. Depuis que je travaille à l'Arbre à Lettres, j'ai surtout rencontré des auteurs de littérature adulte. Nous avons quand même invité Geronimo Stilton et une écrivain et dessinatrice célèbre, Gerda Müller, viendra signer chez nous fin octobre. Un de mes buts à long terme et d'organiser plus de rencontres avec des illustrateurs et écrivains pour enfants et adolescents. Mon rêve ultime serait de recevoir Jean-Claude Mourlevat, mon idole! Je suis "pour" la rencontre auteur-public. L'auteur doit être disponible, selon moi, pour partager son travail et répondre aux questions de ses lecteurs.


6/ Christelle Dabos, l’auteure de la Passe-Miroir et gagnante du concours premier roman de Gallimard est à l’origine une perle du net. Envisageriez-vous de travailler un jour en collaboration avec des auteurs du web qui s’auto-publient afin de promouvoir ces talents issus des nouvelles technologies ? Est-il possible à votre échelle de commercialiser de tels ouvrages ?

• Il m'est difficile de vous répondre, car c'est notre gérant qui s'occupe de ces cas-là. Mais nous sommes toujours d'accord de voir un livre et il nous arrive de prendre des titres en dépôt.


7/ Avec l’avènement des tablettes tactiles et autres liseuses, le livre a changé, troquant son encre et son papier contre un format électronique que d’aucuns trouveront plus pratique. Que pensez-vous du livre numérique ?

• Je ne suis pas contre les nouvelles technologies, elles ont des avantages comme le gain de place ou le prix. Cependant, pour moi, rien ne peut remplacer l'"objet livre" et le papier. J'aime voir mon avancée dans un roman, revenir en arrière, et sentir les pages qui ont toutes des odeurs différentes. Je suis une amoureuse, que voulez-vous!


8/ Quel conseil donneriez-vous aux jeunes auteurs qui souhaitent tenter leur chance auprès des maisons d’édition ? Quels sont les pièges à éviter ?

• Ne pas aller vers des éditions Internet, par exemple. Celles-ci sont souvent éditées à compte d'auteur donc les librairies ne peuvent pas les commander, les titres ne se trouvent que via le site web. Il faut également bien se renseigner sur les lignes éditoriales des maisons d'éditions. Par exemple, MSK du Masque ne publie presque que des thrillers ou de la fiction, Doado au Rouergue publie principalement des récits initiatiques ou de vie, etc... Finalement, il est primordial de ne pas se décourager. Même s'il est parfois difficile d'entendre des critiques sur son oeuvre, son "bébé", il ne faut pas hésiter à retravailler son style, sa syntaxe, sa structure, et à persévérer! Pensez à Christophe Mauri qui a envoyé son premier manuscrit à Gallimard à l'âge de treize ans et qui a fini par publier à vingt-deux ans l'excellent Mathieu Hidalf!


9/ Enfin, pour finir sur une note plus originale, quelle est la requête la plus incongrue que l’on vous ait soumise ?

• Alors ça... Il y en a des tonnes à raconter! Il y a d'abord ce qu'on appelle des "Perles de Librairie", c'est à dire les jolies fautes ou 'emmêlage" d'étudiants ou de parents (comme La Banquette de Platon, Germinable, Le Cidre de Corneille, Cyrano de Bergerac de Molière... Que du véridique!) Sinon, j'ai de nombreux clients qui me demandent, lorsque j'emballe un livre dans du papier cadeau, de laisser un côté ouvert afin qu'ils le lisent avant... Je ne me suis toujours pas habituée à ça! Finalement, voici une de mes plus belle perle, d'il y a six mois:

Une cliente me demande le livre du fils de "celui qui a écrit Les Voyages de Gulliver". Sur le coup, je suis sonnée, je ne connais pas de fils écrivain à Jonathan Swift. Directement, je panique un peu et recherche sur Wikipedia et Internet afin de répondre au plus vite à ma cliente. Elle s'impatiente et me dit sèchement que je devrais le connaître car il connait un franc succès avec son dernier livre. Arrêt "Euh... Madame... Vous savez que Jonathan Swift est mort au 18ème siècle?" Elle cherchait Graham Swift, qui n'a aucun lien avec Jonathan.


10/ Allez une dernière pour la route ! Nous n’avons jamais visité les coulisses cachées d’une librairie : aimeriez-vous nous parler d’une ou plusieurs activité(s) mal connue(s) du public et qui participe(nt) au charme de cette profession ?

• La librairie est un métier qui prend beaucoup de temps. On lit le soir ainsi que pendant nos congés. Il est difficile d'être libraire à moitié, car c'est un état d'esprit. Parlons des rencontres avec les éditeurs! Depuis neuf mois, j'ai assisté à quatre rencontres éditeurs, que ce soit pour parler d'un roman d'adolescent qui a bouleversé ses éditeurs (Nos Etoiles Contraires, Nathan), pour le programme de Noël (Bayard) ou pour le vernissage du dernier album d'un célèbre illustrateur (Marc Boutavant pour Edmond, la fête sous la lune) On y croise des journalistes ou d'autres libraires de milieux complètement différents, on partage, on débat... Ce sont des moments très enrichissants.

Et voilà Plumettes et Plumeaux, c’est déjà fini. Nous remercions chaleureusement Madame Valentine pour sa participation et ses réponses vraiment intéressantes. Pour celles et ceux qui souhaiteraient découvrir plus en détails ce fameux arbre si particulier, je vous invite à consulter leur site internet : http://www.arbrealettres.com/

A bientôt pour un nouveau Paroles de Pros. C’était Shao déjà en quête d’interviews inédites.


Shaoran

Spécial Festival du Livre de Mouans-Sartoux



Vendredi 4 octobre 2013 - 9h30. Ici Cricri, votre dévouée plumeporter, envoyée en mission spéciale au Festival du Livre de Mouans-Sartoux. Je viens de retirer mon badge à l’accueil. Je vais profiter de ma couverture d’auteur pour pénétrer dans les coulisses de l’espace Jeunesse et vous révéler comment se passe un événement du genre, vu de l’autre côté des stands.


Le Festival a investi le centre ville de Mouans-Sartoux. À ciel ouvert, ce sont les marchands de livres d’occasion qui se sont installés sur chaque pan de trottoir. Tandis que je cherche l’espace Jeunesse où je dois me rendre, je vois déjà défiler un nombre impressionnant de vieux livres. Le temps est dégagé, l’atmosphère lumineuse, la ville empreinte d’un charme ancien. Le gymnase, la médiathèque et le cinéma sont réquisitionnés pour l’occasion, mais moi, je dois aller plus loin encore. Là, j’y suis ! Un grand chapiteau blanc est pris d’assaut par des bus scolaires. Je me faufile au milieu des enfants, présente mon badge et cherche l’emplacement de mon stand.


Vendredi 4 octobre 2013 - 10h00. Voilà, je suis installée devant une forteresse de romans flambants neufs… et un tantinet dépitée. Sur le programme, j’avais vu que je partagerais le stand avec quatre autres auteurs dont il me tardait de faire la connaissance : pour le moment, je suis seule. Seule avec ma timidité d’auteure débutante. Seule devant le va-et-vient des classes qui déambulent le long des autres stands : les albums, les imagiers et les illustrateurs attirent davantage l’intérêt des enfants que les romans pour grands. Enfin non, c’est incorrect, je ne suis pas vraiment seule. Deux jeunes hommes représentent la librairie qui héberge le stand ; ce sont eux qui feront les encaissements et ils me proposent déjà de quoi boire. Je décline poliment. J’ai l’estomac noué de stress, une vraie bleusaille !

Vendredi 4 octobre 2013 - 11h00. Youhou, ça commence à s’animer ! Les institutrices m’amènent des groupes d’enfants pour qu’ils me posent quelques questions. Comment vous appelez-vous, madame ? Qu’avez-vous écrit, madame ? Quel est votre genre de roman, madame ? Vous écrivez depuis quand, madame ? Quel est votre livre préféré, madame ? Armés d’un calepin comme des mini-journalistes, ils notent consciencieusement mes réponses. Il y a parfois de drôles de quiproquo : j’ai parlé de ma fanfiction sur Harry Potter et les enfants se sont persuadés que j’étais J.K.Rowling en personne. Je fais mes toutes premières dédicaces pour des institutrices et des bibliothécaires qui m’ont lue cet été et qui m’encouragent à continuer sur cette voie. Je vais faire de mon mieux, mesdames !

Vendredi 4 octobre 2013 - 12h00. Pause déjeuner. Je quitte le chapiteau en compagnie d’un autre auteur jeunesse de mon stand, Thomas, le premier dont je fais enfin la connaissance. Le temps que nous traversions la vieille ville, j’apprends qu’il a 18 ans, que le lancement de son premier roman démarre au quart de tour et qu’il a été interviewé par TF1 la veille au soir. Mama mia, il fallait que je tombe sur un petit génie ! Il dégage une telle assurance que j’ai l’impression qu’on a interverti nos âges. Le déjeuner se déroule dans le parc du château de Mouans-Sartoux : le cadre est d’un charme fou et l’air sent bon le Midi de la France. À notre table, d’autres auteurs ne tardent pas à se joindre à nous. On échange nos premières impressions et j’ai le sentiment que beaucoup se connaissent déjà. Je manque de m’étouffer avec mon taboulé en écoutant ma voisine de gauche : elle écrit de trois à cinq romans par an ! Tout en mastiquant mon repas, je suis absolument subjuguée par ces écrivains expérimentés, drôles, bons vivants et chaleureux qui siègent à côté de moi. Je culpabilise un peu de ne connaître aucun des noms écrits sur les badges et je me promets d’être plus curieuse à l’avenir.

Vendredi 4 octobre 2013 - 15h00. Je viens de commettre mon premier cafouillage. Les visites de classe continuent et cet après-midi, ce sont les collégiens qui défilent. Certains viennent me poser des questions pour le journal de leur école, ils sont d’un professionnalisme impressionnant ! À force de répondre à des questions très simples, j’ai baissé ma garde, j’avoue. Et puis voilà, j’étais en pleine digestion, je commençais presque à somnoler, vous comprenez ? Bref, tout ça pour justifier mes inavouables bégaiements quand deux adolescentes-journalistes sont venues vers moi pour m’enregistrer sur leur iPhone : « Qu’évoque pour vous la naissance d’un livre ? » Si un auteur doit être éloquent, je crois que je viens de faire une tache indélébile sur la réputation de toute la profession. Résolution du moment : rentrer à la maison, dormir comme une souche et être plus concentrée demain !

Samedi 5 octobre 2013 - 10h00. Je commence à me demander sérieusement si je suis dans le coup. Mon camarade de stand, Thomas le surdoué, vend livre sur livre alors que je passe, moi, presque complètement inaperçue. Comment puis-je rivaliser avec ce jeune homme plein de feu, qui harponne et aimante tous les visiteurs à grandes exclamations, qui les fait rire, qui les emballe, qui les convainc que son livre est un incontournable du genre ? Cet auteur est doublé d’un vendeur dans l’âme. Moi et mes pauvres sourires, on ne fait pas le poids. Mon dieu, sont-ils tous comme lui ?

Samedi 5 octobre 2013 - 14h30. J’ai la réponse à ma question. Les autres auteurs du stand sont arrivés en cours de journée et je m’aperçois que chacun a une approche du public totalement différente. Hop, je sors mon petit carnet mental et je prends note !

Cendrine, l’une des co-auteures des déjà célèbres « Oksa Pollock », m’explique qu’un auteur doit savoir s’entourer de mystère, ne pas entrer dans une relation copain-copine avec ses lecteurs, que cette juste distance fait partie du charme de la profession. J’écoute son expérience sur les précédents salons auxquels elle a participé et je ne la sens pas tellement emballée par celui-ci. Je trouve formidable qu’elle écrive en binôme avec une autre auteure. Elles se mettent à deux pour monter une histoire, l’une écrit le premier jet d’un chapitre, l’autre l’étoffe, etc. Elle et sa partenaire ont une affinité si forte qu’en lisant le livre, on ne ressent pas deux mais une seule âme tapie derrière l’histoire.

À ma gauche se tient Philippe : c’est un auteur de best-sellers connu pour ses polars pour adultes, mais il s’est récemment lancé dans des romans d’ados (en plus soft ou en moins trash, ça dépend sous quel angle on considère la chose). Cet homme possède une douceur, une discrétion et une humilité qui l’auréolent de ce mystère fascinant dont me parlait Cendrine. Il est tout le temps en train d’écrire : quand ce n’est pas pour faire ses dédicaces, il griffonne des notes dans un beau cahier de cuir. C’est l’incarnation même de l’écrivain traditionnel.

Enfin, il y a Marilou, l’auteure de « la Lune mauve », avec qui j’ai très rapidement sympathisé. Elle a une personnalité proche de la mienne, avec une touche d’expérience en plus. J’ai su qu’on allait s’entendre dès qu’elle a renversé son verre d’eau sur la table pour la deuxième fois consécutive. Marilou, c’est l’exemple même de l’écrivain en phase avec son époque : un iPad dans une main, un iPhone costumisé dans l’autre, elle maîtrise les nouvelles technologies sur le bout des doigts. Elle n’hésite pas à donner son mail personnel à des jeunes qui lui demandent des conseils d’écriture. À moi, elle file des petites astuces pour personnaliser les dédicaces : une couleur de stylo en rapport avec le livre (mauve pour elle, en l’occurrence) et un petit tampon personnalisé. Je trouve ça trop fort ! Elle me fait part de son propre ressenti d’auteur, le stress inhérent aux attentes des lecteurs quand on écrit la suite d’une saga, le décalage entre l’avant édition et l’après édition. Je me reconnais beaucoup dans son témoignage, c’est très réconfortant.

Dimanche 6 octobre 2013 - 17h30. Le festival touche à sa fin. J’ai beaucoup gagné en assurance au fil du temps et des rencontres. J’ai pu faire la connaissance de mes lecteurs, acquis ou à venir, et mes petites dédicaces sont devenues de moins en moins tremblotantes. J’ai aussi appris à m’adapter au type de public qui s’adresse à moi : parler d’ambiance Fantasy Steampunk à une mère de famille, ça ne lui évoque strictement rien ; par contre, lui dire que mon univers est proche du « Château Ambulant » de Miyazaki, là, ça fait mouche à tous les coups ! J’ai aussi appris qu’en matière de littérature jeunesse, venir à un Salon armé d’un simple stylo noir, c’est un peu prosaïque. Les autres auteurs offraient des affiches, des marques-pages, des extraits gratis, ou faisait des dédicaces personnalisées… ça aussi, ça fait partie du rêve.


Mais ce que je retiens surtout de cette expérience, ce sont les échanges humains : des adolescents en quête d’évasion, des grands-parents qui veulent donner le goût de la lecture à leurs petits-enfants, des illustrateurs et des auteurs amateurs qui essaient de se lancer. Je me suis finalement rendue compte qu’un Festival, ce n’étaient pas les auteurs d’un côté du stand et les lecteurs de l’autre. C’est avant tout une réunion d’amoureux des livres.

Cristal

dimanche 1 septembre 2013

Editorial

L'automne approche à pas de velours : le PAen fait sa rentrée littéraire même s'il porte, entre deux pages, quelques grains de sable qui sentent encore bon l'été. Toute l'équipe remercie chaleureusement Mimi pour avoir répondu aux questions de notre intervieweuse, ainsi que Aranck, Elka, Diogène, Nascana, Neila, Sej, Sophinette pour leur contribution !

Pour cette formule régionale du 1er septembre 2013, vous trouverez au programme :

- Plume et astuce : Cristal donne son point de vue sur... eh bien... le point de vue.
- Nos Imagineurs : Slyth a interviewé l'auteure poético-mathématicienne des Ciseaux !
- Les perles de PA : parce que Plume d'Argent puise sa substance en vous.
- La galerie des plumes : des plumes avec des crayons et des pinceaux, c'est toujours quelque chose.
- Spécial IRL : la grande rencontre plumesque de l'été racontée à plusieurs voix !


Astuce : Faite un peu défiler la page qui s'affiche et cliquez sur

Vous y trouverez des contenus bonus, alors pourquoi vous en priver ? Toute l’équipe vous souhaite une bonne lecture !


Cristal et Saïph, rédactrices en chef

Plumes et Astuces

Question de point de vue

Aujourd’hui, j’ai choisi d’aborder la question du point de vue narratif, également appelé « focalisation » (oh, les vieux souvenirs de collège !). Je pense que ce sujet est d’autant plus susceptible de vous intéresser qu’il concerne n’importe lequel d’entre vous, auteur débutant ou confirmé, quel que soit votre genre littéraire ou votre style d’écriture. En effet, le point de vue est à l’auteur ce que la caméra est au réalisateur : c’est lui qui définit l’angle sous lequel est racontée l’histoire. Vous comprendrez dès lors que selon votre choix (délibéré ou pas), ça changera toute la perspective du récit. Je vais aborder ici les différents points de vue possibles, sans prétendre que l’un est meilleur que l’autre : à vous de déterminer lequel servira le mieux votre histoire !

Le point de vue omniscient

On parle de point de vue omniscient ou de focalisation zéro quand le narrateur* de l’histoire sait absolument tout sur tout de tous les personnages : leurs pensées intimes, leur passé, présent et futur, ce qu’ils font chacun de leur côté et ce même s’ils sont séparés par des milliers de kilomètres. Votre narrateur est Dieu. Dans ce genre de récit, on glisse du point de vue d’un personnage à celui d’un autre, parfois sans transition, comme si on pouvait voyager de tête en tête. Le lecteur peut même savoir des choses que tous les personnages de l’histoire ignorent ! Comme l’explique très bien la Wikiversité « aucune réalité, la plus dissimulée soit-elle, la plus complexe, la plus inconsciente même, ne lui échappe [au narrateur] et donc n’échappe au lecteur ».

Le point de vue omniscient est particulièrement intéressant quand votre intention d’auteur est, par exemple, de brosser un tableau de psychologies avec le plus d’exhaustivité possible (c’est la démarche de Balzac pour sa Comédie humaine) ou de dévoiler un monde imaginaire dans ses moindres rouages (comme Terry Pratchett le fait, avec énormément d’humour, dans les Annales du Disque-monde). En revanche, si vous maniez des récits où les secrets, les zones d’ombre ou le suspense sont des ingrédients importants, le point de vue omniscient sera à manier avec des baguettes.

* À ne pas confondre avec vous-même, auteur en chair et en os, parce que oui, l’écriture reste un acte fondamentalement schizophrénique.

Le point de vue externe
 
Le point de vue externe peut être soit neutre, soit impliqué.

Pour le point de vue externe neutre, j’ai envie de dire que c’est l’antipode du point de vue omniscient. Le narrateur reste un témoin extérieur à l’histoire (ce n’est pas un personnage) et en plus il ne connaît rien d’autre que ce qui est montré. Avec ce genre de focalisation, tout se passe comme si votre lecteur assistait à l’histoire comme à un film, sans voix off pour dire ce qui se passe dans le crâne et dans le cœur des personnages. Vous, auteur, vous vous cantonnez à décrire les actions et les dialogues, sans émettre de jugement personnel, en toute objectivité. Tout au plus, vous pouvez attirer l’attention sur telle expression du visage, sur tel geste équivoque, sur tel détail important, comme le ferait le zoom d’une caméra.

Ce point de vue est intéressant si votre démarche d’auteur est d’atteindre une objectivité totale, si l’action du récit, les faits présentés sont plus importants que la psychologie intime des personnages. Revers de la médaille : votre lecteur aura plus de mal à s’identifier à ces derniers.

Concernant le point de vue externe impliqué, la démarche est la même que ci-dessus, à cette différence près que votre narrateur prend de la consistance et s’autorise des commentaires personnels. Il ne connaît toujours pas les pensées et les sentiments intimes de vos personnages, il n’est toujours pas lui-même un protagoniste intérieur au récit, mais il raconte l’histoire en y mettant sa petite touche personnelle : ton ironique, ton poétique, ton dramatique, etc. Si je devais choisir un exemple, je citerais les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire où le narrateur (qui porte d’ailleurs le même nom que l’auteur du livre, Lemony Snicket) raconte l’histoire des trois orphelins sur un ton bien à lui : « Si vous aimez les histoires qui finissent bien, vous feriez beaucoup mieux de choisir un autre livre. Car non seulement celui-ci finit mal, mais encore il commence mal, et tout y va mal d'un bout à l'autre, ou peu s’en faut. »

Le point de vue interne

Le point de vue interne plonge directement votre lecteur dans la peau du personnage. Nous ne voyons que ce que votre héros regarde, nous n’entendons que ce qu’il écoute, nous suivons le processus de ses raisonnements et nous assistons à l’ébullition de ses émotions. Bref, toute la perception de la narration est concentrée sur la sienne. Si le point de vue interne est systématique dans les récits écrits à la première personne (« je »), il est tout à fait possible de le trouver aussi dans des récits écrits à la troisième personne : c’est ce que fait par exemple J. K. Rowling dans les Harry Potter. Si vous optez pour cet angle d’attaque, je vous conseille de l’exploiter à fond pour en tirer le meilleur jus : maintenez un bon équilibre entre le cérébral, l’émotionnel et le sensoriel afin de permettre à votre lecteur de vivre en phase avec votre héros. Vous pouvez aussi recourir à cette narration pour produire des effets de surprise, comme l’a fait Agatha Christie dans Le Meurtre de Roger Ackroyd. En effet, le point de vue interne n’empêche pas votre personnage de dissimuler des informations au lecteur, de se mentir à lui-même, d’être prisonnier de sa subjectivité : ces zones d’ombre sont autant de pistes de réflexion intéressantes !

Si un roman peut être entièrement écrit avec une seule focalisation interne, il peut également l’être avec plusieurs. N’est-ce pas alors un point de vue omniscient ? me demanderez-vous. Non, pas si vos focalisations se cantonnent à un nombre limité de personnages et que le lecteur ne sait rien d’autre que ce qu’ils savent eux-mêmes. Prenez le Trône de fer, de George R. R. Martin : un chapitre est égal à un point de vue (le chapitre porte d’ailleurs le nom du personnage dont le point de vue est adopté). Vous pouvez aussi glisser de la tête d’un personnage à un autre à l’intérieur d’une même scène, mais faites juste attention à ne pas déboussoler votre lecteur et à éviter les redites entre ce que les personnages pensent et ce qu’ils se disent.

J’aurais tendance à recommander l’usage d’un seul point de vue interne si votre récit comporte beaucoup de zones d’ombre que seul votre héros doit explorer. De cette façon, le lecteur fera chaque découverte au même rythme que lui. Si au contraire vous vous attaquez à une réalité plus vaste et plus complexe, si votre action se déroule simultanément dans plusieurs endroits à la fois, si vous vous heurtez vite aux limites d’un seul point de vue, je vous encourage à étendre la focalisation à d’autres personnages clefs.

Puis-je mélanger différentes sortes de focalisation ?

En écriture, il n’y a pas de loi, tout est possible. Certains parmi vous, dont je lis religieusement les histoires, le font déjà : pluralité des points de vues internes, une petite touche d’omniscience ici et là, un narrateur externe neutre qui apostrophe soudain le lecteur. Il n’y a pas de recette imposée, tous les points de vue se défendent (oui, bon, d’accord, le jeu de mots est de Shao, pas de moi). Je vous recommande simplement de réfléchir à ce que vous voulez mettre en lumière et ce que vous voulez garder dans l’ombre, puis d’adopter un angle de caméra en conséquence.

À présent, chers auteurs, n’hésitez pas à prolonger cette plume et astuce : quels points de vue aimez-vous adopter dans vos romans ? quelle focalisation vous a le plus étonné ? seriez-vous tentés d’essayer de nouveaux angles d’attaque ? La parole est à vous !

Cristal