vendredi 1 avril 2011

Une saison s’achève, une saison commence. Quand j’y repense, cet hiver a été plutôt calme chez nos douces plumes argentées. Oui, bon, à part la naissance d’un nouveau mouvement révolutionnaire... et à part la cérémonie des Plumes d’Or qui s’est presque transformée en orgie générale... et à part la pulvérisation du record francophone de flood sur notre forum… et à part la grande réunion musico-littéraire IRL chez Carmae dont on attend toujours les photos.

Bref, après un hiver globalement reposant, il est temps de se secouer un peu les plumes. Grand rangement de printemps ! Au placard, les pannes d’inspiration, les pages blanches et les idées qui tournent en rond. Débouchez vos stylos, chargez les cartouches ! Vous ne la sentez pas, cette fièvre littéraire qui flotte autour de vous comme un parfum euphorisant ? La nature se réveille : toute cette lumière, toutes ces couleurs, toute cette douceur, toutes ces allergies sont autant d’invitations à écrire.

Et quoi de mieux, pour donner un coup de plume à ce bel élan, qu’un nouveau numéro du PAen ? Notre petite équipe vous a réservé un cocktail vitaminé.*

Faites le plein de conseils avec bibi ! Au menu de mes Plumes et Astuces : « je suis maladroit mais je me soigne ». Vous verrez qu’une écriture fluide, ça ne coule pas toujours de source…

Faites le plein de piment avec Honey ! N’allez pas croire que la littérature jeunesse est brodée de fils blancs, oh que non. Certains auteurs nous font plonger dans des mondes si sulfureux qu’on en arrive à se poser la question : peut-on tout raconter aux enfants ?

Faites le plein de défis avec « à vos claviers » ! Appels à texte et concours à venir : c’est souvent en entrant par ces petites portes qu’on fait son entrée dans le monde de l’édition, ne l’oubliez pas.

Faites le plein de couleurs avec Saïph ! Elle vous fera pénétrer dans l’univers étrange et fascinant d’un illustrateur de Fantasy. Vous rêvez déjà d’une couverture pour votre roman ? Voilà de quoi donner de la matière à vos fantasmes…

Faites le plein de témoignages avec SecretSpleen et la ptite Clo ! L’une a interviewé pour vous une plume aux multiples facettes : vous la côtoyez chaque jour, mais connaissez-vous tous ses petits secrets ? L’autre est allée visiter les cimetières pour rencontrer la seule maison d’édition noctambule d’Europe… de quoi donner le sang à la bouche.

Enfin, faites le plein de rébellion (mais pas trop quand même) auprès de notre très narcissique et néanmoins indispensable chaton-garou ! Pour notre plus grand bonheur, Flammy continue d’éplucher les archives de Plume d’Argent à travers son journal pas intime du tout.

Sur ce, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne lecture.


Cristal, rédactrice en chef

*Le PAen décline toute responsabilité en cas d’effets secondaires indésirables (hyperactivité, insomnie, crise de folie passagère).

Plumes et Astuces

Je suis maladroit mais je me soigne

« Tes tournures sont bizarres », « je n’ai pas tout compris », « j’ai dû te relire deux fois » : quel auteur n’a pas reçu ce genre de réflexions un jour ? Qu’on soit plume débutante ou plume confirmée, avoir une écriture claire et fluide n’est pas aussi facile qu’il y paraît. C’est un travail de chaque instant, où il faut continuellement lâcher sa posture d’auteur pour se mettre dans la peau du lecteur. La forme doit parfaitement se fondre dans le fond… de même que la caméra d’un réalisateur doit être invisible aux yeux du spectateur !

Le plus difficile, c’est d’être conscient de ses maladresses et de savoir les repérer au moment d’écrire. Je vais aborder ici celles qu’on retrouve le plus souvent.

Un style trop pauvre

Cette lacune est plutôt propre aux grands débutants, ceux qui tournent autour des mêmes mots sans s’en rendre compte. Les termes choisis sont peu évocateurs : « il prend un objet », « elle parle à quelqu’un ». Les phrases sont émaillées de verbes pauvres : être, avoir, aller, mettre, faire. Il y a peu d’adjectifs et ceux-ci sont tellement passe-partout qu’ils veulent à la fois tout dire et rien dire : « c’était un bel endroit », « le pays est grand ».

Avec un style trop imprécis, l’imagination du lecteur n’a pas assez de matière pour se représenter les scènes du récit et pour saisir les nuances de la narration. Il est important de diversifier son vocabulaire afin d’être capable d’utiliser le bon mot au bon endroit. Pour cela, je vous conseille de beaucoup lire, d’être curieux de tout et d’avoir toujours un dictionnaire des synonymes à portée de main.

Un style trop fourni

C’est le travers inverse. Quand un auteur a développé une large palette de mots, la tentation est forte de tous les ressortir. Un nom n’est jamais assez précis à ses yeux, il y accole systématiquement des adjectifs et des adverbes. Les termes seront savants de préférence : par exemple, il ne dira jamais « bleu », mais « céruléen », « azuré » ou « turquin ». Enfin, cet auteur-là a développé une telle capacité lexicale qu’il lui sera intolérable de répéter deux fois le même mot dans le même chapitre…

Si vous vous reconnaissez dans ce portrait, gare à l’indigestion ! À vouloir être trop précis, vous surchargez à la fois votre texte et l’imagination du lecteur. Ne gardez dans une phrase que les mots qui y ajoutent du sens, évitez les fioritures, les décorations et le langage trop savant. De plus, si vous usez et abusez des synonymes, sachez que vous risquez de commettre des erreurs. Un mot ne peut jamais en remplacer totalement un autre, chacun possédant une signification unique.

Un style trop implicite

Ça, c’est l’auteur qui croit que le lecteur habite dans sa tête et qu’il lui suffit de s’exprimer à demi-mot, par allusions, pour être compris. Il écrit « les trottoirs sont déserts » : au lecteur de comprendre que la scène se déroule pendant la nuit. Il écrit « la jeune femme prit la parole » : au lecteur de deviner qui, des trois sœurs, est celle qui parle. Il écrit « en un éclair lumineux, il gagna le combat » : au lecteur de savoir que l’éclair lumineux fait allusion au soleil qui se reflète sur la lame de l’épée au moment où elle s’abat sur l’adversaire.

Ces ellipses sont souvent involontaires, l’auteur étourdi est tellement emporté par son élan au moment d’écrire qu’il saute des étapes essentielles à la compréhension de l’histoire. À celui-là je conseille de prendre tout son temps : ne sautez pas les transitions, revenez sur les détails importants et surtout, relisez-vous à tête reposée.

Quant à ceux qui ont fait de l’implicite un précepte d’écriture, sous prétexte que c’est aussi au lecteur de fournir des efforts, n’oubliez pas que nous n’avons pas tous la puissance de déduction de Sherlock Holmes. Un sous-entendu ne produit son petit effet que si votre interlocuteur peut le saisir : sinon, autant s’écrire à soi-même.

Un style trop inventif

Vouloir se démarquer par son originalité, faire preuve de créativité, ne pas écrire comme tout le monde : si l’idée est bonne, le ton est parfois trop forcé. À quoi reconnaît-on un hyper-inventif ? À ses expressions maison. Elles combinent les mots jusqu’à obtenir des associations improbables : « cette menace, à peine travestie, lui extorqua toute sa sueur », « la pauvre Suzie s’envola dans un sommeil d’encre », « l’homme m’encapa de ses prunelles en forme d’aiguilles ». Plus les mots sont détournés de leur sens d’origine, plus les images sont exagérées et plus l’hyper-inventif croit avoir développé une écriture personnelle.

Si ces fantaisies se prêtent à la poésie, elles se marient mal avec le roman. Votre lecteur ne vous appréciera pas s’il ne vous comprend pas. Être inventif, ce n’est pas refaire la langue française à sa sauce, c’est savoir assortir des mots simples de façon à produire dans l’esprit du lecteur une image réellement évocatrice. Et puis n’oubliez pas que votre originalité, c’est à l’intérieur de l’histoire qu’il faut la chercher, pas seulement à la surface des mots.

Lisez, lisez, lisez

Comme il est difficile d’avoir du recul sur sa propre écriture, et par conséquent de repérer ses maladresses, je conseille aux auteurs de lire très régulièrement. Littérature classique ou contemporaine, ouvrages de jeunesse ou répertoire adulte, peu importe : l’essentiel est d’adopter une lecture critique. Prenez des extraits ici et là, piochez au hasard, laissez de côté l’histoire et concentrez-vous sur la façon dont les écrivains tournent leurs phrases, choisissent leurs mots, animent leurs personnages, font naître des images, des couleurs, des odeurs, des pensées.

Certains styles vous parleront, d’autres ne vous parleront pas. C’est le signe que vous avez développé une approche personnelle de l’écriture. Lisez, analysez, essayez de cerner pourquoi telle plume vous plaît alors que telle autre vous hérisse, qu’est-ce qui donne du piment à votre lecture et qu’est-ce qui la rend fastidieuse.

Car finalement, lire, c’est comme se regarder dans un miroir : ça nous apprend à mieux nous voir.


Cristal

Il était une fois

Qui a dit que le monde de la littérature jeunesse était peuplé de bisounours affectueux? Que la controverse y était un mot inconnu? Certainement pas Margo Lanagan, l’auteure du roman intitulé « Tender Morsels ». Petit tour d’horizon d’un ouvrage qui a choqué le monde, soulevé plusieurs interrogations, entre autres : doit-on interdire certaines thématiques en littérature jeunesse? Une question fort intéressante; deux modes de pensées.

« Pour cela, beaucoup de gens la traiteraient de salope », voilà comment débute le roman de Margo Lanagan, une réécriture de Blanche-Neige à la sauce trash. On y traite, entre autres, de viol collectif, d’inceste et j’en passe. Des sujets durs, abordés crûment. Les parents ont été choqués de voir ce roman publié dans une collection destinée aux adolescents de 13 à 15 ans. Ils estiment que la maison d’édition responsable de la collection devrait aviser plus clairement le lectorat du contenu de la publication. D’autres pensent tout simplement que le livre devrait être destiné à un public adulte essentiellement. D’ailleurs, la maison d’édition offre deux couvertures différentes. La première destinée à la collection jeunesse, la deuxième à la collection adulte, tout en conservant le même texte.

Selon Philip Pullman, l’auteur de plusieurs ouvrages pour la jeunesse dont l’épique trilogie « A la croisée des mondes », la couverture en dit beaucoup sur le contenu d’un livre et il n’est pas nécessaire d’ajouter d’autres avertissements que celui qui se trouve en première page. Car oui, Random House a tout de même pensé à mettre une petite mise en garde. Toujours selon Pullman « il ne devrait pas y avoir de thématiques interdites à la littérature jeunesse. Les enfants font face à des réalités bien plus fortes : le divorce, le trafic de drogue, la sexualité. »

Pour ma part, je n’ai pas lu le livre, difficile donc de trancher même si le bisounours en moi tremble devant ces mots cruels. Cela dit, la polémique soulève des questions bien intéressantes qui méritent d’être approfondies. À savoir, faut-il aborder tous les sujets avec les jeunes, de quelle manière et où trancher la limite?

Pour ceux que le roman intéresserait, sachez qu’il est disponible en anglais seulement. Mais attention au contenu. C’est trash. Extrêmement trash. Usez donc de votre jugement et de votre bon sens.


Honey



Couverture jeunesse :



Couverture adulte :

À vos claviers

Appel à Textes : En Dessous

Lien : http://www.parcheminstraverses.com/ATencours

Informations : De tout temps, l’homme a regardé vers le ciel… Cette fois, faisons l’inverse !
Pour sa prochaine anthologie, Parchemins et Traverses s’intéresse à ce qui se trame sous nos pieds. Trop souvent reléguées à l’underground, de nombreuses histoires se nichent au sein des souterrains, se terrent sous la croûte du monde. Mais qui sait réellement sur quoi reposent les fondations du globe ? A vous de creuser, pour mettre à jour les contes qui s'échangent sous le manteau.

Explorez les sous-sols, caves et catacombes, cryptes et caveaux, oubliettes antiques et tunnels du métro... Perdez-vous dans les cavernes de Néandertal, les mines de radium d'un planétoïde lointain, les égouts de Kuala Lumpur...

Des terriers de taupe aux continents enfouis, soulevez la trappe, plongez dans le puits, descendez dans les profondeurs, plus bas, encore plus bas... Et envoyez votre nouvelle (d'un maximum de 70 000 signes) à : estelle@parcheminstraverses.fr avant le 31 août 2011.

Bénéfices : Publication à la clef. Les auteurs reçoivent un exemplaire d’auteur de l’anthologie mais ne sont pas rémunérés. Ils gardent leurs droits sur leur texte, mais nous leur demandons de ne pas le publier ailleurs pour une durée d’un an suivant la publication.



Recherche de manuscrits : Romans jeunesse ados-adultes

Lien : http://www.edkiro.fr/

Informations : Les éditions Kirographaires sont présentement à la recherche de romans jeunesse pour alimenter leur collection Ados-Adultes. Leur ligne éditoriale, orientée vers les récits "vécus", se spécialise dans la publication de "tranches de vies", réelles ou fictives.
Envoyez vos textes, avec un synopsis et un cv à : auteurs@edkiro.fr

Bénéfice : Publication à compte d’éditeur.



Concours de nouvelles ROCK

Lien : http://cafecastor.org/index.php?option=com_content&view=article&id=46&Itemid=28

Informations : Mélanger les cordes et les plumes, entremêler distorsions et pages blanches, confondre battements de cœur et roulement de caisse claire. Un beau programme, non?
Le concours de nouvelles organisé par l’association « Café Castor », spécialisée dans le cross-over entre littérature et Rock, est lancé : les nouvellistes ont jusqu’au 1er mai 2011 pour proposer leurs écrits sur le thème ROCK à contact@cafecastor.org
La participation est gratuite.

Bénéfice : Publication à la clef.



Concours : 23e concours francophone de nouvelle Castres/Encrier renversé

Lien : Le règlement complet du concours est visible sur : http://encrierrenverse.canalblog.com/

Information : La Ville de Castres et la revue de nouvelles L’encrier renversé organisent leur 23e concours de nouvelles, ouvert du 1er janvier au 15 mai 2011. L’inscription à ce concours, sans limite d’âge, est fixée à 5 € (voir règlement). Le thème est libre. Pour participer, envoyer une nouvelle inédite de 15 pages maximum (22 500 signes) en quadruple exemplaire au : 25, chemin de L’Arnac, 81100 Castres (France). Anonymat et quadruple lecture garantis, le jury final est composé des lauréats des éditions précédentes.

Bénéfices : Le premier prix est de 800 euros, le deuxième de 350, le troisième de 250. Le prix Lycéens (cumulable) est doté de 150 euros. Les œuvres des dix premiers seront publiées dans L’encrier renversé.


Honey

Dessine-moi une plume

Samedi 12 mars 2011. Aujourd'hui, le temps est morne et gris, comme quoi l'hiver n'est pas fini. Par une telle météo, rien de tel que de se plonger dans un livre. Je vous propose de repartir à la chasse aux couvertures et pour cela, direction les librairies ! Musique d'ambiance, étagères garnies, nous allons avoir de quoi choisir. Laissons les couvertures photographiques et infographiques. Aujourd'hui, mon humeur préfère la couleur des dessins à l'huile. Rien ici. Dégageons quelques strates de romans… Là ! Je l'ai trouvé.





Bon, ce n'est pas du dessin traditionnel, mais cette illustration prouve que les ordinateurs n'ont rien à envier au crayon et à la plume. Retournons le livre pour connaître l'illustrateur de cette couverture. Tiens, ça doit être un signe, il s'agit de Jean-Sébastien Rossbach.

L'homme :

Dessinateur français d'une trentaine d'années, Jean-Sébastien est entièrement autodidacte. S'il est peu connu c'est parce que, pendant un temps, il était partagé entre la musique et l'illustration. Avec un nom pareil, cela est compréhensible. Rossbach a illustré de nombreuses couvertures de romans de fantasy comme La couronne des 7 royaumes, ou de science-fiction comme Endymion et Hypérion de Dan Simmons. Il a également illustré de nombreux jeux de rôle chez l'éditeur White Wolf, dont Vampire : le requiem. Il a aussi illustré les couvertures des tomes 10, 11 et 12 de la version française du Trône de fer chez Pygmalion, ainsi que la couverture des préludes du même éditeur.

L'artiste :

Se cantonner à la seule illustration que je viens de vous montrer serait occulter le réel style de Jean-Sébastien Rossbach. Après quelques recherches et dilemmes, voici une illustration qui présente mieux son univers :




Plus sombre déjà. Contrairement à d'autres illustrateurs, Rossbach est rentré dans le monde de l'illustration par le JdR (jeu de rôle) en travaillant pour la société Rackham, entreprise de jeux de figurines et de cartes à jouer. Cette période lui a permis de rencontrer des grands noms de l'illustration et de forger son style. Aujourd'hui, Jean-Sébastien Rossbach est un illustrateur freelance, mais son travail garde la marque des univers riches et sombres que peuvent parfois être les wargames.

Une autre chose qui se dégage de son travail. Quand Rossbach dessine un personnage, il crée avec lui un univers qui transparait par les détails, la lumière et le décor. Ce que j'admire aussi, c'est la façon dont les textures sont retranscrites sur informatique. Recréant le tracé de l'encre, la transparence de la peinture, l'impact du dessin s'en trouve renforcé. Quant à ses couleurs, il a une palette homogène mais chaude où le bleu est peu présent.

Dernier point que je voudrais aborder sur Jean-Sébastien Rossbach, c'est sa façon de manier le crayon et le feutre noir. Comme tout dessinateur, l'exercice de la dédicace est difficile, cependant j'ai trouvé une force et une vie dans ces autographes qui me laissent rêveuse. Son goût pour l'enluminure m'a aussi impressionnée.

Voici le blog de Jean-Sébastien Rossbach : http://livingrope.free.fr.


Votre dévouée,

Saïph



Cliquez sur les images pour agrandir.

Nos Imagineurs

Chers lecteurs,

Bienvenue dans ce nouveau numéro de Nos Imagineurs pour découvrir qui cette fois-ci répondra à ses fans et nos questions. Le choix fut difficile. Alors j'ai croqué dans un biscuit porte-bonheur. Il y avait un de ces proverbe chinois sibyllins... Vous savez ? Ceux qu'il ne faut pas prendre au pied de la lettre mais plutôt à certains degrés plus ou moins élevés sur le baromètre de la sagesse. Le mien disait : Quand le ciel est noir et nuageux, cherche la lumière au ras du sol... J'ai réfléchi. Pas longtemps; mon crédit sagesse avoisinait les pâquerettes de Flammy. Par chance – ou pas - ce mois-ci, un nuage radioactif plane quelque part entre ciel et terre. Dans ce cas-là, rien de tel qu'une bonne cure d'iode me direz-vous ! Pourquoi, donc, ne pas s'adresser à notre adorable Sushi nationale ? Voilà comment Shaoran est devenue notre Imagineuse ici-présente. Since 23 Juillet 2009, loin de se laisser manger par ses condisciples, il semblerait qu'elle ait choisi de les faire saliver à coup de fictions originales passionnantes à lire. Sortez les baguettes et en avant !


Depuis combien de temps écris-tu ?

Question très intéressante. En fait, jusque très récemment j’aurais répondu sans hésitation depuis environ 5 ans en dilettante et depuis 2 et demi avec une grande assiduité. Mais, après avoir été « privée » d’ordinateur pendant quelques jours, je me suis remise à écrire sur papier et j’ai retrouvé les fameux cadavres d’auteurs débutants qui datent du lycée voir même du collège. Du coup, je ne pourrais plus dire exactement depuis combien de temps j’écris, mais ma foi ca fait loooooongtemps.


Où puises-tu ton inspiration ?

Un peu n’importe où. Il me suffit parfois de pas grand-chose : croiser quelqu’un, tomber sur une image d’un lieu, d’entendre une chanson, une pub et c’est parti. Parfois encore ca vient d’un rêve, le meilleur exemple reste le contexte politico-économique d’une Terre de La Légende qui a entièrement été inspiré d’un rêve. Sinon, les prémices de La Légende remontant à mon adolescence, il y traine aussi quelques influences de mangas et de certaines séries télé.

Qu'est-ce qui t'importe le plus quand tu rédiges, l'histoire ou la technique d'écriture ?

Je te dirais bien que j’accorde de l’importance aux deux. Partant du principe que j’écris beaucoup au feeling, j’ai du mal à rédiger l’histoire de façon linéaire, je fais plutôt des morceaux que je lie ensuite. Du coup je commence par me concentrer sur l’histoire elle-même pour avancer chaque morceau indépendamment. Ensuite, je réécris le premier jet en me concentrant sur le style ou la technique en elle-même. Ca me permet de prendre un peu de recul entre deux révisions d’un passage, de l’enrichir et de vérifier la cohérence de l’ensemble au fur et à mesure.

Qu'apprécies-tu au premier plan quand tu lis d'autres auteurs comme toi sur Plume d'Argent, les intrigues ou les jolies phrases ? Voire un mixte des deux ?

D’une manière générale, j’accorde de l’importance aux deux. Au premier abord ce qui m’intéresse le plus, c’est l’histoire et la richesse de son intrigue. Après dans un second temps, je fais attention au style, mais c’est surtout au moment de commenter ledit auteur. Par contre, un truc que je trouve particulièrement rédhibitoire, c’est quand le texte est truffé de fautes d’orthographes et là je ne parle pas des quelques irréductibles coquilles qui trainent dans les textes de PA, mais des textes à la kikoolol de certains sites en .net que tout le monde reconnaitra *sifflote innocemment*.

Comment t'es venue l'idée de créer La légende des Cinq Terres Oubliées ?

Pour être honnête je n’en ai plus la moindre idée. La Légende s’est construite en même temps que moi. Les personnages sont venus les premiers au gré des historiettes que je m’inventais le soir dans ma chambre et finalement ils se sont complexifiés au fil des ans. Une chose en amenant une autre, j’ai commencé à mettre des lieux autour pour rendre les histoires plus riches, et ce n’est qu’il y a 5 ans en débutant l’écriture que j’ai développé une petite intrigue … qui depuis que le début de sa publication sur PA a pris une ampleur vraiment intéressante.


Question de fan : L’on raconte, dans les couloirs de Plume d’Argent, que la Légende était un projet de manga avant de devenir ton tout premier roman. Qu’est-ce qui t’a convaincue de passer du dessin aux mots ?

La transition s’est faite en deux étapes. Quand j’ai commencé à m’ennuyer à la fac, j’ai appris à dessiner : de là est née l’idée de faire une histoire avec les dessins de ces fameux perso dont je parlais plus tôt. Mais je manquais de technique et de temps donc pour ne rien oublier en attendant d’avoir le bon coup de crayon, j’ai couché le storyboard sur papier. Un jour, une amie l’a lu et elle m’a dit : c’est génial ! Fais-en un roman plutôt qu’un manga … l’idée a fait son petit bout de chemin et tadaaaaa !


Question de fan : Le titre complet de la Légende fait référence à « cinq terres oubliées » : ton histoire va donc se dérouler dans cinq mondes différents ? C’est énorme ! Tu les as déjà tous en tête ?

Chut !!!! Faut pas le dire… Mais oui, comme le laisse supposer le titre, il y aura bien 5 mondes différents. Et oui, maintenant je les ai tous en tête avec plus ou moins de détails. Par exemple, chacun aura ses propres caractéristiques, ses propres points cardinaux, et ses propres coutumes, voire même ses propres expressions et peut-être aussi son bestiaire. C’est un point sur lequel je travaille beaucoup en ce moment parce que je trouve que c’est un bon moyen de donner une identité à chacune de ces Terres, sinon quel intérêt d’en avoir 5.


Question de fan : Tes personnages ont tous quelque chose qui les écarte de la norme et qui les amène à se questionner sur ce qu’ils sont et ce qu’ils ne sont pas... la Légende aurait-elle une portée philosophique ?


Hum, excellente question et à laquelle j’ai bien envie de te dire que je n’ai jamais vraiment réfléchi. Tout ce que je pourrais dire c’est que quelque part, la personnalité de chacun se rapproche plus ou moins intimement d’une facette de ma personnalité et du coup, leur évolution répond peut-être inconsciemment à un questionnement sur moi-même, mais ce n’est pas vraiment le but au départ.


En plus d'adhérer à la difficile et sélective formation de chaton-garou mégalo-maniaque située quelque part dans une zone 51 de l'Alaska profonde, ferais-tu aussi partie de l'association des TEA (Trop Exigeants Anonymes) ?

Me voilà démasquée. J’admets que je participe souvent à leur réunion * sifflote innocemment en regardant ailleurs *, mais ca c’est mon côté scientifique que veux-tu et on apprend pas à dominatater le monde avec des approximations (petit rire démoniaque sous cape), mais après ca ne me ralentit pas non plus dans mon écriture. Pour ne pas tomber dans ce piège, j’écris « au kilomètre » et quand je commence à bloquer je reprends certains passages un peu au hasard pour les retravailler en profondeur.

As-tu d'autres projets d'écriture en cours, à venir, être éditée peut-être ?

Les projets arf… ça pousse comme les mauvaises herbes dans le jardin de Froggy. Alors pour l’instant, je me concentre sur La Légende et Recherche Colocataire Désespérément et je mets les autres idées en vrac dans une boite. Ensuite, j’ai deux autres projets en tête, dont un dont j’ai déjà parlé sur mon JdB, mais je les laisse murir encore, histoire de ne pas commencer trop de choses à la fois. Quant à l’édition, au départ ce n’était vraiment pas mon objectif, mais finalement aujourd’hui je me dis pourquoi pas… qui sait ! D’où la complète réécriture du tome 1.


Retournons maintenant à des mets plus comestibles, car vous l'aurez compris, cette interview touche à sa fin. Remercions aussi chaleureusement Shaoran qui a eu la gentillesse de répondre à nos questions. * lance quelques bouquets de pâquerettes autour de l'Imagineuse * Et aussi le restaurant japonisé de Vefree pour avoir fourni les sushis de substitution. (On aurait eu l'air fin si on avait mangé le sujet de cet article)

A bientôt les plumes !

Enjoy,

Spilou

Paroles de Pros

Chères Plumes, agrippez-vous bien à votre crucifix. La maison d’édition chez qui je suis allée fureter aujourd’hui ne vous est pas totalement inconnue. En effet, les éditions du Petit Caveau ont tissé un partenariat avec PA depuis un bon bout de temps maintenant, partenariat dont est même né récemment un concours d’écriture à l’occasion d’Halloween (gagné par Sej, notre grenouille sadique qui s’est vue perforer la nuque de deux petits trous pour son baptême, souvenez-vous !). Bref, trêve de bavardage. Qui se cache derrière le Petit Caveau ? Pour tout savoir sur les dessous en dentelle de notre partenaire, c’est par ici !


Comment sont nées les Éditions du Petit Caveau ?

Elles sont nées en 2008 d’une idée un peu folle lancée au hasard sur un forum et longuement mûrie par une petite équipe fan de vampires. Quelques mois plus tard et avec pas mal de paperasses et de prise de tête en prime, la maison d’édition voyait le jour sous la forme d’une association. Ce qui n’a été qu’une blague au départ est rapidement devenu la réalité.

Pourquoi avoir choisi une ligne éditoriale centrée sur les vampires ?

Parce que nous sommes avant tout des passionnés d’histoires de vampires. La plupart d’entre nous se connaissent depuis 2002. Internet nous a réunis autour de cette passion pour les êtres aux grandes dents et pendant des années nous avons guetté et commenté la moindre sortie littéraire vampirique. Quand nous nous sommes lancés dans ce projet, début 2007, les vampires n’étaient pas autant à la mode qu’aujourd'hui avec les nombreuses publications disponibles. Nous pensions donc qu’il y avait une réelle attente à ce niveau de la part de lecteur un peu en manque (il n’y avait que quelques pocket ou fleuve noir pour combler ce vide).

Vous faites partie de ceux qui croient aux innombrables auteurs qui se cachent sur la toile. Comment démarchez-vous pour trouver les talents que vous publiez ?

La plupart du temps, les auteurs nous envoient directement leur manuscrit en lecture par mail. Mais il nous est parfois arrivé (principalement au début de notre existence) de parcourir un peu le net à la recherche d’auteur potentiel. Par exemple, c’est en lisant sa fan-fiction sur Dracula que nous avons rencontré Adeline Debreuve-Theresette, l’auteur de notre second titre publié : « De notre sang ».

Avez-vous recours à un comité de lecture pour départager les manuscrits ? Si oui, comment s’organise celui-ci ?

Oui, tout à fait. Notre comité est composé d’une petite dizaine de personnes. En fonction des résumés et des disponibilités de chacun, nos lecteurs choisissent parmi les manuscrits reçus les textes à lire. Pour acter une décision, nous attendons l’avis de trois personnes différentes. Et nous mettons en général trois à quatre mois avant de répondre aux auteurs.

Comment sont rémunérés les auteurs édités par le Petit Caveau ?

De manière classique, via des droits d’auteurs perçus sur les chiffres de ventes. À chaque titre vendu, l’auteur reçoit un certain pourcentage.

Les illustrations présentes sur votre site internet et sur les couvertures de vos parutions sont remarquablement bien travaillées. Comment choisissez-vous vos illustrateurs ?

Là encore, ce sont surtout les illustrateurs qui ont démarché vers nous dans un premier temps. Au fil des rencontres, des auteurs et des internautes, ils nous ont aussi permis de découvrir d’autres professionnels. Il faut savoir que dans notre maison d’édition, nous tenons à ce que ce soit l’auteur qui décide de qui va réaliser sa couverture, il est très important que son texte garde son identité et soit en accord avec la personnalité de l’auteur.

Quelles difficultés rencontrez-vous le plus souvent en tant qu’éditeur ?

Elles sont nombreuses. Bien sûr, toute notre activité dépend de nos ventes. Et en ces temps parfois difficiles, chaque exemplaire vendu nous permet de continuer l’aventure et de proposer de nouveaux titres. À côté de cela, comme tous les éditeurs, nous sommes toujours en perpétuelle course contre le temps : délais d’impression, de correction, de livraison…

Pour terminer, quel conseil donneriez-vous aux auteurs qui cherchent à se faire éditer ?

De toujours bien cibler les éditeurs potentiels chez qui envoyer leur texte. Si votre histoire est une romance historique, il est inutile de l’envoyer à un éditeur de S-F. Il est aussi important de soigner la présentation du texte, sa clarté, l’orthographe... Ces détails sont autant de petits plus qui permettent à un texte de montrer tout son potentiel. Et puis surtout, je pense que les auteurs doivent écrire ce qu’ils aiment et faire vivre aux lecteurs leur passion à travers leurs lignes.

Merci pour ce questionnaire, cela a été un plaisir de répondre à ces quelques questions.


Voilà, l’interview touche à sa fin, et je remercie une nouvelle fois les Éditions du Petit Caveau pour le temps consacré au PAen pour répondre à ces quelques questions en toute simplicité. Quant à vous, chères Plumes, si vous souhaitez en savoir plus sur cette maison d’édition très passionnée et sympathique, notamment à propos de son guide de soumission et son alléchant catalogue, n’hésitez pas à visiter son site internet : http://www.editionsdupetitcaveau.com

Et en ce qui me concerne, je vous retrouve au prochain trimestre pour une nouvelle interview. D’ici là, portez-vous bien et ne restez pas trop longtemps au soleil !

La ptite Clo

Chroniques d'un Chaton Garou

Très très très très cher moi(1),

Après Kalten, il me faut à nouveau évoquer quelque chose de très douloureux. Le poteau(2). Parce que, bien entendu, l'ignoble Dictateur H. ne se contente pas de tenter de m'anéantir une fois ou d'envoyer ses sbires faire disparaître mes compagnons. Non non non, cela serait beaucoup trop gentil et doux pour le miel ultra-urticant que nous connaissons bien. Mais puisqu'elle restait sous le couvert de pseudo-excuses, il lui en fallait une pour poursuivre ses plans démoniaques d'acharnement contre ma pauvre personne. Et cette excuse-là finit par se présenter, encore plus fourbe que la précédente. Et oui, tout est toujours possible sur PA.

Un jour, alors que môman Julia était partie vaillamment gagner de l'argent, de manière plus ou moins illégalement, pour acheter du Nesquik et de la pâté pour chat en grande quantité, le drame se produisit. Môman Cricri me traîna derrière elle malgré mes protestations pour aller prendre le chocolat chaud chez le Dictateur H., puisque tout le Nesquik avait mystérieusement déserté notre cher petit foyer. Naturellement, le sadique pot de miel n'était pas là, terrorisant sûrement quelque part de pauvres âmes, mais cela n'empêcha pas môman Cricri de rentrer. Sa vie était en jeu après tout. Sauf que la panique a eu raison de moi et j'ai fait un malaise. Môman Cricri, avec tout le calme et la maîtrise qu'on lui connait, alla hurler dans la rue pour qu'on amène les pompes funèbres.

Pendant ce temps, je me battais de toutes mes forces pour rejoindre un coussin, histoire d'agoniser sur une surface un peu plus confortable que la moquette. J'affirme encore et toujours que, malgré toutes mes souffrances, j'ai fait très attention à ne pas abîmer ce coussin(3) et j'ai lutté pour ne pas sortir mes griffes ! Mais le Dictateurs H., une fois rentrée à cause des plaintes de môman Cricri, ne l'a pas entendu de cette manière et m'a honteusement punie(4).

Et voilà comment je me suis retrouvée pour la première fois attachée au poteau(2), au fond du jardin. Seul problème : l'ignoble pot de miel n'avait pas pensé qu'il punissait môman Cricri autant que moi, puisque dès que mes miaulements déchirants retentissaient, elle se sentait obligée de venir me tenir chaud, me protéger de la pluie et des bêtes sauvages. Le dictateur H. a donc délocalisé mon poteau(2) de plus en plus loin, espérant que ma môman finirait pas abandonner. C'est ainsi que je me suis retrouvée en Alaska. Et ma môman indigne ne m'a même pas suivie, une honte !

Voilà donc la vérité sur le poteau(2), cette arme de torture utilisée contre moi sous un prétexte fallacieux. Donc, si un jour vous croisez un pauvre chaton attaché à un poteau(2), n'oubliez pas de le détacher, de lui donner à manger, une petite laine et une grenade ou deux au cas où. Pensez à Greenpeace, ils ne feraient certainement pas moins.

Flammy

(1) Bah oui, je ne suis pas de la camelote de premier prix ! Je suis un Chaton-Garou de qualité !
(2) Roulement de tonnerre.
(3) Pourtant, j'aurais dû, ça aurait rendu service au Dictateur H. ! Quoique... c'est peut-être pour ça que j'ai rien fait.
(4) Il paraît que se servir de ses griffes pour se traîner par terre à travers la maison et rejoindre le canapé n'était pas une bonne idée pour la moquette, retrouvée massacrée. Une honte comme excuse je vous dis !