jeudi 1 décembre 2011

Éditorial

Les petites plumes, vous pouvez doublement nous féliciter pour ce numéro. Dans les bureaux du PAen, on a travaillé dans des conditions épiques.

D’abord, on a eu une panne d’électricité à cause de Flammy qui n’arrête pas de grignoter les fils. Si vous trouvez son poil ébouriffé, c’est normal, elle s’est pris une sacrée décharge. Adieu les ordinateurs, adieu le chauffage, adieu les guirlandes clignotantes ! Là-dessus, on a perdu une partie du toit. Saïph s’est garée là-haut avec son OVNI bavard et le forum n’est pas conçu pour supporter un poids pareil. Du coup, on a écrit nos articles au milieu des feuilles mortes et des courants d’air. Il y a bien eu le chalumeau de Dragonwing pour remplacer les radiateurs, mais Honey a dû aller à l’hôpital avec un gros bandeau sur son pot de miel (ne me demandez pas si c’est à cause du toit ou du chalumeau, ce n’est pas racontable).

Mais le numéro de décembre, nous avons tenu à l’assurer malgré nos rhumes carabinés et nos bosses sur le crâne. Habitées par un esprit de Noël précoce (ou une hystérie collective), nous sommes fidèles au rendez-vous !

C’est grâce à la précieuse contribution de Shaoran que j’ai pu assurer ma nouvelle « Plume et Astuce », et ce en dépit de mes engelures. Elle a écrit à ma place, quoi. Créateurs de mondes et apprentis dieux, vous allez apprécier.

Non contente de nous servir de calorifère, Dragonwing a mené l’enquête pour flairer les meilleurs concours du moment. Comme elle aime tout ce qui brille, elle vous a choisi ceux dont les récompenses sont les plus alléchantes.

Après avoir trouvé un autre stationnement pour Irïan, Saïph nous parle d’un illustrateur comme elle raconterait une histoire au coin du feu. Vous connaissez Jules Verne, n’est-ce pas ? Mais connaissez-vous l’homme qui a illustré ses livres les plus célèbres ?

Spilou est la seule tête sur laquelle le toit n’est pas tombé. Et pour cause : elle était partie en quête d’Imagineur ce jour-là. Avec sa chaleur et sa curiosité habituelles, elle nous introduit dans les coulisses d’une plume qui gagne à être découverte.

Pour l’interview de Clo, ne vous étonnez pas si elle est barbouillée de chocolat belge. Quand on envoie une fée enquêter dans le monde éditorial du plat pays, il faut s’attendre à ce qu’elle profite du voyage. Mais la Belgique n’offre pas que du chocolat. Tous nos remerciements à Chloé des Lys Éditions pour son aimable participation.

Enfin, ne terminez pas votre lecture du PAen sans passer par le journal-pas-intime-du-tout de Flammy. D’accord, elle nous a privées de courant au beau milieu de l’automne, mais ses récits sont tellement drôles qu’on lui pardonnerait (presque) tout.

Il me reste à vous souhaiter, au nom de notre belle équipe de bras cassés, une excellente dégustation. Ce sera un petit avant-goût avant les fêtes de Noël !

Cristal, rédactrice en chef

Note de la sous-rédactrice-en-chef : Comme Cricri m'a honteusement oubliée (Meuh non, je blague c'est moi qui est horriblement en retard), j'ajouterais seulement que je vous ai déniché de quoi concocter un Noël vert et écologique pour tous les p'tits loups de votre famille. Et tout ça aux risques et périls de ma propre santé mentale. (Évite les commentaires là-dessus Flammy...) N'est-ce pas merveilleux ?

Honey, sous-rédactrice-en-chef-de-pacotille

Le podium des drabbles

À moins d’avoir hiberné dans une caverne, quelque part dans le permafrost, juste sous le poteau de Flammy, vous savez tous que Plume d’Argent organise désormais un concours mensuel. Nos joyeux animateurs lancent un thème à chaque début du mois et les candidats ont 500 mots pour vous conquérir.

Chaque trimestre, les gagnants des drabbles seront mis à l’honneur dans le PAen !

En septembre, le thème était « la fin du monde » et c’est Nao qui a remporté la palme avec Blanc. L’originalité était au rendez-vous, tant au niveau du fond que de la forme. Les phrases angoissées rebondissent contre les bords de la page, à la façon d’un écho, ou se retrouvent perdues dans un coin comme des murmures solitaires. Un petit bijou qui donne envie de faire connaissance avec les autres textes de Nao, à commencer par La Graine des Ailes (allez jeter un œil sur son journal de bord pour les détails !).

En octobre, le thème ne pouvait être que teinté d’Halloween : « minuit ». Pourtant, notre gagnant n’est pas tombé dans les facilités des citrouilles horrifiques et des obscurités inquiétantes. Il n’a pas non plus choisi les canards au grand cœur pour lesquels il voue une fascination… euh… fascinante. Non, Rogdoll a misé sur le réalisme et l’émotion dans son Minuit sonne. Un éboueur s’adonne à un mystérieux décompte sous la pluie.

En novembre, c’est notre bon vieux Reb qui nous a concocté le meilleur « souvenir » avec Peanut Butter Bill. Comme il ne peut rien faire comme tout le monde, il a évidemment pris le contrepied total du sujet. Et comme il a une écriture fabuleuse, on l’adore d’avoir fait ça. Reb, c’est un mélange réussi de douceur et d’acide, de tendre et de grinçant, de chaleur et de décalé. Si vous avez aimé son drabble, alors vous raffolerez de tout ce qui découle de sa plume. Y’a maldonne est un incontournable du genre !

Nao, Rogdoll, Reb, vous avez les félicitations de toute l’équipe des plumes-porters !


Cristal

Plumes et astuces

Un imaginaire réaliste ?


Voici plusieurs numéros que je vous prodigue quelques conseils d’écriture sur la base de mon expérience personnelle. Vous conviendrez avec moi que je ne suis pas parole d’évangile. Pour élargir mon champ de vision, j’ai décidé de faire appel au savoir-faire d’autres plumes. Joignez-vous à moi pour remercier Shaoran qui a apporté sa généreuse contribution à cet article !

Nous sommes nombreux sur Plume d’Argent à écrire de la SFFF*. Shaoran et moi nous sommes retrouvées autour d’une tasse de Nesquik bien chaude, nous nous sommes enroulées dans nos écharpes et nous nous sommes interrogées - tout en claquant des dents - sur la façon de rendre un univers « vrai ». Ce n’est pas parce qu’il est fictif qu’il ne répond pas à des lois et à des principes. Je l’ai déjà évoqué dans le dernier numéro : le contexte social, politique, géographique, historique, économique, culturel a son importance. Vous êtes le créateur d’un nouveau monde, ne vous contentez pas d’un décor en carton pâte.

Une affaire de dosage

La mise sur pied de votre background dépend déjà de la longueur de votre projet d’écriture. Selon qu’il s’agit d’une nouvelle, d’un petit roman ou d’une saga en plusieurs tomes, vous n’aurez pas à vous investir de la même façon. Plus vous visez le long terme, plus vous aurez à vous soucier des multiples petits rouages qui maintiennent la mécanique de votre monde en place.

Doser les détails, c’est aussi les placer au bon moment et au bon endroit. Vous n’êtes pas impérativement tenus d’introduire votre monde avant d’introduire vos personnages : évitez les amorces historiques ou les descriptifs géographiques à rallonge. Une histoire commence dès la première ligne. Le background doit se dessiner au fur et à mesure que l’intrigue se déroule, par petites touches, pour éviter de perdre votre lecteur en route.

Faune et flore : soyez inventifs

Dans les récits de SFFF, chaque planète possède ses spécificités. Le monde cubique de la Septième Face de Sej en est un excellent exemple !

Prenez le temps de vous poser certaines questions. Les lois physiques de votre monde seront-elles forcément les mêmes que celles du nôtre ? Les océans et les forêts y occupent-ils la même place ? Les animaux y ont-ils subi la même évolution ? Le Père Noël y existe-t-il ?

Si vous êtes du genre créatif, c’est le moment ou jamais, tant que vous restez cohérents. Votre monde pourrait avoir pour paysages une nuit rouge sang, des déserts de diamants ou une mer-brouillard…

En matière de bestiaire, faites-vous plaisir, mais adaptez-le à l’environnement. Après, si vos dragons crachent de l’eau moussante ou si vos vermisseaux font de la philosophique, pourquoi pas ? Quel que soit votre choix, créez vos propres créatures plutôt que de faire de la récupération : laissez ses castors parlants à Narnia et ses oliphants à Tolkien.

Il était une fois l’Homme

Une planète est née, reste à la peupler. Quels seront vos autochtones ? Les feriez-vous à votre image ou verriez-vous d’autres espèces pensantes ? Quel serait leur mode de vie ?

Aucune de ces questions n’est anodine. Si vos « hommes » ont certaines caractéristiques, c’est souvent lié à un environnement donné. S’ils habitent sous terre, ils seront peut-être myopes comme des taupes. S’ils vivent dans les arbres, ils auront des queues pour conserver leur équilibre. S’ils sont amphibiens, leur langage sera différent du nôtre (puisque nos modulons des sons par la vibration de l’air).

Là encore, ne vous limitez pas aux archétypes existants. Il n’y a pas que des méchants Orques, des Nains rouspéteurs et de beaux Elfes éthérés en Fantasy. Par contre, n’oubliez pas papa Noël et monsieur Grinch : un monde ne peut décemment pas être crédible sans eux.

Le système social est également un axe de réflexion essentiel. Vos personnages ne vont pas se comporter comme vous et moi si vous adoptez une vision féodale ou post-apocalyptique. Ce que vous jugeriez injuste maintenant et aujourd’hui ne le sera pas forcément pour eux. Ils auront leurs propres préjugés, leurs propres croyances, leurs propres intérêts, leurs propres valeurs, leur propre sensibilité.

Vous écrivez sur un « ailleurs », vous devez donc penser « autrement ».

Science et Culture

Plus vous peaufinerez le fonctionnement de votre société, plus vous aurez la maîtrise de votre background.

Nouveau monde, nouvelle science. Il n’y aura pas forcément de Galilée, de Vinci et d’Einstein pour apporter leur pierre à votre édifice technologique. Quelles sont les connaissances et les ignorances de vos autochtones ? Réfléchissez à vos sources d’énergie selon le degré d’avancement de votre industrie : bois, charbon, vapeur, électricité… Plus vous vous dirigez vers un univers futuriste, plus il sera profitable de vous pencher sur la question. Vous pouvez également inventer vos propres ressources : Pullman, l’auteur de la Croisée des mondes, a bien imaginé l’énergie ambarique !

En Fantasy, la magie joue souvent un rôle central. Pour qu’elle ne devienne pas un claquement de doigts facile à la façon de Joséphine, ange gardien, rendez-la crédible : donnez-lui des lois, des principes, des théorèmes, des limites. Un exemple ? « Tout corps soumis à l’emprise magique d’un fluctus aérianus sera dégagé de sa contrainte gravitationnelle pendant un temps inversement proportionnel à sa durée d’exposition » (principe de la lévitation universelle énoncé par… Shaoran).

Enfin, un monde imaginaire possède sa propre culture, sa propre religion, ses propres références, (ses propres cadeaux de Noël). Réfléchissez un instant sur le rapport qu’ont vos personnages avec la mort et les questions existentielles. Imaginez leurs légendes, leurs contes, leur mythologie, ce en quoi ils croient et ce en quoi ils ne croient pas.

Sans aller à jusqu’à inventer une langue de A à Z (tout le monde n’a pas les connaissances philologiques de Tolkien), vous pouvez créer un champ lexical propre à telle ou telle civilisation. Dans l’univers de Bohème, de Mathieu Gaborit, les habitants vénèrent l’électricité : il en découle tout un lexique de mots relatifs à cette énergie et couplés à la religion. Immersion garantie !

Notre bonne vieille réalité

Pour conclure, Shaoran et moi ne saurions que trop vous conseiller de vous inspirer de notre monde pour rendre le vôtre crédible. Préhistoire, Antiquité, Moyen-âge, Révolution industrielle, Modernité, documentez-vous selon l’époque dont vous aimeriez vous inspirer. Ne vous cantonnez pas à une approche strictement occidentale : le folklore des autres continents est une source d’inspiration fabuleuse, un réservoir à idées inépuisable.

Enfin, ne vous réfugiez pas dans le vu et le revu. Cassez les codes, osez votre recette de monde et petit papa Noël n’oubliera pas votre petit soulier.


Cristal

* Science Fiction/Fantasy/Fantastique

Il était une fois...

C’est bientôt Noël… Eh oui, déjà. Et qui dit Noël dit aussi festivités, cadeaux et écologie. Quoi? Écologie? Mais elle n’est pas nette du pot de miel notre Honey, direz-vous.

Eh oui, je vous parle bien d’écologie. En fait, c’est plutôt Siméon et le lutin du Père-noël-vert qui vous en parlera. En cette fin d’année, qui je l’espère sera joyeuse pour toutes nos plumes, je vous propose une petite lecture qui saura sûrement plaire aux tout-petits de votre famille. C’est une excellente idée cadeau, peu coûteuse et instructive. Que demander de plus?

Pour commencer, un petit résumé :

Siméon et son grand frère Pacifique attendent Noël avec impatience. Alors qu'ils sont en train de construire un bonhomme de neige dans leur jardin, un lutin vert apparaît à Siméon.
C'est un lutin envoyé par le Père-Noël Vert afin d'aider le garçon à préparer un Noël qui respecte l'environnement. Grâce aux conseils du lutin, Siméon va découvrir plein de bonnes idées pour vivre un super Noël tout en limitant le gaspillage et en préservant notre environnement.


Ce joli album a été écrit par Edwidge Planchin est paru aux éditions Les petits pas de Ioanis. Vous trouverez sur le blog de l’auteur, un court descriptif des motivations qui l’ont amené à écrire cet album. Je vous suggère fortement d’aller y jeter un œil. En voici un court extrait :

Trop souvent, le respect de l’environnement sert d’argument de vente pour pousser, encore et encore, à la consommation. Et plus on consomme, plus on pollue ! Je suis révoltée lorsque je vois que le souci de la planète est au service du souci de soi, lorsqu’on confond protection de l’environnement et protection de son égo. Oui, la publicité sait nous faire croire que le soin de la nature n’est que plaisir et qu’il passe forcément par l’achat. Mais la conscience écologique, ce n’est pas uniquement se faire plaisir, c’est aussi parfois renoncer […]

http://a-plus-d-un-titre.over-blog.com/article-le-noel-vert-de-simeon-53077123.html

Et voici quelques mots sur l’éditeur : Les petits pas de Ioanis

C’est une maison d'édition jeunesse indépendante, créée en 2010. Son ambition est d'offrir aux enfants et à leurs parents des albums et des livres pour grandir, réfléchir, éveiller leur conscience et essayer de rendre le monde meilleur.

Leur ligne éditoriale est ciblée sur les évènements de vie et les faits de société. Vous y trouverez l’excellent titre « La fête des deux mamans » qui traite de l’homosexualité parentale et dont je m’attarderai plus longuement dans un autre article.

Le site : http://www.lespetitspasdeioannis.com

Alors pour résumer : un joli album de Noël traitant d’écologie qui encourage une toute jeune maison d’édition française. Rien d’autre à dire.



Sur ces mots, je vous souhaite à tous un merveilleux temps des fêtes avec beaucoup, beaucoup, beaucoup d’amour.

Honey

À vos claviers

Holà, plumes et plumettes de tous horizons ! La fin de cette année arrive, et bientôt il vous faudra choisir quelques bonnes résolutions pour celle qui s'en vient. Et pourquoi pas tenter votre chance dans quelques concours ? Voici de quoi occuper vos vacances de Noël ou vos soirées au coin du feu !



[Concours] Prix Le Masque Du Démon

Lien : http://www.bonnesnouvelles.net/prixlemasquedudemon2012.htm
Organisateur : Éditions du Masque d’Or.
Genre littéraire : Conte fantastique.
Thème : « Des voyageurs arrivent sur une île inconnue et y subissent des transformations maléfiques. »
Longueur : De 5 à 20 pages, à raison de 25 lignes par page.
Modalités de soumission : Envoi par courrier (une seule copie papier ou sur disquette) ou par email (format Word ou RTF). Frais de participation de 10 euros payables par chèque ou Paypal.
Date maximum de soumission : 31 janvier 2012.
Bénéfice : Publication des 5 premiers textes dans un recueil (chaque auteur signera un contrat d’édition d’un an lui garantissant 8% de droits d’auteur sur chaque exemplaire vendu).

[Concours] Tu Connais la Nouvelle ?
Lien : http://www.bonnesnouvelles.net/tuconnaislanouvelle2012.htm
Organisateurs : La Ville de Saint-Jean-de-Braye et l’association « Tu Connais la Nouvelle ? ».
Genre littéraire : Tous genres.
Thème : « Le jeu ».
Longueur : Moins de 5 pages, 10 000 caractères maximum (espaces compris).
Modalités de soumission : Envoi par courrier en 2 exemplaires. Frais de participation de 10 euros payables par chèque.
Date maximum de soumission : 18 janvier 2012.
Bénéfices : Premier Prix : 400 € ; Second Prix : 350 € ; Troisième Prix : 225 €.

[Concours] Prix Alain le Bussy
Lien : http://rsfblog.canalblog.com/archives/2011/11/10/22408342.html
Organisateur : L’association Infini.
Genre littéraire : Science-fiction.
Thème : Pas de thème.
Longueur : Maximum 30 000 signes, espaces compris.
Modalités de soumission : Envoi par email.
Date maximum de soumission : 31 mars 2012.
Bénéfices : 150 euros, une publication dans « Galaxies » et un abonnement de deux années à la revue. Le jury se réserve le droit, si la qualité des textes le justifie, de décerner un second prix (un abonnement de deux ans à « Galaxies » et une publication dans « Géante rouge »), voire un troisième prix (un abonnement d’un an à « Galaxies »).

[Appel à Textes] La plus belle lettre d’amour
Lien : http://www.philironie.fr/pages/Reglement_de_la_plus_belle_lettre_damour-5990152.html
Organisateur : Éditions Rêve d’enfant.
Genre littéraire : Tous genres ; nouvelles, poésies, essais, articles.
Thème : « La plus belle lettre d’amour ».
Longueur : Sans limite de caractères.
Modalités de soumission : Envoi par email au format .doc.
Date maximum de soumission : 1er février 2012.
Bénéfice : Plusieurs textes seront publiés dans un livre à diffusion limitée, et un dans la revue « Les Autres ». Aucune rémunération.


Dragonwing

Dessine-moi une plume

Bientôt Noël ! Dans les librairies, les romans côtoient lutins et pères noël. Les derniers auteurs à la mode crèvent les gondoles par leurs couvertures glacées et leurs photos contrastées. Chaque année c'est pareil, toujours les mêmes nouveautés pour consommateurs éclairés. Pourtant, j'aimerais retrouver le Noël de mon enfance, ces vieux livres jalonnés de gravures exotiques et fantastiques. Pour une telle littérature, ce n'est pas dans les magasins que je dois aller, mais chez les antiquaires. C'est parti !
Ah, l'odeur des vieux papiers, des belles reliures au cuir décoré de volutes d'or ! Et là, au milieu de ces volumes, une couverture de carton entoilée de pourpre. Le voila, le livre de mon enfance.

L'artiste du jour :



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Maintenant que je l'ai entre les mains, un souvenir me revient. De nombreux illustrateurs ont travaillé sur les écrits de Jules Verne. Mais lesquels ? La liste est longue, mais l'un d'eux sort du lot par le nombre record de livres illustrés. Il s'agit de Léon Benet. Avec vingt-cinq ouvrages illustrés comme le Tour du monde en 80 jours, Michel Strogoff, Les tribulations d'un chinois en Chine, La maison à vapeur ou L'école des Robinsons, il est le dessinateur majoritaire des œuvres de Jules Verne.

L'homme :

Né à Orange en 1839, il devient fonctionnaire dans le service de l'Enregistrement, des Domaines et du Timbre à l'âge de vingt ans. Si Léon Benet a choisi d'embrasser la fonction publique, c'est par souci de pouvoir subvenir aux besoins d'une famille. Cependant, le dessin est une autre facette de sa vie et il mènera les deux de front tout au long de sa vie. Il prend d'ailleurs le patronyme de Benett afin de les dissocier.

Après six ans passés en Algérie, il se décide à prendre un congé de l'Administration afin de pouvoir étudier à l'Académie suisse. Dans les ateliers, il fait la rencontre de Cézanne, Manet et bien d'autres peintres de son temps. Après la guerre de 1870, Léon Benet reprend son poste dans le service de l'Enregistrement. Cela lui permet de partir pour la Cochinchine, la Martinique et la Nouvelle Calédonie qui sont, à l'époque, des colonies françaises. Il en ramènera de nombreux carnets de croquis qui alimenteront son imaginaire et son travail d'illustrateur.

Ses premiers dessins pour la maison d'édition Hetzel datent des années 1872 avec les livres de Jules Verne. Cependant, Léon Benet a aussi illustré Camille Flammarion, Léon Tolstoï et bien d'autres.
Léon Benet meurt en 1917 d'une affection cardiaque à Toulon.

L'artiste :

Nous connaissons surtout l'œuvre de Benet au travers des gravures. Mais ce n'est pas son illustration propre. Ces gravures ne sont que des planches de bois gravées par des ouvriers afin de pouvoir imprimer des livres en grande quantité. Le travail de Benet est plus fouillé, plus profond et plus tendre que ces visages pointus et ces clairs obscurs lignifiés. Constatez par vous-même.



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La différence est saisissante, n'est-ce pas ? Elle est d'autant plus flagrante sur ses travaux à la peinture. Il y a une sensibilité, un luxe de détails et un trésor d'exotisme dans ces dessins. Ce qui est frappant, c'est le réalisme de son illustration. La Chine, l'Inde, le Maghreb, les Iles sont rendus dans leur écrin original.

Explorateur, dessinateur, père de famille et fonctionnaire, Léon Benet a su vivre ses passions. En cette période de fête, cela fait du bien de voir que les rêves peuvent côtoyer la réalité.

Votre dévouée,


Saïph

Nos Imagineurs

Notre numéro du mois sent la neige, le froid, la douce symétrie floconneuse et le manteau blanc qui ment sur sa pureté ; sitôt la première couche dégagée, nous retrouvons les macadams crading, les détritus, les flaques boueuses... Mais il y a aussi les lumières du huit décembre, les guirlandes et les vieux barbus en costume rouge. On boit du vin chaud et pour certains, on planche dur sur les examens. Dans cette variété d'ambiances hivernales, nous ressentons tous à un moment donné la même incertitude. Et si l'année suivante était meilleure ou pire que la précédente ? Et si on s'était planté sur les cadeaux ? C'est sur ce chemin de pensées que je vous ai trouvé notre auteure découverte. Au détour d'une orgie de marrons glacés, et de balades en tout genre, accueillons chaleureusement Jamreo. Elle qui sait si bien emballer ses décors pour partager avec nous des facettes étonnantes de cette réalité qui nous échappe.


L'écriture, une vieille histoire? Ca remonte à quand?

A vue de nez, je dirais que ça remonte à 8 ou 9 ans. A mon échelle on peut dire que c'est une vieille histoire, oui! Une histoire à rebondissements, avec des hauts et des bas, enfin, une histoire mouvementée. Peut-être un peu lourdingue et absurde puisque l'inspiration et le découragement n'ont pas vraiment de sens ni de raison d'être, que ce soit l'un ou l'autre, et pourtant ils sont là. Et coriaces, en plus de ça.

Pourquoi et pour qui écris-tu ?

Au début, c'était clairement pour me faire bien voir. Les brouillons allaient à mes parents et j'attendais d'eux qu'ils s'extasient. Il n'y avait pas d'autre motivation, mis à part l'envie de copier mes idoles, Colfer, Rowling, Pullman ...
Maintenant, j'écris avant tout pour moi-même. Je commence dans les moments où je me sens vraiment mal, histoire d'évacuer, de me détacher du réel et de ses petits malheurs. Les premières lignes ne sont là que pour cette raison. C'est ensuite que je peux décider de développer un texte (pas tous, loin de là!) : j'écris alors dans l'optique que ce sera apprécié, critiqué par d'autres, qu'il faut plaire si possible, ne pas décevoir.

Quels sont tes thèmes préférés ? Fantasy, Science-Fiction, Polar, Thriller, Société-réalité, Vie de tous les jours, etc. ?

Question difficile : j'ai tendance à ne pas du tout me préoccuper du genre, ou même du sujet. Ca arrive tout seul et c'est à la fin, quand j'ai un minimum de recul, que je me rends véritablement compte de ce que j'ai bien pu écrire. Enfin une chose est sûre, j'ai complètement lâché la fantasy qui était mon domaine de prédilection, plus jeune. Alors à l'exception de Cinq Lions de cendres, qui, très bizarrement, s'oriente vers une sorte de thriller pseudo-historico-politique … oui, je dirais que je m'attarde pas mal sur le quotidien. Qui est loin d'être toujours facile. C'est une source de frustrations, et donc d'inspiration, quasi-inépuisable.

Qu'est-ce que tu préfères écrire ? Les descriptions, les dialogues, les scènes d'action, etc. ?

Sans hésiter, les descriptions. A l'inverse j'ai du mal avec les dialogues, j'ai toujours l'impression d'être incapable de pondre la moindre réplique crédible ! Non, les descriptions donnent une dimension supplémentaire, visuelle, au texte. Je les aime d'autant plus que, depuis toujours, je perçois la musique en couleurs (bizarre, hein?), donc cette dimension visuelle a toujours été capitale. En écrivant, je passe du temps sur chaque détail qui pourrait donner l'impression de « voir » l'histoire, plus que de la lire.
Ce que j'aime beaucoup aussi, c'est m'attarder sur les pensées des personnages. Du coup, parfois, l'action peut paraître euh ... quasi-inexistante.

Quand ton premier lecteur t'a lue, quel effet ça t'a fait ?

J'avais une trouille bleue, je ne me sentais presque malade ! J'avais beau faire la maligne et arborer mes brouillons, je me suis rendue compte que laisser quelqu'un d'autre les lire, c'était comme ... confier un secret très intime. C'est rarement agréable de confier un secret à quelqu'un. Il faut forcément s'attendre à un jugement, même silencieux. Et c'est peut-être même pire quand il reste silencieux. Parce que finalement, tout ce qui importe, ce sont les avis vraiment sincères et francs. Pas les compliments à profusion rien que pour faire plaisir.
Aujourd'hui j'ai toujours une bonne dose d'appréhension ; la meilleure chose à faire, c'est de s'y habituer.

D'où tires-tu ton inspiration ?

Oh, ça peut partir de n'importe-quoi : une odeur, un paysage, une musique … c'est soudain et le problème, c'est que c'est aussi très fugace. Une sorte d'inspiration éclair, qui ne donne rien généralement: une fois devant ma page, voilà que je n'ai plus envie d'écrire. C'est frustrant! Et aucun moyen d'y échapper. Quand elle décide de me tomber dessus, ou de disparaître, je n'ai pas mon mot à dire.
Non, mon principal moteur reste la déprime, pure et dure. Pas parce que j'aime ça, mais parce qu'écrire permet de s'en délester, au moins temporairement.

Comment t'es venue l'idée d'écrire J&C ? Cette histoire a-t-elle une fin ou alors tu dois encore l'inventer ?

Ce n'est pas surprenant : c'est parti d'un gros malaise. J'étais dans ma brillante période lycée et l'envie de retranscrire quelques doutes et incertitudes est vite apparue. C'est l'époque où j'ai congédié le genre fantastique : pour J&C, les héros se devaient d'être banals, le monde de ressembler au mien, les ados de se mettre martel en tête pour un rien.
Plus particulièrement, l'écriture a été une réponse pacifique et silencieuse à l'homophobie rencontrée dans le milieu lycéen. Jean n'y est pas confrontée directement, du moins pas dans ce qui est raconté, mais ça peut expliquer son caractère sombre.
Je sais quelle fin aura l'histoire depuis un moment. Reste à l'écrire.

Question de fan : Jean est une fille très introvertie dotée d'une grande sensibilité. Elle est à ce point touchante et crédible qu'on ne peut que se demander si tu t'es inspirée d'une personne réelle ou non. C'est le cas ?

Me voilà démasquée ! En fait Jean me ressemble beaucoup. Je suis magnanime : je lui ai légué mes peurs, un brin de mauvais caractère et cette hypersensibilité qui complique tout, qui pousse à redouter le regard et la présence des autres. Partager des émotions ou lier contact sont deux choses terriblement angoissantes pour moi aussi. Jean est une sorte de « personnage-thérapie » : je peux observer quelques-uns des rouages de mon caractère ou de mes émotions, seulement, à distance respectable.
C'est un personnage à part dans ce sens. Par contre, comme tous les autres, elle conserve une part d'autonomie qui échappe à tout contrôle.

Tu aimerais voir tes textes publiés dans des livres ? Tu y penses aujourd'hui ou pas du tout ?

J'y ai pensé, mais plus aujourd'hui. En fait je me mettais une pression telle avec cette idée que j'en devenais presque fâchée avec l'écriture, ce n'était même plus agréable. Aujourd'hui on s'est réconciliées et je m'en suis fait une amie, alors je vais continuer d'écrire, mais pour le plaisir.
Pour tout dire, maintenant que le lycée est mort et enterré (sans rancune, paix à son âme), j'ai pas mal d'autres projets, dont la musique, qui me donnent déjà bien assez de fil à retordre.


Ainsi s'achève cette interview. On te souhaite beaucoup d'inspiration pour l'année à venir, Jamreo, et qu'elle prendra sa source ailleurs que dans tes coups de déprimes. L'équipe du journal Paen et moi-même te remercions pour ta participation à ce numéro qui a été très enrichissante ! Quant à vous chers lecteurs, on vous souhaite aussi de passer de bonnes fêtes de fin d'années et nos meilleurs vœux 2012 !

Enjoy !

Spilou

Paroles de Pros

Pour ce tout nouveau numéro, j’ai décidé de voyager un peu hors de nos frontières. La Belgique ne se trouvant qu’à une heure de vol à tire-d’aile, c’est sans hésiter que j’ai embarqué stylo et bloc-notes et que j’ai pris mon envol. Au pays des spéculoos, du chocolat et de la bière, je suis allée à la rencontre de Chloé des Lys, une association qui a une vision bien particulière de l’édition. Jugez plutôt.

Comment vous-est venue l’idée de monter l’association Chloé des Lys Éditions ?

Parce qu'à la base je suis moi-même auteur et qu'à part du compte d'auteur, on ne me proposait rien d'autre. Finalement, lors d'une rencontre avec le vice-président de l'Association des Écrivains Belges, ce dernier m'a suggéré de m'éditer seul dans un premier temps. L'idée qui m'est venue, c'est de créer une structure permettant aux auteurs de se faire connaître. Ça n'était donc pas une maison d'édition qui était visée.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre ligne éditoriale ? Quel genre privilégiez-vous ?

« Notre politique éditoriale est de ne pas en avoir ». Certes, on aurait pu pondre un texte pompeux et incompréhensible, pour faire bien et impressionner, mais ça n'est pas le but. Le but est de mettre le pied à l'étrier. Ca ne veut pas dire qu'on publie tout et n'importe quoi, loin de là. Ça n'aurait d'ailleurs aucun sens car, lors des services-presse envoyés aux critiques, si le livre n'est pas bon, il sera descendu en flammes.

Qu’attendez-vous des manuscrits qui vous parviennent ?

Qu'ils soient d'abord impeccables au niveau de l'orthographe, qu'on sente que l'auteur a pris la peine de se relire. Qu'il y ait du fond, du contenu. Autrement dit, on ne sortira pas le livre d'un homme politique parce qu'il est connu, mais on le sortira s'il a quelque chose d'intéressant à dire.

Chloé des Lys Éditions est belge. Accepteriez-vous des manuscrits venus d’autres pays francophones ?

France, Québec, Suisse, États-Unis : les auteurs viennent d'un peu partout, même si la France et la Belgique sont les pays où se trouvent principalement les auteurs de Chloé des Lys.

Quelles difficultés rencontrez-vous le plus souvent en tant qu’éditeur ?

Problèmes de temps, de logistique. Chloé des Lys est une asbl [NB : Association sans but lucratif] et pas une société : pas de personnel, tout se fait dans l'art de la débrouille et du système D, ce qui explique le temps que ça prend pour tout réaliser : de la réception du manuscrit à l'édition du livre...

La « politique » de Chloé des Lys s’appuie essentiellement sur la relation avec l’auteur. Selon vous, pourquoi est-il si important de placer l’auteur au centre du processus d’édition ?

Parce que le livre n'est pas tout : c'est l'auteur qui va, en première ligne, pouvoir défendre ce qu'il a écrit : c'est lui qui est le mieux placé pour en parler.

Comment est rémunéré un auteur que vous éditez ?

40% sur les bénéfices, avec un seuil minimum de 10% par exemplaire vendu. Mais aucun auteur ne peut en vivre. Il faut un boulot alimentaire à côté.

L’édition à compte d’auteur est à la mode depuis quelques années. Que pensez-vous de ce moyen auquel ont recours de plus en plus d’auteurs ?

Ça ne sert à rien, si ce n'est dépenser de l'argent et enrichir l'éditeur. Autant pratiquer l'autoédition. La politique chez Chloé des Lys est limpide à ce sujet : l'auteur n'a rien à débourser, hormis les exemplaires qu'il commande pour son usage personnel, sans aucune obligation d'achat.

Lancez-vous parfois des appels à texte ?

Jamais, sauf dans le cas des recueils collectifs, mais ils sont réservés aux auteurs de la maison.

Pour terminer, quel conseil donneriez-vous aux jeunes auteurs qui souhaitent tenter leur chance auprès des maisons d’édition ?

Bien se renseigner sur la maison d'édition : ne pas envoyer un recueil de poésie si la maison n'en publie pas par exemple. Savoir que les grosses maisons d'édition reçoivent plusieurs centaines de milliers de manuscrits par an et que l'écrémage est impitoyable. Refuser par principe le compte d'auteur. Et surtout ne pas se décourager...


Nous remercions Laurent Dumortier d’avoir eu la gentillesse de répondre à nos questions.

Intéressé(e) par l’asbl Chloé des Lys ? Vous pouvez vous aussi tenter votre chance en envoyant votre tapuscrit ou bien découvrir les nombreux ouvrages du catalogue. Pour en savoir plus, une seule adresse, le verdoyant site internet de Chloé des Lys : http://www.editionschloedeslys.be/ !

Quant à moi, je vous retrouve au prochain trimestre. D’ici-là, passez de joyeuses fêtes de fin d’année, et ne mangez pas trop de chocolat (même si on sait que c’est très bon, surtout le chocolat belge) !


La ptite Clo

Chroniques d'un Chaton Garou

(Je suis Ka) Cher moi(1),

Depuis mon évolution en Chaton-Garou digne d'un Pokémon, les hostilités n'ont fait que s'accélérer entre l'ignoble Dictateur H. et le vaillant combattant de la liberté que je suis. A cause de mes nouvelles quenottes aiguisées, me voilà donc exilée définitivement au Pôle Nord. Dur. Parce qu'il fait pas chaud et que les manchots, ils sont très gentils, mais ils ne font pas le Nesquik aussi bien que môman Cricri. Sans compter que les ours polaires, candides comme ils sont, pensent que je suis une proie facile. Je passe donc mon temps à houspiller les uns à cause de la mixture infâme qu'ils m'apportent et à griffer les autres pour rappeler qui est le patron.

La situation aurait pu durer longtemps comme ça. Les manchots auraient peut-être appris quelque chose et les ours, soit ils m'auraient laissée tranquille, soit ils se seraient éteints dans la souffrance(2). Sauf qu'on était fin décembre. Et qu'il ne fait pas bon pour un animal quadrupède d'être au Pôle Nord à ce moment-là.

C'est le moment où le Père Noël sévit(3).

Point de grands sourires et d'éclats de rire tonitruants. Non, ça c'est le marketing pour les enfants. Moi, j'ai vu le côté sombre du p'tit vieux et, croyez-moi, le Dictateur H. passerait presque pour un enfant de chœur à côté de lui ! Son renne Rodolph, il a tout compris(4) et, dès qu'il a pu, il s'est jeté dans les bras du premier chasseur venu !(5) Et qu'est-ce qu'il a fait, le Père Noël ? Il s'est cherché une nouvelle victime ! Les manchots et les ours polaires, ils sont pas idiots, ils se sont enfuis tout de suite. Mais moi, j'étais attachée, je ne pouvais pas !

Au début, j'ai cru à ces fadaises sur le Père Noël : il va être gentil, me mettre au chaud, me donner à boire et à manger. Après tout, je suis un chaton, c'est son rayon d'action les petits. Que nenni, ma brave dame ! J'ai à peine le temps de comprendre ce qui m'arrive que je me retrouve avec des bois trois fois trop lourds pour mon cou délicat et un énorme collier surmonté d'une laisse. Et voilà que le bedonnant vieillard se transforme en tortionnaire avec son fouet. « Plus vite, plus vite, on a du boulot ! » J'aimerais bien vous y voir, c'est lourd les cadeaux ! Surtout que les gosses, de nos jours, il veulent pas qu'une petite voiture ; ils veulent la ville entière avec voiture à taille réelle et tout et tout ! Et ça pèse trèèèès lourd.

Donc, la prochaine fois, si vous trouvez que vous avez pas eu assez de cadeaux, pensez au pauvre animal qui les traîne lamentablement derrière lui, fouetté, épuisé et malmené par tout ce qui est possible et inimaginable à travers le monde. Et n'oubliez pas de signer la pétition anti-Père Noël (qui ne vient naturellement pas de moi) et d'appeler la SPA !

Flammy

(1)Je suis pour le mouvement « Chaton-Garou pour tous ! »
(2)Qui a parlé de contacter la protection des animaux en voie de disparition ?
(3)Le premier qui pense « Chouette, cadeaux à volonté ! » se prend un coup de griffes sur la truffe !
(4)Il a Free !
(5)D'ailleurs, si vous avez pas eu de cadeaux cette année-la, c'est de sa faute !

jeudi 1 septembre 2011

Éditorial

Après la mise en place explosive d’une équipe d’animation sur Plume d’Argent, c’est au tour du PAen de faire sa rentrée littéraire ! Ce que j’aime, avec le mois de septembre, c’est qu’il annonce généralement le retour de l’hyperactivité scripturale. L’été, tout le monde part en vacances, on troque le stylo pour une limonade, ça s’assoupit un peu. Je ne sais pas si c’est la reprise des études, du boulot ou du chômage (biffez la mention inutile), mais avec l’automne, on se prend déjà à rêver d’ailleurs en regardant par la fenêtre. Les auteurs ressentent alors un furieux besoin de s’évader par l’écriture. Je suis certaine que cette année ne fera pas exception à la règle !

Alors, les plumes argentées, vous voulez savoir ce qu’il y a au menu du journal ?

J’ai décidé de taper forte avec ma nouvelle plume et astuce. J’y aborde le sujet le plus tabou de l’écriture, le Léviathan de la littérature, le cauchemar de tous les auteurs du monde : le plan. Avant de vous enfuir à toutes jambes, allez jeter un œil et n’hésitez pas à donner votre avis.

Avec Honey, vous remonterez dans le passé de la littérature jeunesse. Qui parmi vous n’a jamais entendu parler de miss Potter ? Non, non, non, pas Harry Potter. Béatrix Potter. Si son nom ne vous évoque rien, vous avez forcément vu ses petits lapins quelque part !

Je ne vous apprendrai rien en vous annonçant qu’une dragonne a rejoint les rangs de l’héroïque équipe journalistique. Dragonwing a pris la relève de la rubrique « À vos claviers ! » Pour le moment, elle n’a pas mis le feu aux bureaux, j’en déduis qu’elle se sent bien parmi nous. En tout cas, nous, on ne peut déjà plus se passer de ses services. Elle a mis un point d’honneur à dénicher des concours et des appels à texte susceptibles d’intéresser chaque plume - polar, romance, SFFF - avec toujours une belle récompense à la clef.

Vous connaissez certainement Terry Pratchett, l’auteur du monumental Disque-Monde. Mais connaissez-vous l’un de ses illustrateurs ? Comme les livres, c’est aussi des images, Saïph se fera un plaisir de vous initier !

Les fameuses interviews du PAen seront aussi au rendez-vous. SecretSpleen a trouvé un Imagineur unique en son genre : si vous ne l’avez jamais lu, c’est obligé que vous vous y mettiez sitôt après l’avoir écouté. Quant à Clo, notre petite fée, elle a soumis à son interrogatoire une personne de grande renommée dans le domaine de la littérature web. Je n’en dis pas plus, je vous réserve la surprise…

Et comme le PAen ne serait plus vraiment le PAen sans la chronique délirante du chaton-garou, vous allez pouvoir remonter aux origines du Mal, apprendre comment Flammy à finir par devenir... eh bien… Flammy, quoi.

Tout ceci n’est-il pas délicieusement appétissant ?


Cristal, rédactrice en chef

Plumes et Astuces

Improvisation VS organisation

Se lancer dans la rédaction d’une histoire, ce n’est pas sorcier. On a une chouette idée en tête, on tapote fébrilement son clavier, les personnages s’animent déjà sous nos yeux émerveillés, tout paraît couler de source. Passées les premières pages, c’est généralement là que les choses se corsent. Quelle direction la narration va-t-elle prendre ? Quelle évolution les personnages vont-ils suivre ? Comment retenir l’intérêt du lecteur tout au long du roman ? Deux choix s’offrent alors à l’auteur : il improvise à mesure que l’inspiration vient au risque d’accumuler les incohérences ou il s’enferme dans le canevas d’un plan détaillé au risque d’y perdre tout plaisir.

Certains ne surmontent pas ce dilemme. Ils accumulent des débuts d’histoire et franchi un certain cap, ça bloque. Il n’existe pas de recette miracle, mais comprendre les rouages de l’improvisation et de l’organisation peut aider à découvrir sa façon à soi de fonctionner.

L’ivresse de l’improvisation

Improviser, c’est ne se donner aucune contrainte, lâcher la bride de son imagination, aligner les mots sans anticiper la suite. Qui n’a pas déjà ressenti cet état de transe au moins une fois en écriture ? On est totalement emporté par le récit, les personnages prennent leur autonomie, on est le spectateur ébloui d’une histoire qui s’écrit d’elle-même. L’auteur devient son propre lecteur, il assiste au récit en vrai spectateur, ses doigts bougent tout seuls tandis que ses yeux s’écarquillent de surprise et d’émerveillement.

Cette expérience indicible et bouleversante, c’est elle qui provoque l’étincelle, le déclic, la passion de l’écriture. Celui qui l’a vécue cherchera alors à la revivre à nouveau, encore et encore. L’improvisation joue donc un rôle primordial dans l’acte d’écriture : elle désinhibe, donne de l’élan et entretient le feu sacré. Un auteur peut avoir besoin de ça pour garder goût à la plume.

Mais attention, ce plaisir-là suffit-il à écrire un bon roman ?

Cheveux sur la soupe et lieux communs

Si l’improvisation se prête plutôt bien à certains genres – le journal intime, l’envolée philosophique, la poésie – elle est piégeuse avec le roman. À moins que vous ne soyez capable, tel le chaton-garou, de retomber habilement sur vos pattes, improviser à tout va peut finir par vous jouer des tours.

Quand on improvise, on ne prévoit rien à l’avance (ou si peu) et ça peut donner lieu à des dérives. Les rencontres les plus improbables sont presque toujours le fruit du hasard. Le rythme de la narration est trop poussif ou trop hâtif. Les personnages se répètent ou se contredisent. Les énigmes sont résolues par un concours de circonstances parfaitement invraisemblable. Beaucoup de petits détails, que vous aviez mis là parce que ça faisait bien, ne seront finalement jamais exploités.

À force de tirer votre narration par les cheveux, vous allez soit vous décourager, soit décourager le lecteur.

Un autre piège qui vous pend au nez, c’est de plonger tête baissée dans les clichés. Votre récit fantastique aura son lot de prophéties faciles, d’élus tombés du ciel et d’aides providentielles. Votre romance traversera tous les passages obligés du genre – coup de foudre, quiproquos, jalousie, trahison, réconciliation, malentendus – de façon complètement convenue. Votre polar… non, un bon conseil, évitez vraiment d’improviser avec les polars.

Alors, un plan ?

Certains auteurs de Plume d’Argent ont un avis suffisamment tranché sur la question pour avoir fondé la ligue « anti-plan ». C’est une position qui peut se comprendre. Si l’on sait déjà ce qui va se produire, si les personnages ne sont plus capables de nous surprendre, si tout est joué d’avance, alors où est la magie de l’écriture ?

Mais avant toute chose, qu’est-ce qu’on entend par « plan » ? C’est un travail préalable à l’écriture où on construit l’ossature de l’histoire : la scène d’ouverture, la mise en place des éléments, les grandes étapes du récit, le dénouement.

Formulé ainsi, ça a l’air simple, mais il faut garder à l’esprit qu’une histoire, c’est un véritable microcosme. Que l’intrigue se déroule dans notre réalité ou non, il faut veiller à avoir une bonne maîtrise de son monde, même si ça ne se remarque pas à la lecture. Le contexte social, familial, politique, géographique, économique, culturel, religieux a son importance : ça implique de faire des recherches, de se documenter, de cogiter.

De plus, comme vos personnages ne sont pas des monolithes, ils vont évoluer au fil des événements. Vous avez autant de fils narratifs possibles que vous avez de personnages ! Ces fils interfèrent les uns avec les autres, créent des nœuds, se défont, se retrouvent, se cassent. Chaque protagoniste répond à une logique qui lui est propre et ses actions auront toujours des conséquences sur lui et sur les autres, fussent-elles minimes. Là, des fiches pourront être très précieuses pour développer votre galerie de personnages : leurs caractéristiques, leur passé, leur philosophie de la vie, mais aussi leurs petites manies et leurs hobbies.

Organisation : à chacun sa méthode

Faire un plan et s’y tenir, ça exige des efforts, de la discipline et de la persévérance. Ne dit-on pas d’ailleurs qu’écrire, c’est 10% d’inspiration pour 90% de transpiration ?

Ceci dit, pourquoi ne pourrait-on pas briser l’image rébarbative du plan ? Si vous êtes un peu geek, essayez les logiciels organisateurs (KeyNote et yWriter sont gratuits) : vous pouvez copier-coller facilement, intégrer des images, des photos, des liens internet… Si l’informatique vous inhibe, au contraire, un tiroir et du bon vieux papier feront aussi bien l’affaire. Notez vos idées, faites des pâtés dans la chronologie de votre trame, collez des post-it partout et concoctez un album photo des personnages. On peut s’organiser tout en restant un minimum désordonné… en vérité, que serait un artiste sans son chaos ?

Enfin, quoi qu’il arrive, n’oubliez pas de vous aménager une marge de liberté. Ne vous enfermez pas dans un canevas trop précis, faites de la place aux autres possibles. Votre héros doit aller d’un point A à un point B du récit, rencontrer tel personnage ? Il peut le faire de cent façons différentes ! N’y pensez pas trop à l’avance et le moment venu… improvisez. Et si vos personnages désobéissent et ne font pas ce qui était prévu dans le script, réadaptez le plan en conséquence.

Vous verrez alors votre travail récompensé par de purs instants de grâce.


Cristal

Il était une fois


On ne peut pas, à mon sens, créer une rubrique de littérature jeunesse sans passer par la biographie des plus illustres en ce domaine. Et afin de démarrer cette année PAenne en beauté, je vous propose une courte biographie d’une auteure-illustratrice incontournable de la littérature enfantine ; c’est-à-dire Béatrix Potter.

Helen Béatrix Potter est née en 1866 et provient d’une famille aisée de la bourgeoisie. À l’époque, les enfants de cette classe sociale étaient élevés à l’écart du monde par une gouvernante et rapidement envoyés en pension. Si bien que Béatrix souffre d’une grande solitude. Pour tromper son ennui, elle s’intéresse à la nature et parfait ses connaissances scientifiques auprès d’un oncle. Elle présentera ses travaux de recherche à la communauté de botanistes, mais sera reléguée au rang d’am
ateur par les scientifiques qui l’accusent d’être une femme, tout simplement.

Par la suite, encouragée par un de ses amis, Béatrix crée une série de cartes de vœux qui sera achetée par Hildesheimer & Faulkner en Allemagne. Elle devra toutefois patienter 7 ans avant qu’un de ses livres ne soit édité. D’ailleurs, c’est devant les refus successifs et parfois méprisants des éditeurs qu’elle entreprend de publier elle-même son premier recueil. Elle choisit alors un petit format de 15 cm pour ses livres, du papier résistant et surtout, des illustrations sur chaque page en noir et blanc. Elle en fait un premier tirage de 250 exemplaires qui sera un véritable succès. Par la suite, Frederick Warne & Co acceptera de publier Peter Rabbit avec des illustrations en couleur.

Béatrix Potter a 36 ans et vit toujours ch
ez ses parents, mais gagne sa vie pour la première fois. Une situation plutôt rare pour l’époque. Durant les dix années suivantes, 23 albums naitront de l’univers de Peter Rabbit. Béatrix est de plus en plus reconnue et se délivre lentement de la tutelle de ses parents.

Béatrix Potter reste célibataire jusqu’à l’âge de 47 ans. Elle épouse William Heelis et met fin à sa carrière ensuite. En effet, Béatrix souffre b
eaucoup moins de la solitude, délaisse peu à peu ses livres pour se consacrer à l’élevage des moutons.

Elle meurt le 22 décembre 1943 et laisse au fond du National Trust 14 fermes, 4000 acres de terre, ses moutons et ses lapins de qui elle dira qu’ils sont les descendants de Peter Rabbit.

Béatrix Potter était reconnue pour ses univers
cruels et sans artifices. Ses personnages, des lapins, n’entretenaient jamais de rapports édulcorés avec les humains. Si bien que le père de Peter Rabbit finit ses jours dans une tourte cuisinée par Madame McGegor. Béatrix était aussi persuadée que les enfants étaient sensibles aux mots utilisés. Elle n’a donc jamais voulu remplacer un mot compliqué par un plus simple mais moins précis.

Un film sur sa vie a été réalisé en 2006, m
ettant en vedette Renée Zellweger dans le rôle de Miss Potter.




Pour la liste complète de ses œuvres, rendez-vous sur Wikipédia.
Source : Wikipédia

Honey

À vos claviers

[Concours] Prix Pégase

Lien : http://www.bonnesnouvelles.net/pegase2012.htm

Organisateur : Ville de Maisons-Laffitte.

Genre littéraire : Tous genres.

Thème : « Sur le fil... ».

Format/Longueur : 8 à 14 pages de format A4 (soit une trentaine de lignes par page).

Modalités de soumission : Envoi par la Poste en 5 exemplaires, frais de participation de 9,60 euros uniquement payables par chèque.

Date maximum de soumission : 21 novembre 2011.

Bénéfices :
- Premier Prix, le Prix Pégase : un chèque d'un montant de 1000 €.
- Deuxième Prix, le Prix de la Société des Amis du Château : 2 chèques pour une valeur totale de 700 €.
- Troisième Prix, le Prix Spécial du Jury : un chèque de 400 €.
- Pour tous participants : Un exemplaire du recueil 2011.

[Concours] Fureur du Noir

Lien : http://www.bonnesnouvelles.net/fureurdunoiretmediathequedelic2011.htm

Organisateurs : Association Fureur du Noir (Lamballe) et Médiathèque de l’Ic (Pordic).

Genre littéraire : Noir ou policier.

Thème : Le mot « BLONDE » doit être le thème central du texte.

Format/Longueur : 15 pages au minimum et 25 pages au maximum de format A4, avec double interligne et composée en « Times New Roman » taille 12.

Modalités de soumission : Envoi par la Poste en 6 exemplaires, sans frais de participation.

Date maximum de soumission : 9 décembre 2011.

Bénéfices :
- Premier Prix : Les nouvelles des 3 premiers lauréats seront éditées en recueil et accompagneront une nouvelle de Jean-Bernard POUY. Publication par les éditions Terre de Brume en novembre 2012, après établissement d’un document contractuel avec les auteurs des nouvelles gagnantes.
- Deuxième Prix : Les auteurs des nouvelles arrivés en sélection finale (soit une quinzaine de nouvelles) recevront un recueil de leur choix de la collection « Granit noir » des éditions Terre de Brume, ainsi que le recueil 2012, « BLONDE ».

[Appel à textes] Anthologie Histoires d’Amour

Lien : http://sombres-rets.fr/appel-a-textes-pour-lanthologie-histoires-damour

Organisateurs : Editions Sombres Rets et portail littéraire OutreMonde.

Genre littéraire : Tous genres (sauf poésie et littérature jeunesse).

Thème : « Histoires d’Amour ».

Format/Longueur : 10 000 à 40 000 signes espaces comprises. Pour les consignes de présentation, consulter le lien.

Modalités de soumission : Envoi par mail (format .doc, .docx, .odt ou .rtf) via la page de contact de Sombres Rets.

Date maximum de soumission : 31 octobre 2011.

Bénéfice : Publication dans l’anthologie « Histoires d’Amour » (les auteurs se partagent 10% de droits d’auteurs calculés sur le prix hors-taxe du livre, ou choisissent un bon d’achat d’une valeur voisine chez Sombres Rets).

[Appel à textes] STUDIO BABEL N°2

Lien : http://babel-lgdm.forumpro.fr/t1339-studio-babel-n2#24056

Organisateur : Webzine Studio Babel.

Genre littéraire : Science-Fiction, Fantasy ou Fantastique.

Thèmes :
- La laverie du coin
- Profondeurs

Format/Longueur : Maximum 15 000 signes (environ 10 pages A4, double interligne, police Arial ou Times New Roman 12).

Modalités de soumission : Envoi par mail à jacqk@neuf.fr (format .doc ou .rtf).

Date maximum de soumission : 15 décembre 2011.

Bénéfice : Publication dans le webzine de janvier 2012.


Dragonwing

Dessine-moi une plume


Les vacances, enfin ! J'espérais pouvoir m'allonger dans l'herbe, mi-ombre, mi-soleil, et apprécier un roman dans la chaleur de l'été, mais c'est loupé. Juillet a été désespérément pluvieux et gris. Ce ne sera donc pas au jardin, mais au salon, dans un bon fauteuil passé d'âge que j'irai me blottir et nourrir mon estomac littéraire. Mais que lire ? Quelle couverture ?

Pas du sérieux, ni du trop réaliste. Voyons, voyons, regardons ces gros volumes qui, telle une fresque, colorent mes étagères.

Et pourquoi pas…



Rassurez-vous, je n'ai pas échangé ma limonade contre un alcool fort, l'image est bien à l'envers. Ainsi, on se met mieux à la place de cette pauvre tortue qui se débat pour se remettre sur ses pattes et échapper à cette grosse main prête à la saisir. En plus, dans ce sens, le ciel et les hommes paraissent des géants étouffants. J'avoue que je me suis un peu retrouvée dans cette tortue qui recherche le sol. Enfin, revenons à nos tortues… euh, pardon, à nos moutons ! Nous sommes là pour découvrir un nouvel illustrateur.

Il s'agit donc d'une illustration du Disque-Monde de Terry Pra
tchett. Quant au dessinateur, il n'est autre que Marc Simonetti.

L'homme :

Marc Simonetti est un illustrateur français né en 1977 à Lyon. Ancien ingénieur, il s'est d'abord reconverti dans le jeu vidéo en travaillant pour Activision, Sony, EA et Ubisoft. Ce n'est qu'après qu'il a plongé dans l'illustration en commençant par le jeu de rôle, puis le « covert art » (China Miéville, L'appel de Chtulhu, le trône de fer, le nom du vent…). Sa première expérience dans le monde des couvertures lui a été offerte il y a six ans par les éditions Pocket.

L'artiste :

Si le style utilisé pour illustrer le Disque-Monde est assez loufoque, Marc Simonetti sait aussi imager d'autres univers plus légers, voire plus sombres. Cette fois encore, il m'a été difficile de choisir une autre illustration à vous présenter. Comment choisir entre ses perspectives vertigineuses, ses ambiances inquiétantes et le mouvement qu'il insuffle ? N'hésitez donc pas à visiter son site : http://marcsimonetti.artworkfolio.com/



Avec quelle matière travaille-t-il pour obtenir un tel contraste et un tel réalisme ? N'essayez pas de trancher entre huile et acrylique, car c'est du « digital art ». Ah, ces ordinateurs ! Ils sont devenus une nouvelle texture à travailler au pinceau.

Si cette œuvre est dans les tons de bleu, n'allez pas croire que la palette de Marc Simonetti se borne à ces couleurs. Au contraire, il utilise tout le spectre et les associe selon l'ambiance qu'il souhaite créer. Ce qui m'a le plus marquée, ce sont ses paysages citadins, ses architectures luxuriantes, ses perspectives qui s'entremêlent et s'enchevêtrent tout en restant plausibles. Cela m'a rappelé les architectures impossibles de monsieur Escher. Si ce nom ne vous dit rien, je suis sûre que les gravures ne vous sont pas inconnues.

Sur ce, je retourne à ma lecture du Disque-Monde.

Votre dévouée,

Saïph

Nos Imagineurs

Chers lecteurs,

Il a été très difficile de vous trouver un imagineur ce mois-ci. Avec les précédentes plumes interviewées, la barre avait été placée haute. Très haute ! L'obtention d'imagineurs de qualité requiert en effet un alambic satisfaisant certaines conditions indispensables :
a) Il doit être dans le bain du site, accrocher notre attention vigilante.
b) Il doit permettre d'obtenir un intérêt constant, voire croissant, avec un postage régulier.
c) Il doit comporter un ustensile lui permettant d'écrire en toute circonstance ( indispensable quand on distille des intrigues relativement évoluées )
Les imagineurs traditionnels offrent une ou plusieurs vagues de postes, ce qui permet de tirer la substance de leurs textes avant éventuelles corrections, tout en profitant de résidus riches en informations. L'imagineur que je vous propose de découvrir ici distille ses mots avec des substances et essences très aromatiques. Il ne prime pas tant dans la quantité, que dans la qualité de ses crus originaux et fruités. Apprécions ensemble la saveur scripturale de Reb !


Qu'est-ce qui t'a donné envie d'écrire ?

Peut-être le fait de ne pas beaucoup parler. C'était comme ça dans mon enfance, j'en ai gardé l'habitude depuis.

Quels sont tes thèmes littéraires favoris ?

Ceux qui parlent de la vraie vie, moderne ou non. J'ai deux thèmes de prédilection, qui vont avec leurs auteurs respectifs : Les Etats-Unis d'un côté, et l'Irlande/Royaume-Uni de l'autre. Généralement (et c'est sans doute du au hasard des publications en français) mais concernant les Etats-Unis cela traite des classes aisées de New York ou Los Angeles, alors que pour le Royaume-Uni, ça parle des classes prolos. Ca doit être une histoire de fierté culturelle. Du coup j'ai deux extrêmes, qui au final se recoupent : la drogue, l'alcool, l'amitié, le désœuvrement, la solitude intellectuelle, l'amour qu'on porte à sa ville d'origine. On trouve ça dans les deux univers. Contrairement à ce qu'on pense, c'est très loin d'être ennuyeux.

Si un de tes livres devait être publié, il parlerait de quoi ?

De ces mêmes choses sûrement, avec une certaine dose d'images personnelles pour tourner tout ça à ma sauce. J'ai ce problème qui n'en est pas vraiment un et qui m'oblige en quelque sorte à mêler des anecdotes de ma vie à la vie de mes personnages ; le jeu c'est de savoir ce qui est vrai ou non. Après j'ai beaucoup d'idées de livres, quelque chose comme six ou sept, sérieuses j'entends. The First Harp en fait partie.

Si tu devais écrire un roman autour d'une phrase, quelle serait-elle ?

« I could believe in Heaven, if its allow to fuck and drink on it. » (Shane « God » MacGowan.)

Ce qui te plait le plus dans le fait d'écrire c'est : Raconter une histoire qui ait du sens ? Rédiger un texte avec des phrases très techniques et alambiquées ? Jongler avec les mots parce que tu les aimes ? Transmettre tes idées à d'autres ?

Je pense que ça serait plutôt raconter des histoires, tout simplement. Des histoires qui parlent, si possible, qui résonnent dans le vrai. Le cru, le violent des mots, ça me fait autant sinon plus rêver que les envolées lyriques. La technique j'y connais rien... Transmettre des idées, ça peut se faire. Tromper l'ennui, certainement pas, puisque j'adore m'ennuyer tant ça ne m'arrive jamais. Donc plutôt une histoire qui ait du sens, oui.

Comment t'es venue l'idée d'écrire The First Harp ? C'est une histoire longue ou courte ? Tu as déjà une fin en tête ?

Les personnages que je montre là viennent à la base d'un forum RP créé par ma copine et moi, mais dont l'histoire se situait dans un contexte beaucoup plus apocalyptique. J'avais envie d'écrire leur vie d'avant, leur vie « ordinaire », celle de Lesley en particulier puisqu'il s'agissait de mon personnage. D'ailleurs Ellis est le sien, et je ne le ferait pas agir sans le lui avoir demandé. Ce qui est « publié » pour l'instant absolument pas en ordre, car j'ai dans l'idée de tout réorganiser bien plus tard. C'était surtout histoire de voir ce que ça pouvait donner. Pour le reste, ça sera sans doute le plus long truc que j'ai jamais eu envie d'écrire, et quand à la fin je la cerne pas mal, je la connais même par cœur.

Question de fan : Nombre de tes histoires se déroulent au Royaume-Uni (Écosse ici)
et tu sembles particulièrement à l'aise pour ce qui est de relater la vie de ses habitants.
Alors dis-nous : procèdes-tu à de longues recherches pour donner à tes textes une dimension
humaine aussi fidèle à la réalité ?


Si j'ai l'air à l'aise pour le faire, alors j'en suis très fier ! Quant aux recherches, j'en fais, oui, en quelque sorte, via mes lectures surtout (vive les bouquins sur l'Histoire de l'Angleterre !) je porte aussi beaucoup d'intérêt à certains groupes de folk que je ne citerai pas et dont les paroles sont très révélatrices ; et pour les descriptions pures et cash des lieux je passe tout bonnement pas mal de temps sur Google Street, et ce dès qu'un nom de ville ou de rue apparaît dans une de mes histoires... j'ai toujours peur que les choses ne soient pas assez authentiques puisque je ne vis pas moi-même dans les endroits que j'aime raconter, alors je lis un maximum de choses là dessus. C'est super important de replacer les personnages dans un contexte historique et social réaliste. Cela dit, je ne me vois pas finir un projet qui se passe « ailleurs » sans y avoir passé un bon bout de temps moi-même, pour que ça sonne encore plus vrai. Du coup j'envisage sérieusement de m'exiler au Royaume-Uni dès que j'en aurai les moyens. Si, si.

Question de fan : Bases-tu tes descriptions sur des films ou des romans traitant de cet environnement ?

En partie. Ken Loach est une bonne grosse source d'inspiration concernant l'Irlande et l'Angleterre, au niveau des films. Pour les romans je dévore du John King et du Welsh pour l'Angleterre et l'Ecosse, je bouffe du Bret Ellis pour la Californie et j'avale littéralement tout ce que fait Jay McInerney pour la vie à New York. Les livres et les images nourrissent. Ca place les bases. Et comme dit Tyler Durden, tout est une copie d'une copie d'une copie... On invente jamais vraiment quoi que ce soit, personne.

Question de fan: Les relations entre tes personnages ne sont jamais simples. Ici, le lien entre les deux frères est l'élément central. Te semble-t-il essentiel de les rendre pas seulement complexes, mais aussi douloureuses pour conter leur histoire ?

Complexes, c'est important : il n'y a qu'à voir la plupart des best-sellers ou autres qui reposent sur des relations vraiment trop simples (meilleurs amis pour toujours, amour d'enfance à deux ronds, rival éternel...). Tout ça, ça m'ennuie. Les vraies relations entre les gens n'ont rien à voir avec ça, il y a toujours une part de non-dit ou de passif amer qui apporte de la substance. J'essaie de retranscrire ça autant que je le peux. Si ça doit être douloureux, ça l'est. Après tout, aucune relation n'est jamais entièrement rose non ?

Tu fais référence à l'alcool. Dans tes textes, dans ta biographie et signature sur le forum...
Tu tremperais même ta plume dedans parfois ! Pourquoi le choix de cette encre plutôt qu'une autre ?


Parce que l'alcool est très révélateur pour moi. C'est une drogue en vente libre qui ouvre l'esprit. Dans notre société, on cautionne le fait de se faire charcuter pour l'esthétisme, mais dès que la transformation touche l'esprit, ça devient quelque chose de totalement inacceptable. Pourtant, à mon sens, les substances qui modifient la perception ne contribuent qu'à rendre celle-là plus large; cela permet d'explorer d'autres sujets, d'autres facettes de soi-même. L'alcool est comme ça, l'alcool est une drogue aussi triste que joyeuse, pas comme l'héroïne par exemple. La vie des pubs, des bars, c'est la vie tout court. L'endroit où se croisent les gens, où on parle de tout, en surfant sur cette vague invisible qui t'emporte et fait passer le temps plus vite. J'adore l'alcool. Me concernant, c'est comme le passage à l'âge adulte. Le jour de ma première cuite j'ai sans doute compris beaucoup de choses. C'est aussi pour ça que Lesley est alcoolique ; parce que contrairement à ce qu'on pense, l'alcool est très poétique.


Notre interview s'achève ici. Remercions Reb qui a bien voulu répondre à nos questions ! Vous pourrez retrouver vos crus favoris sur le compte PA de notre ami, afin d'y déguster d'autres saveurs à divers degrés. Il est possible d'y plonger avec ou sans modération. Car l'abus de ces alcools n'est pas dangereux pour la santé. Toutefois nous ne garantissons pas le résultat sur vos esprits une fois imbibés.
A très bientôt pour un prochain numéro Paen !

Enjoy !

Spilou

Paroles de Pros

C’est malheureux à avouer, mais tous les éditeurs sont en vacances. Eh bah oui, quand on est éditeur, on finit toujours par ne plus voir en peinture les trois tonnes de manuscrits entassés sur son bureau et par courir vers le premier avion en direction de Bora Bora. Dieu merci, je ne recherche pas que des éditeurs (Quoi ?! Pour qu’on me donne un coup de balai dans l’arrière-train tout ça parce que je leur ai caché le soleil avec mes petites ailes pendant leur séance de bronzage ? Non, même pas en rêve je prends le risque !).

En tout cas, il est des Pros qui ne prennent pas toujours de vacances (ou alors très peu, hein, faut pas pousser Flammy dans les orties quand même), et qui veillent au grain tous les jours sur leur trésor bien-aimé. Pour ce numéro spécial rentrée, c’est le Grand-Manitou de PA qui a bien voulu m’ouvrir le capuchon de son pot de miel. Eh oui, plus de quatre ans ont passé depuis la mise en ligne de la Plume d’argent, et vous n’avez pas idée de l’envergure du projet avant même sa création. Heureusement, notre bienfaitrice (puisse-t-elle vivre pour toujours) nous livre tous les dessous d’un site communautaire.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle sait de quoi elle parle, Honey.



Chère Honey, nous te devons notre bien-aimée Plume d'Argent. Les grimoires disent que l'initiative de créer la PA que nous connaissons aujourd'hui t'es venue de ton expérience avec l'écriture sur des sites littéraires. Pourquoi as-tu voulu insister sur l'effet communautaire dès la création du site ?

J’ai toujours éprouvé une certaine frustration vis-à-vis des autres sites littéraires. Je trouvais que les membres manquaient de tact et de sensibilité dans leurs commentaires, que les modérateurs s’adressaient aux membres de façon agressive, sans tenir compte de la personne derrière l’écran. Il y avait une combativité ambiante que je tolérais très mal. J’ai donc fondé PA sur ce désir d’en faire une communauté où les gens se respectent, où l’agressivité n’a pas sa place et où tout le monde est conscient que derrière l’écran, il y a de vraies personnes. Des personnes qui prennent le temps d’écrire, de lire, de commenter et de répondre aux commentaires. Bref, un principe d’échanges basé sur le respect mutuel.

Un projet comme PA n'a probablement pas été facile à monter. Combien de temps t'a-t-il fallu au juste pour créer et mettre en place le site internet ?

Ah, je me souviens d’avoir perdu quelques plumes dans cette mise en place. Le script de base était en anglais. Il m’a donc fallu traduire le tout. Je dirais que cela a pris un bon deux mois pour le rendre fonctionnel. Ensuite, il a fallu faire connaitre PA. Ce qui a pris une bonne année.

Entre Fictions Plume d'Argent, le Fofo et le PAen, il y a de quoi devenir un chaton-garou ! Quelles sont les difficultés que rencontre un Grand Manitou comme toi au quotidien ?

Je dirais que mon défi, c’est la gestion de toutes les questions. Celles des modos, des membres, des journalistes de PA, des partenaires, etc…

PA grandit vite. Avec une moyenne de cent nouvelles plumes inscrites par an, ne serais-tu pas un poil effrayée par ce succès ?

Oui et non. Parfois, je me demande ce que sera PA dans quelques années. Si j’arriverai à gérer. Mais au final, j’évite de me mettre de la pression. Avant tout, PA doit rester une source de satisfaction. Et pour pallier mon manque de temps, je crée des groupes qui sont capables de prendre en charge certains aspects de PA. Comme les modératrices et les animateurs. Je dois dire aussi que j’ai une bonne équipe qui m’accompagne depuis les débuts de PA. Sunny a été une des premières inscrites, ainsi que Clochette. Quant à Cricri, ça fait déjà un bon moment qu’elle est avec nous, et Danette étant très dégourdie, elle apprend et réagit vite. Il y a donc une bonne dynamique entre nous. Finalement, j’ai pas mal d’aide et des plumes très engagées qui ne manquent pas d’énergie. Tout ne repose pas sur mes épaules et ça me permet de croire qu’on va y arriver.

As-tu de nouveaux projets pour PA ?

Toujours ! Pour l’instant, la mise en place de l’équipe d’animation est un grand projet. Je me concentre là-dessus.

Et que répondrais-tu à la rumeur sur les Éditions Plume d'Argent ?

Je dirais que nous serions assez fous pour le faire. Qui sait, peut-être un jour…

Quels conseils donnerais-tu aux Plumes qui souhaiteraient monter leur propre projet, littéraire ou de toute autre nature ?

Je pense que le pire ennemi d’un projet, c’est le temps. Au début, on est tellement motivé. Ensuite, les difficultés peuvent survenir et l’abattement aussi. Mais moi je dis qu’il faut garder le cap tout simplement. Éviter de regarder toute la montagne et avancer un pas à la fois. Puis, un jour on se retourne et on contemple tout le chemin parcouru avec stupéfaction. Et quand une chose ne marche pas, on réessaye différemment. Sans dramatiser. L’important, c’est aussi de trouver des sources de bonheur un peu partout dans sa vie. Amis, famille, étude, amoureux, plaisirs gourmands, les délires de PA, bref, toutes les petites choses qui peuvent nous aider à tenir le coup.

L'interview touche à sa fin ! Mais avant que je m'en aille, j'ai une dernière petite question... Entre nous, tu peux tout me dire... Pas trop difficile de supporter Flammy ?

Je pense que le plus difficile à supporter avec Flammy, ce sont tous ses MP d’amour qu’elle me fait parvenir en secret. Ses déclarations enflammées finissent par être un peu envahissantes. Elle veut tellement devenir mon chat de compagnie… Or, elle refuse d’aller chez le véto pour se faire limer les griffes. Moi j’ai un canapé tout neuf, je ne peux pas me permettre d’avoir un Garou qui a des rasoirs à la place des pattes. C’est difficile à accepter pour elle. Mais j’ai bon espoir que nous trouverons une solution. Pour l’instant, l’Alaska fait parfaitement l’affaire.



Et voilà. J’étais sûre que vous ne saviez même pas la Vérité sur Flammy (il faut toujours écouter la version de la victime du Chaton-Garou, toujours… Car Flammy exerce ce qu’on appelle « le culte de la personnalité », souvent utilisé par les plus grands dictateurs de ce monde, ce qui fait que les Plumes l’adulent sans trop savoir pourquoi).

Plus sérieusement, je profite de la fin de cet article pour remercier Honey, non seulement pour le temps qu’elle m’a accordé, mais aussi au nom de toutes les Plumes de PA, pour tout le travail qu’elle a accompli. C’est grâce à elle que nous nous sommes retrouvées ensemble sur cette communauté que l’on aime tant, et que l’on a pu découvrir des auteurs aussi extraordinaires qui font désormais notre quotidien.

Honey, we love you.


La ptite Clo

Chroniques d'un Chaton Garou

Cher(hissez) moi !(1)

Comme si la série noire n'était pas déjà assez longue, un nouvel évènement catastrophique venait de se produire ici-bas. La pleine lune. Alors que tout se passait pour le mieux dans le meilleur des mondes – j'étais attachée au fond du jardin avec mon panier(2) – un hurlement me réveilla pendant mon sommeil bien mérité. Angoissée, je commençai à malmener mon coussin tandis que les cris continuaient, ainsi que des bruits de lutte et d'autres non identifiés. Je ne dormis pas beaucoup cette nuit-là. Naturellement, le lendemain, dans sa constante injustice, l'ignoble Dictateur H. me punit une nouvelle fois pour cause de massacre injustifié, sans écouter aucune de mes plaintes et de mes craintes.

Deux heures plus tard, ce fut le drame. Lapinou Xay fut retrouvé mort, à moitié dévoré(3). Cette fois-ci, on m'écouta, mais le Dictateur H., toujours aussi borné et obtus quand il s'agit de moi, décréta que je ne disais que des âneries(4) et refusa de me croire. Pour peu, c'était ma faute, si, si ! Elle hésita d’ailleurs un moment à me faire passer au bûcher, comme si j'avais pu manger Lapinou en étant attachée au poteau ! Mais dans leur grande bonté, les autres Plumes s’opposèrent à ce projet et le Dictateur H. dut bien capituler sous peine de dévoiler sa vraie nature cachée.

Le massacre dura plusieurs jours. À chaque fois, dès l'obscurité tombée, j'entendais toujours les mêmes cris et les mêmes bruits. Parce que, bien sûr, pensant à la sécurité de tous, l'infâme Dictateur H. m'avait généreusement laissée attachée dehors à mon poteau. Une sorte d'appât pour attirer le monstre. Si, si, elle avait osé faire ça ! M'utiliser comme une vulgaire chèvre ! Heureusement, je ne devais pas être au goût du carnivore. Bientôt, grâce aux traces, on parvint à déterminer que le mangeur de viande crue(5) était parmi nous. Un feu flamba et on jeta dedans au pifomètre des pauvres innocents. Pourtant, les tueries continuaient.

Et moi, dans cette histoire ?(6) Eh bien, une nuit où je ne dormais toujours pas à cause de la peur et du moindre petit craquement de branche, quelqu'un m’attrapa par derrière. Avant que je ne comprenne quoi que ce soit, il me mordit. Depuis ce jour, il faut des chaînes en acier pour m'attacher au poteau. La laisse en cuir n’est plus assez résistante pour mes crocs rutilants.

C'est aussi accessoirement à partir de ce moment que je suis devenue un fier Chaton-Garou. Comme quoi, c'est la faute du Dictateur H. si je suis comme je suis maintenant. Il n’avait qu'à me laisser rentrer à l'intérieur. Na ! D'ailleurs, ça me rappelle que j'ai un village à terroriser. À une prochaine fois, donc, en espérant de meilleures nouvelles !

Flammy

(1) Chuis en manque d'amour, comme dirait l'autre.
(2) C'était la belle époque où j'avais encore de quoi me tenir chaud et où l'Alaska n'avait pas encore été découvert par le Dictateur H.
(3) Ce qui arriva de façon très régulière par la suite.
(4) Un numéro très animalier, pour promouvoir la cause des petites bêtes sans défense comme moi !
(5) Non non, Danette n'était pas encore là, c'est pas elle.
(6) Bah vi, y'a quand même que moi d'importante dans cette histoire.

vendredi 1 avril 2011

Une saison s’achève, une saison commence. Quand j’y repense, cet hiver a été plutôt calme chez nos douces plumes argentées. Oui, bon, à part la naissance d’un nouveau mouvement révolutionnaire... et à part la cérémonie des Plumes d’Or qui s’est presque transformée en orgie générale... et à part la pulvérisation du record francophone de flood sur notre forum… et à part la grande réunion musico-littéraire IRL chez Carmae dont on attend toujours les photos.

Bref, après un hiver globalement reposant, il est temps de se secouer un peu les plumes. Grand rangement de printemps ! Au placard, les pannes d’inspiration, les pages blanches et les idées qui tournent en rond. Débouchez vos stylos, chargez les cartouches ! Vous ne la sentez pas, cette fièvre littéraire qui flotte autour de vous comme un parfum euphorisant ? La nature se réveille : toute cette lumière, toutes ces couleurs, toute cette douceur, toutes ces allergies sont autant d’invitations à écrire.

Et quoi de mieux, pour donner un coup de plume à ce bel élan, qu’un nouveau numéro du PAen ? Notre petite équipe vous a réservé un cocktail vitaminé.*

Faites le plein de conseils avec bibi ! Au menu de mes Plumes et Astuces : « je suis maladroit mais je me soigne ». Vous verrez qu’une écriture fluide, ça ne coule pas toujours de source…

Faites le plein de piment avec Honey ! N’allez pas croire que la littérature jeunesse est brodée de fils blancs, oh que non. Certains auteurs nous font plonger dans des mondes si sulfureux qu’on en arrive à se poser la question : peut-on tout raconter aux enfants ?

Faites le plein de défis avec « à vos claviers » ! Appels à texte et concours à venir : c’est souvent en entrant par ces petites portes qu’on fait son entrée dans le monde de l’édition, ne l’oubliez pas.

Faites le plein de couleurs avec Saïph ! Elle vous fera pénétrer dans l’univers étrange et fascinant d’un illustrateur de Fantasy. Vous rêvez déjà d’une couverture pour votre roman ? Voilà de quoi donner de la matière à vos fantasmes…

Faites le plein de témoignages avec SecretSpleen et la ptite Clo ! L’une a interviewé pour vous une plume aux multiples facettes : vous la côtoyez chaque jour, mais connaissez-vous tous ses petits secrets ? L’autre est allée visiter les cimetières pour rencontrer la seule maison d’édition noctambule d’Europe… de quoi donner le sang à la bouche.

Enfin, faites le plein de rébellion (mais pas trop quand même) auprès de notre très narcissique et néanmoins indispensable chaton-garou ! Pour notre plus grand bonheur, Flammy continue d’éplucher les archives de Plume d’Argent à travers son journal pas intime du tout.

Sur ce, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne lecture.


Cristal, rédactrice en chef

*Le PAen décline toute responsabilité en cas d’effets secondaires indésirables (hyperactivité, insomnie, crise de folie passagère).

Plumes et Astuces

Je suis maladroit mais je me soigne

« Tes tournures sont bizarres », « je n’ai pas tout compris », « j’ai dû te relire deux fois » : quel auteur n’a pas reçu ce genre de réflexions un jour ? Qu’on soit plume débutante ou plume confirmée, avoir une écriture claire et fluide n’est pas aussi facile qu’il y paraît. C’est un travail de chaque instant, où il faut continuellement lâcher sa posture d’auteur pour se mettre dans la peau du lecteur. La forme doit parfaitement se fondre dans le fond… de même que la caméra d’un réalisateur doit être invisible aux yeux du spectateur !

Le plus difficile, c’est d’être conscient de ses maladresses et de savoir les repérer au moment d’écrire. Je vais aborder ici celles qu’on retrouve le plus souvent.

Un style trop pauvre

Cette lacune est plutôt propre aux grands débutants, ceux qui tournent autour des mêmes mots sans s’en rendre compte. Les termes choisis sont peu évocateurs : « il prend un objet », « elle parle à quelqu’un ». Les phrases sont émaillées de verbes pauvres : être, avoir, aller, mettre, faire. Il y a peu d’adjectifs et ceux-ci sont tellement passe-partout qu’ils veulent à la fois tout dire et rien dire : « c’était un bel endroit », « le pays est grand ».

Avec un style trop imprécis, l’imagination du lecteur n’a pas assez de matière pour se représenter les scènes du récit et pour saisir les nuances de la narration. Il est important de diversifier son vocabulaire afin d’être capable d’utiliser le bon mot au bon endroit. Pour cela, je vous conseille de beaucoup lire, d’être curieux de tout et d’avoir toujours un dictionnaire des synonymes à portée de main.

Un style trop fourni

C’est le travers inverse. Quand un auteur a développé une large palette de mots, la tentation est forte de tous les ressortir. Un nom n’est jamais assez précis à ses yeux, il y accole systématiquement des adjectifs et des adverbes. Les termes seront savants de préférence : par exemple, il ne dira jamais « bleu », mais « céruléen », « azuré » ou « turquin ». Enfin, cet auteur-là a développé une telle capacité lexicale qu’il lui sera intolérable de répéter deux fois le même mot dans le même chapitre…

Si vous vous reconnaissez dans ce portrait, gare à l’indigestion ! À vouloir être trop précis, vous surchargez à la fois votre texte et l’imagination du lecteur. Ne gardez dans une phrase que les mots qui y ajoutent du sens, évitez les fioritures, les décorations et le langage trop savant. De plus, si vous usez et abusez des synonymes, sachez que vous risquez de commettre des erreurs. Un mot ne peut jamais en remplacer totalement un autre, chacun possédant une signification unique.

Un style trop implicite

Ça, c’est l’auteur qui croit que le lecteur habite dans sa tête et qu’il lui suffit de s’exprimer à demi-mot, par allusions, pour être compris. Il écrit « les trottoirs sont déserts » : au lecteur de comprendre que la scène se déroule pendant la nuit. Il écrit « la jeune femme prit la parole » : au lecteur de deviner qui, des trois sœurs, est celle qui parle. Il écrit « en un éclair lumineux, il gagna le combat » : au lecteur de savoir que l’éclair lumineux fait allusion au soleil qui se reflète sur la lame de l’épée au moment où elle s’abat sur l’adversaire.

Ces ellipses sont souvent involontaires, l’auteur étourdi est tellement emporté par son élan au moment d’écrire qu’il saute des étapes essentielles à la compréhension de l’histoire. À celui-là je conseille de prendre tout son temps : ne sautez pas les transitions, revenez sur les détails importants et surtout, relisez-vous à tête reposée.

Quant à ceux qui ont fait de l’implicite un précepte d’écriture, sous prétexte que c’est aussi au lecteur de fournir des efforts, n’oubliez pas que nous n’avons pas tous la puissance de déduction de Sherlock Holmes. Un sous-entendu ne produit son petit effet que si votre interlocuteur peut le saisir : sinon, autant s’écrire à soi-même.

Un style trop inventif

Vouloir se démarquer par son originalité, faire preuve de créativité, ne pas écrire comme tout le monde : si l’idée est bonne, le ton est parfois trop forcé. À quoi reconnaît-on un hyper-inventif ? À ses expressions maison. Elles combinent les mots jusqu’à obtenir des associations improbables : « cette menace, à peine travestie, lui extorqua toute sa sueur », « la pauvre Suzie s’envola dans un sommeil d’encre », « l’homme m’encapa de ses prunelles en forme d’aiguilles ». Plus les mots sont détournés de leur sens d’origine, plus les images sont exagérées et plus l’hyper-inventif croit avoir développé une écriture personnelle.

Si ces fantaisies se prêtent à la poésie, elles se marient mal avec le roman. Votre lecteur ne vous appréciera pas s’il ne vous comprend pas. Être inventif, ce n’est pas refaire la langue française à sa sauce, c’est savoir assortir des mots simples de façon à produire dans l’esprit du lecteur une image réellement évocatrice. Et puis n’oubliez pas que votre originalité, c’est à l’intérieur de l’histoire qu’il faut la chercher, pas seulement à la surface des mots.

Lisez, lisez, lisez

Comme il est difficile d’avoir du recul sur sa propre écriture, et par conséquent de repérer ses maladresses, je conseille aux auteurs de lire très régulièrement. Littérature classique ou contemporaine, ouvrages de jeunesse ou répertoire adulte, peu importe : l’essentiel est d’adopter une lecture critique. Prenez des extraits ici et là, piochez au hasard, laissez de côté l’histoire et concentrez-vous sur la façon dont les écrivains tournent leurs phrases, choisissent leurs mots, animent leurs personnages, font naître des images, des couleurs, des odeurs, des pensées.

Certains styles vous parleront, d’autres ne vous parleront pas. C’est le signe que vous avez développé une approche personnelle de l’écriture. Lisez, analysez, essayez de cerner pourquoi telle plume vous plaît alors que telle autre vous hérisse, qu’est-ce qui donne du piment à votre lecture et qu’est-ce qui la rend fastidieuse.

Car finalement, lire, c’est comme se regarder dans un miroir : ça nous apprend à mieux nous voir.


Cristal