jeudi 1 mars 2012

Éditorial

Chères plumettes, chers plumeaux, voici l’événement que vous vous languissiez d’attendre : le nouveau numéro du PAen ! L’avantage de la formule trimestrielle, c’est que nous pouvons paraître au rythme des saisons. Cette fois, nous jouons le rôle des hirondelles qui, quoi qu’en disent les mauvaises langues, annoncent toujours le printemps.

L’hiver a été rude pour les auteurs. Passé l’émerveillement des premiers flocons, l’énergie baisse, la fatigue s’installe, l’inspiration s’endort. Pour en avoir discuté avec plusieurs d’entre vous, je sais qu’il y a eu des passages à vide et pas mal de pages blanches. C’est cela aussi, le quotidien d’un auteur : des pannes d’idées, des difficultés à gérer son temps… de grands tournants dans la vie, aussi. Je profite de cet éditorial pour saluer Dragonwing qui se lance dans l’écriture à plein temps : j’ai confiance en son potentiel pour devenir écrivaine professionnelle, mais j’admire son courage ! Rendons aussi hommage à toutes les plumes qui, pour se consacrer à leur passion, veillent tard le soir pour gratter quelques lignes, après une dure journée de labeur, avec parfois une famille à charge. Et n’oublions pas, enfin, les plumes qui doivent surmonter parfois de longs, d’interminables déserts de silence, qui ont soif de mots, qui ont faim d’évasion et qui souffrent de ne pouvoir consacrer à l’écriture que quelques heures par mois.

C’est pour tous ces auteurs courageux que l’équipe du PAen s’efforce de concocter des articles stimulants, enrichissants et divertissants.

Au menu du trimestre, « Plume et Astuce » se penche sur les mécanismes de la créativité. Et qui peut mieux nous conseiller qu’un hypercréatif ? Merci à Carmae pour sa contribution.

Malheureusement, pas de « Il était une fois » pour ce programme, mais nous pourrons goûter aux joies de la littérature jeunesse grâce à Saïph dans « Dessine-moi une Plume ». Bienvenue dans l’univers délicatissime d’Anne Romby...

Nouvelle année, nouveaux concours : Dragonwing vole à tire-d’aile pour récolter les meilleures affaires du moment. Des prix alléchants, des thèmes variés et l’occasion de faire connaître sa plume… et si vous étiez le prochain gagnant ? À vos claviers !

SecretSpleen, fidèle à son nom, ne me révèle l’Imagineur du trimestre qu’à la dernière minute. Je découvre donc son identité presque en même temps que vous, chers lecteurs. Et c’est… non, non, moi aussi, je vais me la jouer secrète. Allez, un indice : B comme brillante ; E comme élégante, A comme aventure. Vous avez trouvé ?

Dans « Paroles de Pros », La P’tite Clo nous a dégoté deux témoignages de choix, deux personnalités hors du commun, deux destinées croisées dignes des plus beaux romans d’amour. Sej et moi. Et nos chevilles vont très bien, merci.

Pour terminer votre lecture sur une note déjantée, ne manquez pas le dernier épisode des « Chroniques d’un Chaton Garou ». Tout y est scrupuleusement véridique. Ce ne sont pas les quelques champignons hallucinogènes qu’Honey verse dans la gamelle de Flammy qui remettront en cause sa crédibilité, n’est-ce pas ?

Et maintenant, comme dirait SecretSpleen : enjoy !

Cristal

Plumes et astuces

Comment stimuler sa créativité


Manque de temps, manque de tonus, manque d’inspiration : qui ne connaît pas cela ? Je me suis aperçue que nous étions nombreuses, nous les plumes, à être régulièrement confrontées à des blocages. Ce qui est rageant, c’est quand on arrive à se dégager du temps pour écrire, qu’on a bien son histoire en tête, que nos personnages nous manquent, qu’on sait ce qu’on doit taper sur le clavier et que… rien ne sort.

À quoi est-ce dû ? Comment surmonter la page blanche ? Ce sera le sujet de cet article. Pour l’occasion, j’ai eu un entretien éclairant avec Carmae, notre spécialiste en kinésiologie et artiste polyvalent.

Allô, allô, hémisphère droit ?

Commençons par une petite leçon de sciences. Notre cerveau est composé d’un hémisphère droit et d’un hémisphère gauche, vous ne l’ignorez pas. Mais saviez-vous qu’ils jouent chacun un rôle différent ? L’hémisphère gauche est le siège privilégié de la logique, de la rationalité, de l’analyse, de la rigueur. L’hémisphère droit est le centre de l’intuition, de l’imagination et de la créativité. Chacun contrôle le côté opposé du corps. « Hémisphère logique dominant : on fait les choses de façon séquentielle, avec un ordre établi, explique Carmae. Hémisphère intuitif dominant : on peut faire plusieurs choses en même, on fait comme ça vient. »

Pour écrire, un auteur a besoin d’un bon équilibre entre rigueur et imagination. Or, nous sommes nombreux à pratiquer un métier ou à suivre des études qui nous poussent à développer les capacités de notre hémisphère gauche, au détriment du droit. Ce mélange de logique jusqu’au-boutiste et de stress permanent étouffent notre créativité. Difficile alors de trouver le bon état d’esprit pour écrire !

Des mouvements pour se recentrer

Parce que nous sommes d’abord un corps, c’est à ce niveau-là qu’il faut commencer. Carmae nous recommande des petits exercices faciles à réaliser.

Le matin, au réveil, mettez votre corps en mouvement avec un peu de « crosscrawl » : c’est une marche sur place, en plus accentuée, où on va chercher à toucher son genou avec le coude opposé, alternativement, en impliquant le bassin, les épaules, etc. Au bout d’une trentaine de secondes, passez à « l’homocraw » : c’est la même chose, mais coude et genou du même côté. Ne vous interrompez pas en passant de l’un à l’autre, le but est de coordonner vos mouvements. Après trente secondes, revenez au crosscrawl. Respirez bien pendant l’exercice.

« Ça ne garantit pas de devenir best seller, plaisante Carmae. Mais en croisant la ligne médiane du corps, on facilite la communication entre les hémisphères du cerveau. L’effet est neurologique, pas magique. »

Vous pouvez enchaîner ensuite par trois massages. Debout, les pieds bien ancrés, dans une position confortable, posez votre main en cloche autour du nombril (comme si vous aviez cinq prises et que vous branchiez les doigts). De l’autre main, peu importe laquelle fait quoi, massez d’abord les creux sous les deux clavicules, en respirant profondément et en vous détendant. Puis, avec le pouce et l’index, massez les gencives du dessus et du dessous (sur la peau, ne mettez pas vos doigts dans la bouche). Enfin, massez toute la zone autour du coccyx.

Ces trois stimulations aident le cerveau à se remettre en ordre, car les zones correspondent à des trajets de méridiens : les clavicules agissent au niveau du néocortex (la partie du cerveau où naissent les idées, la réflexion et la créativité), la bouche au niveau du limbique (le centre des émotions) et le coccyx au niveau du cerveau reptilien (instinct de survie, réflexes, sexualité, capacité de concentration et de compréhension).

Lâchez prise !

Toute la semaine nous sommes soumis à une tension mentale. On apprend, on révise, on analyse, on déduit, on calcule, on évalue, etc. Et quand arrive le soir ou le week-end, alors qu’on a un peu de temps à soi, alors qu’on a décidé d’écrire, la page reste blanche. Pourquoi ? On a le temps, on a les idées, qu’est-ce qui coince ?

« Dans ces situations, on cherche avec notre mental, avec notre tête, et pas avec notre cœur, nous explique encore Carmae. Or, tout le jeu de l’écriture est de mettre la tête au service du cœur : l’énergie créatrice monte de là, et est formalisée en mots par le mental. Plus on réfléchit, pire c’est. »

Dans ces cas-là, s’obstiner ne sert à rien. Il faut accepter cet état de fait et passer à autre chose, essayer de trouver à quoi l’énergie du moment est la plus propice, ce qu’on a réellement envie de faire, ici et maintenant. Ne vous enferrez pas dans la frustration, lâchez prise ! Il s’agit de suivre le courant de votre énergie intérieure.

Et tandis que vous passez à autre chose – ménage, promenade, tricot, jardinage – laissez vagabonder vos pensées, rêvassez, plongez-vous en douceur dans une ambiance, mettez vos personnages en scène sans vous forcer. Si vous avez une idée, même un détail insignifiant, vous la notez et vous laissez reposer.

Carmae m’a dit quelque chose que je trouve très vrai : « Le processus d’écriture est vaste et ne se limite pas à écrire. Penser à ses personnages, c’est écrire. Se relire, c’est écrire. Se corriger, c’est écrire. » Alors ne culpabilisez pas si vous n’êtes pas devant le clavier !

Nourrissez votre créativité

Créer une histoire n’est pas le plus difficile : une fois lancé, il faut continuellement se renouveler pour stimuler le lecteur (et l’auteur !), page après page, chapitre après chapitre.

Or, les bonnes idées – celles qui vous remplissent d’excitation, celles qui vous donnent une envie impérieuse d’écrire – ne vous tombent pas direct dans la poche. Elles sont là, qui papillonnent en nous et tout autour de nous, mais il faut savoir les capter.

Comment ? Cultivez votre curiosité. Observez bien tout ce qui vous entoure : les voyageurs du bus, votre reflet dans la petite cuillère du matin, les couleurs changeantes du ciel. Ne restez pas à la surface des choses, soyez attentifs, émerveillez-vous comme au temps de votre enfance et laissez-vous surprendre. Ne vous enfermez pas toujours dans les mêmes rituels. La routine a du bon, car elle empêche l’énergie de se disperser, mais il faut savoir la briser et vivre des moments d’intensité. Chaque semaine, prenez une heure pour faire quelque chose d’inhabituel : aller à une expo, reprendre contact avec une vieille connaissance, visiter des recoins de votre région que vous ne connaissez pas, parcourir un livre que vous n’auriez jamais eu l’idée d’ouvrir. Voilà l’inspiration au sens propre : se remplir d’un air nouveau.

Encore merci à Carmae pour sa collaboration !

Cristal

À vos claviers

Chères Plumes, vous brûlez d’envie d’écrire un texte court ? Ça tombe bien, ces temps-ci plus que jamais, des tas de gens brûlent d’envie de vous lire ! Vite, à vos claviers !

[Concours] La tête à l’envers…
Lien : http://www.bonnesnouvelles.net/associationlapporteplume2012.htm
Organisateurs : L’association l’Apporte-Plume et la municipalité de Pontault Combault (Seine-et-Marne).
Genre littéraire : Tous.
Thème : Utiliser une expression figurée contenant une partie du corps, quelle qu’elle soit, qui devra être prise dans son sens le plus littéral. Ainsi il peut être question de quelqu’un qui a réellement la tête à l’envers, mais aussi pourquoi pas le cœur sur la main, un pied dans la tombe…
Longueur : Maximum 10 000 signes.
Modalités de soumission : Participation gratuite. Envoi par courrier en 2 exemplaires.
Date maximum de soumission : 30 avril 2012.
Bénéfices :
- Premier Prix : 150 € ; Second Prix : 100 € ; Troisième Prix : 50 €. Les trois lauréats recevront de plus un lot de livres, et leurs nouvelles seront publiées dans un recueil (sans qu’ils en perçoivent de droits d’auteur).
- Tous les participants recevront ce recueil.

[Concours] L'Encrier Renversé 2012
Lien : http://www.bonnesnouvelles.net/lencrierrenverse2012.htm
Organisateurs : La revue de nouvelles L’Encrier Renversé et la Ville de Castres.
Genre littéraire : Tous.
Thème : Libre.
Longueur : Maximum 15 pages (environ 22 500 signes).
Modalités de soumission : Participation gratuite pour les moins de 18 ans, sinon frais de 5 euros payables par chèque. Envoi par courrier en 4 exemplaires.
Date maximum de soumission : 15 mai 2012.
Bénéfices :
- Premier Prix : 800 € ; Second Prix : 350 € ; Troisième Prix : 250 €.
- Un prix indépendant de 150 €.
- Les dix premiers textes seront publiés dans le numéro « Spécial concours 2012 » de L’Encrier renversé. Les lauréats de la 4e à la 10e position en recevront un exemplaire gratuit.

[Concours] Prix du Jeune Écrivain 2012
Lien : http://www.pjef.net/
Organisateur : L’association du Prix du Jeune Écrivain.
Genre littéraire : Tous.
Thème : Libre.
Longueur : Entre 5 et 20 pages (environ 7 500 à 30 000 caractères, espaces non compris).
Modalités de soumission : Exclusivement ouvert aux jeunes âgés de 15 à 27 ans. Frais de participation de 15 euros payables par chèque. Envoi par courrier en 2 exemplaires.
Date maximum de soumission : 1er avril 2012 pour les candidats français. Pour les autres, je m’excuse d’avoir loupé le coche, malheureusement il est déjà trop tard !
Bénéfices :
- Les textes primés sont publiés dans un recueil. Les lauréats reçoivent des prix divers : voyages culturels, lots de livres, invitations au Salon du Livre de Paris…
- Tous les participants reçoivent une fiche de lecture par texte envoyé (maximum 2), ainsi qu’un exemplaire du recueil de l’année précédente.

[Appel à Textes] Différences
Lien : http://www.griffedencre.fr/spip.php?article713
Organisateur : Les éditions Griffes d’Encre.
Genre littéraire : Tous (exceptionnellement ; ce n’est pas la ligne d’édition habituelle de Griffes d’Encre).
Thème : Différences.
Longueur : Maximum 50 000 signes.
Modalités de soumission : Envoi par mail à anthologies@griffedencre.fr (détails sous « Guide de soumission » sur le site).
Date maximum de soumission : 30 juin 2012.
Bénéfice : Publication à compte d’éditeur dans une anthologie.

[Appel à Textes] Magie celtique
Lien : http://www.sortileges-editions.com/appelsatextes/index.html
Organisateur : Les éditions Sortilèges.
Genre littéraire : Fantasy ou fantastique.
Thème : La magie et les légendes celtes.
Longueur : Maximum 50 000 signes (textes un peu plus longs acceptés si cela se justifie).
Modalités de soumission : Envoi par mail à manuscrits@sortileges-editions.com (détails sur le site).
Date maximum de soumission : 20 mai 2012.
Bénéfice : Publication à compte d’éditeur dans une anthologie.

Dragonwing

Dessine-moi une plume

Un week-end de janvier comme les autres, c'est-à-dire dans le train entre deux villes, je faisais un petit listing des illustrateurs que je vous avais déjà présentés. Une conclusion s'est alors imposée : je n'avais parlé que d'artistes masculins. Mince, je ne suis pas féministe, mais il était temps de rétablir l'équilibre. Forte de cette idée, j'ai quitté le quai de gare et rejoint le véhicule familial. Au lieu du trajet habituel, la voiture s'est rendue à la médiathèque. "Ça te dérange ?" m'a demandé ma mère. Au contraire, une bibliothèque, ça tombait à pic ! Mais je ne savais pas à quel point le hasard pouvait vraiment bien faire les choses. Deux bourrasques glacées plus loin, la porte automatique s'est ouverte sur le hall où se tiennent toujours les expositions. Voici celle qui m'attendait.

L'artiste du jour :

Dans des cadres, protégées par de belles vitres, des illustrations chaudes, d'une finesse et d'un relief incroyables. Il s'agissait des travaux d'Anne Romby.



La Femme :

C'est dans un village de Picardie que naît Anne Romby en 1959. Elle s'imprègne de la magie de l'enfance et des richesses qu'offre la nature. Elle étudie les beaux arts à Saint Quentin, puis à Reims et enfin les arts décoratifs à Strasbourg dont elle sort diplômée et primée tant en illustration qu’en gravure. Le premier ouvrage qu'elle illustre utilise d'ailleurs la technique de la gravure (cf. article sur Léon Benett). Le catalogue de ses travaux est large, je citerai seulement Le génie du Pousse-pousse et Le Prince de Venise de Jean Comes Noguès, Zhao, L’enfant peintre et Peau d’Âne d’Anne Jonas, La Belle et la Bête de Madame de Beaumont et Fleur de Cendre d’Annick Combier.

L'artiste :

Revenons plus en détail, car cela ne manque pas sur les illustrations d'Anne Romby. Premièrement, la chaleur de ses œuvres. La plupart de ses travaux s'appuient sur un large fond uni, de couleur bleue ou jaune le plus souvent. Ces fonds ont pour première volonté d'accueillir le texte de l'histoire. Cependant, il offre au dessin un contraste et une dimension différente. A contrario de ces grandes plages d'évasion, chaque vêtement sera très méticuleusement travaillé et orné au blanc, au jaune ou au noir. Ces arabesques fines et condensées donnent une première texture.

Cependant, concernant l'effet de matière, Anne Romby a une autre corde à son arc. Ce qui m'a le plus étonnée, c'est le relief et la finesse. Finesse qui, une fois le nez collé à l'œuvre, parait inhumaine. La meilleure dentellière aurait jalousé une telle maitrise et une telle vision. En fait, Anne Romby n'utilise pas seulement de la peinture, elle utilise aussi toute une palette de papiers (texturé, de soie, chiffon, murier,…) qu'elle superpose et plisse, ainsi que des feuilles desséchées (disamare, noisetier,…) où seules les nervures diaphanes apparaissent. Regardez attentivement cette illustration.



Il reste une dernière chose à mentionner pour avoir fait le tour des principales caractéristiques des illustrations d'Anne Romby : la délicatesse des visages et des mains. Les doigts sont fins, les pommettes saillantes, les yeux lumineux.

Anne Romby se décrit comme une funambule de l'image. Je pense qu'elle mérite bien ce titre.

Votre dévouée,

Saïph

Nos Imagineurs

L'Imagineuse que je vous propose de découvrir en partie grâce à cette interview baigne dans l'écriture depuis sa plus tendre enfance. Que voulez-vous, à cinq ans, nombre des préjugés et idées reçues ne sont pas encore germées. Pas de mauvaises herbes pour étrangler votre imagination, personne pour vous dire "Ma pauvre fille ! Tu divagues !". Et si le spectre de l'école commence à presser son poids écrasant sur votre ciboulot, l'innocence et la malice restent vos alliés pour un temps précieux quoi que déjà condamné. Alors imaginez un peu ! Un être très jeune qui s'essaie à l'écriture pour donner une forme réelle à ses rêves, balbutiant avec un stylo bic... quel formidable potentiel ! Lequel va ensuite grandir en même temps que cette personne, refusant de se taire ou de sombrer dans l'oubli avec le temps et l'éducation. Issue de l'âge tendre et précieux, l'écriture de notre invitée promet bien des merveilles. Et elle accepte de partager avec nous un peu de son expérience, ses points de vue, son parcours de conteuse qui s'est déclaré si tôt et perdure malgré ce fumeux qu-en-dira-t-on ( pour notre plus grand bonheur, on dirait bien qu'il a perdu la bataille d'en faire une personne banale et silencieuse, celui-là !).
Accueillons donc Béatrix !

1) Depuis combien de temps écris-tu ?

J’ai écrit mon premier texte de « fiction » à cinq ans, mais j’ai vraiment commencé à m’y mettre « sérieusement » il y a environ 25 ans, à l’âge de treize ou quatorze ans, quand j’ai commencé à lire essentiellement de la science-fiction et de la fantasy. Mais malgré des dizaines de projets de romans, de sagas même, j’allais rarement au delà de quelques chapitres… Je ne suis vraiment passée à la vitesse supérieure qu’il y a deux ans, en me lançant dans la web-publication.


2) Depuis quand publies-tu tes écrits sur le Net ?

Depuis décembre 2009 exactement. J’ai découvert par hasard, en cherchant des fanfictions basées sur Galactica 1978, un site de webséries en anglais (même si j’ignorais comment ça s’appelait…) et j’ai trouvé l’idée sympathique. Je me suis donc lancée dans la publication de Paradis XXIV, une websérie de science-fiction, sur un site personnel créé à cet effet. Puis je suis entrée aux Werewolf Studios en tant qu'auteur au printemps 2010 et j'ai commencé à publier sur PA en avril 2011.


3) A qui s'adressent tes Fictions ? Pour qui les écris-tu ?

A tous ceux qui ont envie de les lire… ? J’aime assez me voir comme une conteuse. Je ne pense pas viser de public spécifique, même s’il s’agit de littérature de genre (fantasy, science-fiction, fantastique…). L’Héritage de l’Exploreur pourrait sans doute convenir à un public adolescent et j’aimerais que mes enfants prenne un jour plaisir à le lire ! Je ne nie pas non plus écrire aussi pour moi, parce que j’y prends plaisir et que cela me permet de délester ma tête de quelques uns des univers qui la peuplent !


4) Es-tu du genre à voir les scènes dans ta tête comme un film, un rêve, une BD, un manga ?

Sans cesse ! Les mots ont énormément d’importance, mais j’ai un grand besoin de visualiser ce que j’imagine, et de faire partager ces images à mes lecteurs. Instinctivement, je les conçois plus comme des images de film, mais cela peut arriver ponctuellement que j’essaie d’imaginer une scène en BD ou en manga – mais c’est en général un choix délibéré.


5) Quelle est la chose la plus difficile à faire pour toi ? Des scènes de descriptions ou d'action, de longs monologues, démarrer ou achever tes romans ?

Achever ! Je n’ai jamais achevé de récits au format « roman ». Ces deux dernières années, j’ai appris à maîtriser les formats courts – il me reste à apprivoiser les formats longs !
Pour le reste, la description est pour moi un exercice facile et extrêmement plaisant, le monologue et les introspections ne me posent pas de problèmes. J’ai plus de mal avec les scènes d’actions, car elles sont difficile à rendre claires et fluides, et je suis souvent paralysée par mon soucis d’exactitude et de crédibilité.

6) Dans l'Héritage de l'Exploreur, tu dépeins un univers inconnu, une civilisation sur le déclin, et une technologie propre à l'histoire avec des mots techniques parfois inventés. Tout est là pour nous immerger dans ton monde... D'où tout cela t'est-il venu ?

Je me suis prise d’amour pour le Steampunk (ce genre basé sur un XIXe siècle alternatif avec une technologie à la Jules Verne). Je souhaitais écrire dans ce type d’univers dont j’adore l’ambiance et l’esthétique, à la croisée des mondes entre le roman historique, la science-fiction rétro-futuriste et le fantastique. Je suis plus à l’aise dans les univers secondaires (c'est-à-dire, en bref, les mondes qui ne sont pas le nôtre) : l’Héritage ne se déroule pas sur la bonne vieille terre que nous connaissons, mais dans un monde un peu surnaturel.

7) Toujours dans l'Héritage on découvre, à travers les yeux d'une poignée de personnages indépendants, la cité Silberleut et ses habitants, ainsi que des mots étranges totalement inventés : les Graus, les Fochebels, le Nebel... Tout est entièrement déductible du contexte et pourtant tu juges nécessaire de les définir en fin de chapitre. Pourquoi ce choix ?

Quand j’ai publié Paradis XXIV, la première critique un peu « dure » que j’ai eue concernait les mots inventés qui traînaient un peu partout. Les autres lecteurs, plus habitués à lire de la SF, les déduisaient aisément mais cette lectrice avait du mal à les assimiler. J’ai choisi d’assortir chaque chapitre d’un index des nouveaux mots rencontrés. J’ai appliqué le même usage à l’Héritage. C’est bien pratique même pour moi aussi, car il m’est plus facile de garder le fils des termes que j’invente, à partir de mot allemands, anglais et français déformés.

8) Destines-tu ce roman à l'édition ou restera-t-il uniquement sur Werewolf Studio et Plume d'Argent ?

En général, je ne pense pas vraiment à l’édition. Je ne suis même pas sûre de terminer, même si les grandes lignes de l’histoire existent dans ma tête et que j’espère pouvoir arriver au bout !
Mes fictions ne sont pas de celles qui attirent aisément le public ou qui rentrent dans un créneau populaire. Je n'ai pas envie de faire une collection de lettres de refus de la part des maisons d'édition à qui je proposerais mes œuvres. Pour moi l'écriture doit rester un plaisir. Par contre, qui sait... si un éditeur vient à moi...


9) Question de Fan : La petite Framke a-t-elle un don d'Handesel ou est-elle une gamine ordinaire ( malgré son caractère bouillonnant et son tempérament lumineux!)

Ce n’est pas un secret : Framke ne possède aucun des dons d’Handesel. C’est une gamine « normale » mais comme tu l’as bien exprimé, elle est forte, volontaire et c’est une survivante ! Qui a besoin de dons avec un tel tempérament ?

10) Question de Fan : Le beau et arrogant Nigel Deepriver arrivera-t-il à dévergonder la belle et frigide Cornelli Braubrunnen ?

Ahem... Encore faudrait-il que Nigel soit capable de dévergonder qui que ce soit : les apparences ne reflètent pas forcément la réalité. Nigel est-il si arrogant, Cornelle est-elle si froide ? Le chapitre suivant devrait être assez révélateur sur cet aspect des choses. Je pense que tout au moins, Nigel pourrait l'amener à s'ouvrir un peu ; d'autant que pour Cornelli, il fait partie des personnes « socialement convenables ».

Ici s'achève l'interview, mais les mots continueront de filer à travers les écrits de notre invitée. N'hésitez pas à lire ses œuvres sur Plume d'Argent ou Werewolf Studios si le cœur vous en dit ! Je te remercie tout particulièrement, Béatrix, d'avoir participé à ce numéro PAen. Je profite d'ailleurs de l'occasion pour vous annoncer que ma prochaine interview sera la dernière. Dialoguer avec les Plumes d'un numéro à un autre est une expérience d'échange et de partage très intéressante, humaine et enrichissante à tout point de vue. J'ai pris énormément de plaisir à découvrir et questionner chacun de ceux qui ont été interviewés auparavant. J'espère que celui ou celle qui me remplacera aura l'occasion de s'amuser autant sinon plus que moi-même.

Enjoy !

Secretspleen

Paroles de Pros

Au moment de Noël, elles ont fait scandale. Elles ont déclenché un grand cyclone qui s’est violemment déchaîné sur la Plume d’argent. Elles sont à l’origine de la hausse des visites sur Lulu.com et du déferlement hystérique des Plumes sur le Forum. Elles ont… publié la Passe-Miroir. Eh oui, pour les ramollis du cerveau qui auraient loupé l’Évènement, la grande odyssée d’Ophélie s’entame dès à présent dans le monde de l’édition, avec aux commandes Cristal, un auteur fantastique (sans mauvais jeu de mot), et Sej, savante grenouille des Éditions echows. Et rien que pour vous : la rencontre avec ces deux mordues du boulot.

Pour commencer, Sej, pourrais-tu nous rappeler le principe des Éditions echows et d’où t’en est venue l’idée ? Et toi Cristal, pourrais-tu nous révéler ce qui t’a poussé à sauter le pas de l’édition et à accepter de collaborer avec la plus sadique des grenouilles ?

Sej : Les Éditions echows sont nées sur un annuaire de webséries écrites (proches cousines des fictions en ligne). L'annuaire en question - echows - proposait divers projets autour des webséries inscrites : book clubs, magazine en ligne, webséries awards. Il ne manquait plus qu'à passer de l'écran au papier pour que ce soit complet... Echows n'a malheureusement pas tenu le coup contre les attaques acharnées de (saloperies de) hackers qui ont finalement réussi à faire fermer le site. Sauf que je me retrouvais avec ces éditions sur les bras, encore toutes jeunes. Mon premier réflexe a été de les enterrer dignement vu qu'elles n'avaient plus tellement de raison d'être sans l'annuaire. Puis, après réflexion, et grâce à Cricri qui m'avait confié la PM pour publication, j'ai décidé d'adapter les Éditions echows en une plateforme plus généraliste, ouverte à toutes les fictions du net. À présent, le principe d'echows est donc assez simple - n'importe qui peut nous proposer sa fiction pour publication. Il faut bien sûr respecter quelques règles comme une orthographe correcte (on est là pour aider l'auteur à transformer sa création en chose à feuilles, pas pour récrire son roman), et c'est à peu près tout. Ensuite, nous nous occupons de relire le "manuscrit", de chasser toutes les coquilles (sauf les plus vicieuses qui se cachent vraiment bien *regard suspect*), de faire une mise en page, une couverture et de créer physiquement le livre sur lulu.

Cristal : Saviez-vous que les grenouilles ont l’ouïe très fine ? Sur le forum, j’ai dit une fois que j’aimerais bien proposer à mon proche entourage une version papier de la Passe-Miroir. L’instant d’après, je concluais un pacte avec le dia… avec la grande Coasseuse. Pour moi, le plus important était de laisser la Passe-Miroir en libre accès sur Plume d’Argent ; Sej l’entendait bien comme ça. Je n’ai jamais regretté d’avoir accepté son offre.

S : Les grenouilles viennent d'ailleurs, ma chère Cricri... Et elles ont des yeux et des oreilles partouuut. La prochaine étape, c'est de lire tes pensées et d'enfin savoir si... pardon, je m'égare.

Sej, te voilà devenue éditrice ! Quels ont été les obstacles que tu as rencontrés sur ton chemin ?

S : Éditrice, pas vraiment vraiment. Echows, c'est une aide à l'autopublication. Le boulot d'éditrice est bien plus compliqué (enfin, j'imagine *grand sourire*). Par exemple, quand je relis un texte en vue de la publication, je ne vais pas corriger le fond qui est laissé sous la responsabilité de l'auteur, juste la forme. Cela dit, ça prend déjà pas mal de temps, et quand on bosse à côté, ce n'est pas toujours facile de se motiver le soir, en rentrant après avoir passé la journée à lutter contre des sites vicieux. Il y a aussi, bien évidemment, la difficulté de la création du livre. Je n'ai aucune formation en rapport avec ça. Un beau jour, je me suis juste improvisée metteuse en page, en fouillant dans ma bibliothèque, en cherchant sur internet, en testant, retestant, reretestant jusqu'à arriver au résultat qu'on a aujourd'hui. Il n'est certes pas encore parfait, mais en comparant au début, il n'y a vraiment pas photo sur l'évolution *sourire Colgate* Cela dit, tenir dans ses mains le bouquin sur lequel on a travaillé pendant des mois, ça vaut bien quelques heures de sommeil en moins !

Qu’est-ce ça fait de tenir son propre livre dans ses mains (le sang de son sang, la chair de sa chair, rappelons-le !), Cricri ?

C : Jusqu’à la dernière seconde, je n’ai pas vraiment réalisé. C’est au moment d’ouvrir le colis, de palper le livre, de sentir son odeur, de faire rouler les pages sous mes doigts que je me suis sentie soudain émue. J’avais déjà imprimé quelques pages par le passé, mais là, c’était un vrai LIVRE. Sej a fait un travail remarquable. La mise en page, la présentation, le design : c’est de la qualité professionnelle.

Passée la joie, j’ai eu le trac. Je n’ai même pas osé survoler le texte des yeux tellement j’avais peur de voir une erreur, une maladresse, une énorme bourde. Bon, il s’est avéré qu’il y en a quand même eu, et c’est entièrement ma faute, mais je me suis sentie soudain pleine d’une nouvelle responsabilité. Des plumes s’étaient procurées ce livre, elles avaient cassé la tirelire pour la Passe-Miroir, je ne pouvais pas les décevoir.

On imagine bien que les mois passés à retaper la P-M n’a pas été facile à vivre tous les jours ? Pouvez-vous nous raconter les tribulations de l’éditeur en train d’éditer, et de l’auteur en train de se faire éditer ?

C : Ah, ce fut mémorable ! Je ne sous-estimerai plus jamais le travail de réécriture. Ça m’a demandé une année entière. Je n’ai pas tenu les délais auxquels je m’étais d’abord engagée. Sej a été extrêmement compréhensive, elle ne m’a jamais mis la pression. Bon, sauf quand nous avons décidé de boucler le roman avant Noël. Là, elle m’a conduite dans la plus solide cage de sa plus profonde cave et… elle s’y est enfermée avec moi. Je n’oublierai pas les échanges frénétiques de mails que nous avons eus, moi écrivant, elle lisant, moi corrigeant, elle relisant. En même temps, ça m’a formidablement stimulée. C’était un vrai travail d’équipe. Et quelle joie quand on est enfin arrivées au bout ! Nous étions épuisées, dans un état de délabrement nerveux, mais tellement soulagées…

S : Eh bien, moi, personnellement, je me suis ré-ga-lée *grand sourire*. Le boulot de Cricri était impressionnant, elle n'avait pas récrit la PM, elle avait tout tombé pour donner quelque chose d'encore meilleur. Quant aux délais, je crois qu'on a été deux à les ignorer pas mal. L'overbookage, c'est le maaaal. Mais, comme l'a dit Cricri, vers Noël, on s'est dit que ça avait bien assez trainé et qu'il fallait - nom de nom ! - qu'on finisse tout ça. Là, je vais passer les détails, ça a été assez violent, je risquerais d'en choquer plus d'un...

Vous est-il arrivé de vouloir trucider un personnage de la P-M au cours du travail de réécriture/relecture ? Par exemple, et pour ne citer que lui de façon tout à fait aléatoire… Patafix (NB : Farouk) ?

C : Farouk ne faisant qu’une très brève apparition (certainement l’apparition de trop à ton goût, Clo), je n’ai rien à lui reprocher pour ce Livre. Nous en reparlerons pour le prochain tome. En revanche, j’ai beaucoup, beaucoup de griefs contre Bérénice. Cette femme m’a rendue folle : comment peut-on être aussi puérile à son âge ? Je ne sais pas pour toi, Sej, mais moi, je ne peux plus la voir en peinture. Je suis d’ailleurs certaine que ça se ressent à la lecture.

S : Mais non, elle est adorable, Bérénice... Faut pas taper dessus, elle te servira encore. En fait, tous les personnages de la PM sont tellement savoureux chacun à leur manière que je serais bien incapable d'en détester un (bon, Farouk faisant évidemment exception à la règle, mais c'est pas encore flagrant à ce niveau du récit). Mais ce que j'ai surtout apprécié dans cette récriture, c'est le développement du monde et de sa physique. Vous pouvez pas savoir à quel point ça me perturbait la nuit sur ces Arches qui - en tout logique - auraient dû être éclairées par en-dessous...

La célèbre question de Parole de Pros : votre avis sur l’édition à compte d’auteur ?

C : J’ai toujours entendu dire qu’il fallait s’en méfier comme de la peste. Un auteur ne doit pas payer pour être publié et pour écouler lui-même ses stocks. Mieux vaut encore s’auto-publier. C’est pourquoi je trouve que Sej propose une alternative intéressante. Honnêtement, je ne sais pas si j’aurais eu le courage de me motiver toute seule pour publier mon livre via Lulu.com. C’est tout à fait possible, mais ça exige de se prendre en main tout seul : se lire, se relire, faire sa mise en page, se re-relire, concocter une couverture attrayante, se re-re-relire, etc.

S : À éviter ? A vrai dire, comme je ne me suis jamais intéressée à cette partie de l'édition, je ne sais pas grand chose dessus. Ce que je sais, c'est que si on avait demandé à des auteurs de nous payer pour qu'on les publie, ça aurait été moche et on aurait pas eu grand monde !

Et maintenant que la Passe-Miroir est éditée pour le plus grand bonheur de PA, quels sont vos projets ? Sej, travailles-tu sur d’autres ouvrages ? Cricri, j’ai ouï dire qu’avant de te consacrer à la publication du prochain tome, tu allais d’abord mettre un point final à la P-M. Dites-moi la vérité ou je crie.

C : Oui, je voudrais vraiment terminer la Passe-Miroir, à présent. Quitte à retravailler le grand final au moment de passer à l’étape publication, il faut que j’avance. Je m’aperçois que je suis incapable d’écrire et de réécrire en même temps : quand je me lance sur des rails, je dois aller jusqu’au bout et ne pas changer de voie entretemps. Alors je sais qu’inconsciemment, je n’ai pas envie de mettre un terme à l’aventure, mais je ne peux pas me défiler plus longtemps. Promis, avant mes cent ans comptés, ce sera chose faite.

S : Je ne travaille sur rien actuellement, mais plus pour très longtemps. J'avais parlé du fait qu'au printemps, j'allais publier le deuxième tome de ma saga grenouillesque sur echows, je suis donc en train de préparer le terrain. En parallèle, j'ai le grand plaisir de vous annoncer qu'une nouvelle Plume s'est laissé tenter par mes yeux doux et que son ouvrage rejoindra donc les étagères d'echows d'ici l'été. Et à côté de ça, nous avons aussi deux-trois possibles publications prévues pour la fin de l'année et on cogite dur sur l'organisation d'un appel à textes.

Pour finir, quels conseils en tout genre donneriez-vous aux Plumes par rapport à votre première expérience dans l’édition ?

C : Relisez-vous. Oui, j’ai été un peu traumatisée par les coquilles que j’ai laissées derrière moi. Plus sérieusement, ne perdez jamais de vue votre principal objectif : le plaisir. OK, il faut écrire une histoire qualité. OK, il faut donner le meilleur de soi-même. OK, il faut être cohérent, attentif, structuré. Mais prenez du plaisir à ce que vous faites, mettez-y tout votre cœur : c’est cela que vous transmettrez à votre lecteur. Si vous vous enfermez dans une logique de productivité (« je dois publier un livre tous les six mois »), de rendement (« je dois vendre au moins X livres »), de reconnaissance (« je veux devenir célèbre »), vous risquez de passer à côté de l’essentiel. Que la Plume soit avec vous !

S : Relisez-vous, que diable ! Et écrivez pour le plaisir, le texte n'en sera que meilleur. Et puis, n'oubliez pas qu'en définitive, tout fonctionnera pour vous si (et seulement si) vous partez de suite, là, maintenant, sauver les grenouilles du Surinam !


Et c’est à ce moment-là, qu’en principe, ceux qui n’ont pas (encore) commandé la P-M se ruent sur Lulu.com pour faire quelques emplettes dignes de ce nom… Et que ceux qui écrivent tentent de contacter en douce Sej pour lui faire confiance (grave erreur ?). Dans tous les cas, je remercie chaudement nos deux pimprenelles pour m’avoir accordée cette interview, et je vous invite à ne pas louper LE site internet indispensable où vous pourrez vous procurez le sésame de Cricri qui vous ouvrira le chemin vers le Miroir : http://www.editions-echows.fr/

On se dit à très vite les Plumes, et faites attention, il y a une grenouille bizarre derrière vous.

La ptite Clo

Chroniques d'un Chaton Garou

Che (Guevara) moi !(1)

Après s'être servi de moi comme d'un vulgaire renne, le Père Noël n'a même pas eu la décence de me ramener chez moi. Non, non. Ce tyran, ce père idéologique du Dictateur H. m'a juste largué sans autre forme de procès à la fin de sa tournée. Pouf, le Chaton ! On le laisse et on s'enfuit le plus rapidement possible. Voilà comment je me suis retrouvée au Japon. Certes, ça aurait pu être pire. Ils connaissent le poisson là-bas et ils en abusent assez pour que mes papilles délicates survivent sans le Nesquik et la bonne pâtée préparée par môman Cricri. Mais voilà, ça manque de panier, de coussins et de gratouilles derrière les oreilles.

Alors que je noyais mon désespoir dans les makis et que j’entretenais mon désir de vengeance envers le Dictateur H dans les sashimis, un Sushi essaya de se faire la malle de mon assiette. Un instant, je pensai avoir légèrement abusé de poisson pas frais, et je décidai de régler le problème en montrant au fuyard le chemin de mon estomac en gobage express(2). Mais le Sushi se rebella et commença à parler. S’ensuivit une longue conversation pas très intéressante sur le pourquoi du comment je ne devais pas le manger. Ça ne m’avait pas vraiment convaincu. Mais alors que j’allais appliquer la sentence de peine de mort par digestion, je levai les yeux et remarquai un détail subtil qui aurait échappé à beaucoup.

Il n’y avait plus personne dans le restaurant.

Visiblement, les Sushis parlants faisaient fuir les gens(3). Une idée germa dans mon esprit. Si un Sushi parlant pouvait m’aider à obtenir un repas gratuit, il pouvait aussi m’aider à retourner chez moi et à me venger enfin de l’affreux Dictateur H. De manière assez surprenante - je n’y croyais guère au début - le Sushi en sursis m’aida bel et bien à rentrer au bercail. On parle de pistolets, de bombes et d'autres objets pointus et explosifs pour détourner un avion ; pour moi, un Sushi parlant a suffi à détourner la Cloche de Pâques de sa tournée pour me déposer chez moi. D’ailleurs, il n’était pas mauvais le Lapin de Pâques. Dommage qu’on n'ait plus de chocolats ensuite, mais je ne ferai pas l’erreur du Père Noël deux fois de suite, foie de moi !(4)

Me voilà donc prête à passer à l’attaque avec mon Sushi parlant. Je pris le chemin de la citadelle du démon, m’introduisis dedans grâce à ma souplesse et à mon agilité de Chaton et me retrouvai pour une lutte épique dans la plus haute tour du château sombre. Un malheureux éternuement du mal incarné suffit pour que mon Sushi parlant se transforme... en être humain ! Encore loupé. Et me revoilà au poteau.

Cette histoire aura quand même eu un point positif. Le Sushi, renommé par lui-même Shaoran après cette aventure, croit toujours que c’est à moi qu’il doit sa vie humaine et il a donc décidé de devenir mon apprenti. Comme quoi, une dignité de perdue et un élève de trouvé. Même si l’élève était plus utile et efficace en Sushi. Et surtout plus appétissant.

Flammy


(1)L'un de mes premiers étudiants en dominatatation du monde.
(2)Qui est gratuit ! Je suis généreuse, hein ?
(3)Et non pas les fous qui parlent avec, qu’est-ce que vous croyez ?
(4)Je préfèrerais nettement le garder, il paraît que ça sert. Donc pas de défi, hein ?