lundi 2 juillet 2012

Edito

Non, non, non, nous ne sommes absolument pas en retard. Ou si peu. Si vous trouvez des traces de café et de transpiration sur cette page, ne vous inquiétez pas, ça fait partie du design. Il se trouve, chers lecteurs, que pour ce numéro, nous n’avons rien fait comme d’habitude. Ce n’est pas un hors-série, je dirais plutôt un… hors-norme.

Pour commencer, je vous ai concocté une de ces Plumes et Astuces, vous pouvez préparer l’aspirine. Je me suis embarquée dans une réflexion philosophico-métaphysique sur l’écriture, je me demande encore où je suis allée pêcher tout ça.

Une fois que vous serez bien imprégnés de mes beaux discours, Honey va complètement casser mes effets. Je vous mets au défi de la lire de bout en bout sans vous tordre de rire. N’y vois rien de vexant, Pot de miel suprême, mais là, tu as vraiment fait fort.

Notre dragon y a aussi mis du sien avec sa sélection de concours. Parmi les prix à gagner… du vin, ni plus ni moins. Avis aux gourmets et aux p’tite voix !

Malheureusement pour nous, nos deux intervieweuses font leur sortie de scène aujourd’hui. Mais alors, elles quittent le journal en beauté ! De toutes les plumes argentées, SecretSpleen nous a dégoté l’Imagineur le plus cachotier et le plus énigmatique. Quant à La ptite Clo, elle a volé vraiment très haut et vraiment très loin pour vous trouver un témoignage de premier choix : celui d’un rêve devenu réalité.

Hélas, pas de Chroniques du Chaton Garou pour cette fois ! Ne saurons-nous donc jamais si, oui ou non, Flammy est parvenue à dominanater le monde et renverser le Dictateur H ? Ah, attendez… on m’annonce que les Chroniques paraîtront malgré tout. Un ultime retournement de situation ?

Enfin, nous ne pouvions décemment pas faire l’impasse sur l’IRL. Pour les plumes qui ont vécu sur une autre planète ou pour celles qui viennent de débarquer sur la nôtre, je rappelle qu’un grand rassemblement s’est tenu chez Vefree ce mois de mai. Dix-sept plumes argentées réunies en un même lieu, du jamais vu. Pour la circonstance, Saïph et moi, nous avons décidé d’en narrer les grandes lignes dans notre petit PAen.

Un hors-norme, comme je vous disais. Toute l’équipe des plumes-porters vous souhaite une savoureuse lecture !


Cristal, rédactrice en chef

Plumes et Astuces

L’enfant, l’adolescent et l’adulte qui sont en vous



Ou comment puiser dans l’ensemble de notre vécu tout le matériau de l’écriture. Je m’interroge souvent sur la façon d’être « complète », d’offrir une histoire au contenu-miroir, une réflexion qui renvoie le lecteur à ce qu’il y a de plus essentiel en lui, d’entrer en résonnance avec à la fois le corps, le cœur et la tête. J’ai alors pensé à trois étapes symboliques de la vie : l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte.

Les sensations pures de l’enfance

Je ne sais pas pour vous mais moi, quand j’étais gosse, je ne me projetais ni dans le passé, ni dans l’avenir. Je vivais intensément le moment présent. Pas de timing, pas de projets, non, juste le soleil sur la peau, l’odeur du sable, le goût du Nutella, l’excitation du jeu.

Je pense que retrouver cet état d’âme, ne serait-ce que de façon éphémère, est important. Une acuité des sens où le mental n’a pas son mot à dire. Une strate de l’existence où tout prend un relief nouveau, chaque son, chaque couleur, chaque parfum. Ce peut être chez soi, dans le confort de la maison, tout en savourant un air de musique. Ce peut être au cours d’une promenade dans la nature. Ce peut être aussi, soyons fous, en faisant de l’exercice : respirer, bouger, suer, vivre à fond dans son corps. Ça peut se produire à n’importe quel moment agréable, festif, convivial, lumineux. Ne pas se soucier de la montre, juste vivre l’instant présent en portant un regard attentif, intense sur tout ce qui nous entoure.

En se rendant réceptif à ce monde de sensations pures, un auteur peut donner à ses histoires une atmosphère plus étoffée, plus juste, plus tactile, plus colorée. Il donnera du corps au récit.

Ce serait aussi une façon de "capturer" ces petites étincelles du présent, se les réapproprier, les figer dans l’écriture. Alors, oui, certes, je sais bien comment le processus fonctionne. Sur le coup, on aura beau essayer de trouver le ton juste, de se rapprocher de cet état de « grâce », de traduire en mots ces petits fragments d’éternité, on ne ressentira qu’une grande frustration : on aura l’impression d’avoir pâli la réalité, de l’avoir amoindrie, mutilée, appauvrie.

Mais plus tard, lorsque vous vous serez suffisamment détaché du texte pour l’oublier un peu, lorsque vous le relirez avec un regard neuf, alors seulement, ça vous claquera au visage. Vous verrez au-delà des mots, au-delà de la page en noir et blanc, au-delà de cet espace en deux dimensions, tout ce que le texte évoquait réellement pour vous au moment où vous l’écriviez. Chaque verbe, chaque adjectif agira comme un support à votre imagination, comme des stimuli qui vous feront revivre toutes les sensations cachées derrière le texte.

L’éveil sentimental de l’adolescence

Les émotions fortes de l’enfance, la joie, la tristesse, la peur, font place au royaume des sentiments avec l’adolescence. Tout devient plus compliqué, plus douloureux. Les premiers émois de l’amour, la quête absolue de l’amitié, la mélancolie et le mal-être. Le frottement avec le monde nous met à fleur de peau, les livres nous bouleversent, le regard des autres nous obsède.

Cette extrême sensibilité, si elle possède un double-tranchant, gagne à être préservée, entretenue, ravivée à travers l’acte d’écriture. Une histoire dépourvue de sentiments serait tellement glacée ! Ce qui fait qu’on s’attache tellement aux personnages, qu’on s’identifie à eux, qu’on les aime ou qu’on les déteste, c’est à travers cette charge d’émotions que ça se joue. Les sentiments qu’ils éprouvent et qu’ils nous inspirent, les relations qui se tissent entre eux.

Le ressenti des personnages, et tout particulièrement du narrateur, doit faire l’objet d’une attention particulière.

Pour cela, chers auteurs, il faut tremper sa chemise. Nous devons faire remonter à la surface nos sentiments à nous, car on ne parle bien que de ce qu’on connaît. Si votre personnage aime, vous devez aimer avec lui. S’il souffre, vous devez souffrir avec lui. Il ne faut pas avoir peur non plus de donner un coup de tisonnier dans les cendres et de réveiller en soi les sentiments les moins nobles, les moins avouables : la jalousie, la rancœur, l’orgueil, les lâchetés…

Encore une fois, écrire implique d’être plus observateur, plus attentif, plus honnête que jamais. Ici, il ne s’agit pas de tendre à fusionner avec le « dehors », à s’effacer et à se taire pour écouter le monde, mais au contraire à regarder en face notre réalité intérieure, le tissu de notre subjectivité, notre ressenti personnel. Car à travers le langage de l’écriture, on peut dresser des passerelles entre notre subjectivité et celle de nos lecteurs : partager ce que nous avons de plus intime, se mettre à nu, être d’une sincérité absolue pour les toucher, les émouvoir, leur parler de cœur à cœur.

Les réflexions philosophiques de l’âge adulte

Ce que j’entends par là, c’est la « teneur intellectuelle » d’une histoire, le travail de réflexion vers lequel elle mène à travers les ressorts de l’intrigue et les personnages. Que votre roman soit fantastique ou non n’est pas tellement important : les genres de l’imaginaire peuvent aussi, via les symboles, conduire à réfléchir sur soi, sur les autres et sur le monde.

L’aventure pour l’aventure, le sentimentalisme pour le sentimentalisme, c’est se priver d’une dimension importante. Je pense que nous avons tous un message à transmettre. Je ne parle pas de faire de vos histoires des fables à morale, hein, mais de les articuler autour de thèmes fondateurs.

Quelques exemples ? La quête de Soi. Chaque personnage a une quête intérieure, incarne une certaine conception de la vie, tend vers un idéal ou un désir (qui peut être inconscient ou destructeur). Cela demande d’effectuer un portrait psychologique poussé de vos personnages, d’être capable de vous fondre dans la peau de chacun et de cerner leurs motivations profondes. Cela vous amènera à vous interroger sur vos propres valeurs, mais aussi à vous mettre à la place des autres : les écouter, chercher à les comprendre, essayer d’appréhender leur monde intérieur.

Il y a aussi, comme thèmes possibles, l’amour et la haine, l’amitié et la jalousie, la famille et la société, bref, tout ce qui compose notre rapport aux autres. Et là encore, il s’agit de le faire le plus authentiquement possible, en évitant de verser dans les relations idéalisées. Vos personnages peuvent se frictionner entre eux, se blesser, se réconcilier, se méprendre, s’expliquer, se passer à côté, se retrouver, exactement comme dans la vie.

Notre écriture doit interpeler, faire écho chez le lecteur, lui offrir une matière réfléchissante pour qu’il porte un regard nouveau sur lui, sur sa réalité. Vous avez le pouvoir, vous, auteurs, d’attiser en lui ce qu’il porte de meilleur, lui inspirer l’envie d’aimer sa réalité, quelle qu’elle soit, et de prendre la vie à bras le corps. Vous pouvez le pousser à prendre du recul sur son train-train quotidien et s’interroger sur ce qui est réellement important.

C’est valable pour vous aussi, chers auteurs. Écrire peut vous donner envie de vivre et vivre peut vous donner envie d’écrire, comme un sablier sans cesse retourné !


Cristal

Il était une fois...

Des histoires, il y en a pour tous les goûts et pour tous les sujets. Des histoires de vilains, des histoires de monstres et même des histoires de… caca. Eh bien oui, vous avez bien lu. Je vous parlerai aujourd’hui de merde. Donc, si quelqu’un se préparait à déguster une bonne baguette jambon-beurre, je décline toute responsabilité.

Mais qui voudrait bien lire des histoires de crottes, me direz-vous ? Bonne question. À ceci, je répondrai qu’à chaque passage obligé, on y retrouve une histoire dédiée. On a des histoires sur la mort, sur l’adoption, sur la sexualité et même sur les crottes de nez. Parce que le monde de l’enfance n’est pas seulement peuplé de fées et de dragons. Une situation des plus banale peut être une excellente source de curiosité. Et c’est ainsi qu’on retrouve une belle brochette de livres assez crados dans les rayons de nos libraires.

Je vous rassure tout de suite, je ne parle pas d’albums faisant l’apologie du caca. Pas tant que ça, non plus. En fait, on y parle surtout de processus digestif, du pourquoi on doit aller à la toilette et minou aussi, par la même occasion. Car non, les enfants ne naissent d’office pas avec ce savoir mystérieux. Il y aussi des livres visant à dédramatiser cet évènement. Car le pot peut-être un passage ardu chez certains marmousets.

Bref, vous l’aurez compris, il y en a pour tous les goûts et ce qui se passe aux toilettes est loin d’être aussi insignifiant qu’on le croit. Donc, en terminant, je vous laisse sur quelques lectures fort intéressantes qui, si elles ne vous sont pas utiles, auront au moins l’heur de vous faire sourire. Sur ce, je vous souhaite un bel été…

Le Grand Voyage de Monsieur Caca

Manger une pomme ! Rien de plus simple ! On croque, ça craque, on avale, et voilà ! Mais après, qu’arrive-t-il ?

C’est le début d’une longue histoire, celle du grand voyage de Monsieur Caca. Voyage un peu compliqué, fait de nombreuses rencontres, qui finit généralement bien !




Qu'y a-t-il dans ta couche ?

Bébé souris est terriblement curieuse. Elle veut toujours tout savoir, même ce qu'il y a dans la couche de ses amis ! mais toi, bébé souris, où as-tu fait ta crotte ? un livre plein d'humour pour apprendre la propreté.




Tous les cacas

On ne savait pas qu'il y avait autant de cacas différents! Un livre très instructif dans ce domaine !

 


Honey

A vos claviers

L’été, enfin ! Que vous soyez en vacances ou coincé au boulot, voilà l’époque idéale pour laisser son esprit vagabonder… et pourquoi pas la plume à la main ?
Les villes se réveillent ; prêtez l’oreille près de chez vous, qui sait, il y a peut-être un concours de nouvelles qui s’organise ! Et jetez donc un œil sur cette offre croustillante d’Univers Poche. Miam miam !

[Concours] Apocalypse
Lien : http://www.welovewords.com/contests/apocalypse
Organisateurs : L’éditeur Univers Poche et le site WeLoveWords.
Thème : Les derniers jours avant la fin du monde (voir la description complète sur le site ci-dessus).
Longueur : 3 épisodes de 10 000 signes chacun.
Modalités de soumission : Inscription et envoi sur le site WeLoveWords.com.
Date maximum de soumission : 14 août 2012.
Bénéfice : Un contrat d’édition chez Univers Poche (voir le règlement du concours pour les montants des droits d’auteur) et une avance de 1500€ sur les droits.

[Concours] Ville d'Anzin-Saint-Aubin
Lien : http://www.bonnesnouvelles.net/anzinsaintaubin2012.htm
Organisateur : La ville d'Anzin-Saint-Aubin (Pas-de-Calais).
Genre littéraire : Tous.
Thème : La nouvelle doit s’inspirer d’une photo disponible à l’adresse ci-dessus.
Longueur : Pour la catégorie « Générale », maximum 6 000 signes ; pour la catégorie « Jeunes » (moins de 16 ans), maximum 3 000 signes.
Modalités de soumission : Pas de frais de participation. Envoi par email.
Date maximum de soumission : 15 août 2012.
Bénéfices :
- Catégorie « Générale » : 1er Prix de 150€, 2ème Prix de 90€, 3ème Prix de 60€ ;
- Catégorie « Jeunes » : 1er Prix de 60€, 2ème Prix de 30€, 3ème Prix de 15€.
Les textes primés seront diffusés sur le site de la ville et une sélection de nouvelles pourra éventuellement être publiée sous forme de recueil.

[Concours] Ville de Tavel
Lien : http://www.bonnesnouvelles.net/villedetavel2012.htm
Organisateurs : La ville de Tavel (Gard) et la Bibliothèque municipale les Jardins d’Epicure.
Genre littéraire : Pièce de théâtre (1 scène).
Thème : « Dialogue au musée ».
Longueur : Maximum 4 pages (taille de police 12).
Modalités de soumission : Frais de participation de 10€ payables par chèque. Envoi par courrier en 3 exemplaires, plus envoi d’une version par email si possible.
Date maximum de soumission : 20 août 2012.
Bénéfices :
- 1er Prix : 200€ et 12 bouteilles de vin de Tavel ;
- 2ème Prix : 100€ et 12 bouteilles de vin de Tavel ;
- 3ème Prix : 50€ et 12 bouteilles de vin de Tavel.
Les textes lauréats feront l’objet d’une publication et, à l’occasion de la remise des prix, ils seront mis en espace par des comédiens professionnels ou amateurs.

[Concours] Riantec
Lien : http://www.bonnesnouvelles.net/riantec2012.htm
Organisateur : La ville de Riantec (Morbihan).
Genre littéraire : Tous.
Thème : « Le rêve ».
Longueur : Maximum 10 pages.
Modalités de soumission : Pas de frais de participation. Envoi par courrier en 5 exemplaires.
Date maximum de soumission : 10 septembre 2012.
Bénéfices :
- « Prix de la nouvelle de Riantec » : 300€.
- « Prix d’encouragement » : 150€.

[Remarque] L’appel à textes « Différences » de Griffe d’Encre que je mentionnais au dernier numéro a été prolongé d’un mois. Vous avez encore jusqu’au 31 juillet pour leur envoyer vos textes ! (Merci à Carmae pour l’info.)
Lien : http://griffedencre.fr/spip.php?article713


Dragonwing

Les grands reportages - IRL PAenne

Saïph

17 Mai, midi
La valise est prête et le book dessin est bouclé. Il ne reste que moi qui surveille ma montre et mon appareil photo qui trépigne d'impatience. Dans ma tête, plusieurs mots dansent en une grande farandole. Dragonwing, Cristal, Sophinette, Train, Vefree, IRL. Cette liste est la formule magique de mon rêve plumesque. De plus, en grande privilégiée géographique, j'ai déjà vu la cabane bédouine qui nous attend au grenier, senti la métamorphose de la maison sous l'attention soignée de sa maitresse, le feu de joie immolant le bois usé. Les plumes sont attendues de pied ferme chez Vefree.

Enfin, l'horloge indique l'heure du départ. Un bisou aux chats et me voila dans la rue toute dorée de soleil. Nez au vent, l'esprit se remémore les photos du trombinoscope. Car dans ces falbalas du bonheur, il y a une tache d'appréhension. Vais-je retrouver les plumes à la gare ? Un regard à ma valise flashi, je soupèse la Passe-Miroir dans mon sac et la tache disparaît. En avant camarade !

17 Mai, 13h30
Un flot s'écoule sur les escaliers du quai K flambant neuf. Au travers, je cherche une jeune femme en jean, avec un blouson en cuir et deux ailes de dragon invisible pour le commun des voyageurs. Mais j'aurais dû me douter que notre majestueux dragon attendrait que la piétaille soit passée pour apparaître à son tour. Pour moi, l'excitation est à son comble au point d'en perdre la parole. Faut dire qu'un dragon, ça impose.



17 Mai, 14h30
"Le train en provenance de Bruxelles Midi est annoncé voie K."
Cinq minutes plus tard, la prédiction de Simone se voyait vérifiée. Avec un sac comme un tambour major et un air rieur, Cristal se détache de la foule. Juste à côté, les yeux pétillants, Sophinette. J'ai rempli ma mission, j'ai retrouvé tout le monde. Ces retrouvailles semblaient IrRéeLles. Quatre plumes d'argent dans la gare Part Dieu. Ce qui m'a amusée, c'est de voir que malgré nos apparences très diverses, nous avions toutes un point commun. La création dans le sang. C'est cette ressemblance qui a animé tout notre trajet de Lyon jusqu'à Roanne et tissé des liens que la toile nous aurait enviés.

17 Mai, 15h45
Le train prend un dernier virage, freine puis s'immobilise en gare de Roanne. Nous y voilà. Vef’ doit nous attendre sur le parking de la gare avec d'autres plumes. Nos bagages débordant de nourriture se font remarquer dans le passage souterrain, mais malgré la protestation des muscles contraints, un autre visage empreint de créativité (et de riz) attire nos regard. C'est Shaoran ! Mais l'aura semble plus grande, y aurait-il d'autres plumes ? Oui ! Nascana et Amélio sont là. Nous voilà sept. Moussaillons, le capitaine nous attend sur le pont à bord de sa voiture couleur anis.

Cristal

17 Mai, 16h00
On quitte la ville et le paysage se fait collines, bleu ciel, vert feuille. Sur la banquette arrière de la voiture, j’ai un sourire béat. Pas de silences gênés, pas de flottements, je me sens au milieu d’une famille. Dans le rétroviseur, j’intercepte le regard pétillant de Vefree. Elle est douce et paisible comme une maman de conte de fées. Pourtant, P’tite Voix est bien là, qui jaillit parfois de sa bouche quand elle s’exclame. Saïph rayonne d’énergie et de bonne humeur : en digne scientifique, elle parle botanique pendant le trajet ! Derrière notre voiture, Shaoran et son petit équipage nous suivent à la trace.



Je me remémore les recommandations dont Cher Et Tendre m’a assaillie avant que je parte : ne rien casser, passer un bon moment, lui téléphoner quand j’arrive, prendre des photos de jeunes plumes sous la douche. CET, quoi.

17 Mai, 16h40
La Halte du Pèlerin apparaît enfin ! On remonte la route, on décharge et j’entends des voix qui nous appellent. SecretSpleen ! Carmae ! Keina ! Isy ! Ils sont là, assis dans l’herbe devant la superbe maison de Vefree, à profiter du soleil. Ni une, ni deux, je pique un sprint. J’ai une démarche de pingouin pressé, et pour cause : je suis encombrée de sacs. Attendre d’avoir rangé les affaires avant de faire les papouilles ? Et puis quoi encore !

Nous nous installons tous sur la pelouse. À peine j’ai posé mon fessier sur un coussin que Saïph me fourre un livre entre les mains. La Passe-Miroir. C’est la première dédicace d’une longue série ; suivront, au fil du séjour, Vefree, Keina, SecretSpleen, Shaoran, Flammy, Elka, Neila ! J’ai honte de ma calligraphie d’ado mal grandie. Je rouspète pour la forme ; en fait, je suis hyper intimidée. Je crois que j’y ai pris goût.


17 Mai, heure oubliée
Tour du propriétaire. Les parquets chantent sous nos pieds. Le séjour est délicieusement désuet et accueillant. La petite cuisine déborde de bonnes choses. Le dortoir semble sorti tout droit des Mille et Une Nuits. Et cette odeur ! Une odeur de bois, de pierre, de campagne dont mon sac de couchage est encore imprégné aujourd’hui… Il y a aussi une vieille grange hantée, des vaches qui nous regardent de travers depuis les champs voisins et des chevaux obèses dont j’ai compris après coup qu’il s’agissait de juments enceintes.



Parenthèse de Saïph

Au retour de notre excursion champêtre, tous s'attèlent à la préparation du repas sous le regard attentif de la maîtresse de maison. D'un côté on équeute le persil, la coriandre et la menthe, d'un autre on prépare le boulgour ; sous le préau, le charbon devient flamme, la table se débarrasse et ce ballet s'enchaine au rythme des rires et des allusions envers nos écrits.



Reprise de Cristal

Très juste, Saïph, rendons hommage aux bons plats ! Arrive l’heure du dîner, puis du dodo. Shaoran qui rampe, se déhanche, se tortille pour entrer dans un sac de couchage, ça vaut le détour !

18 Mai, 8h00
C’est officiel : je ronfle. CET me l’avait dit, mais j’ai toujours pris ça pour de l’humour mal placé. Toutes mes excuses à Shaoran, ma voisine de dortoir-camping. C’est à moitié en pyjama que commencent les échanges de potins. On s’échange nos cahiers de notes, nous scribouillages, nos dessins et parfois, de façon un peu accidentelle, nos spoilers. Le livre ma-gni-fique des Pérégrinations d’une Cuisinière de Vefree, le plan top-secret du nouveau roman de Dragonwing, le trailer inédit d’ALE de Sophinette, les extra-terrestres de Saïph, les architectures génialissimes de Shao, les femmes en belles robes de Keina, et j’en oublie.



C’est juste magique. Plume d’Argent qui devient real life à 100%.

18 Mai, 12h00
À table ! Il pleuvote, mais rien n’arrête SecretSpleen et Carmae qui préparent le barbecue derrière un tour d’écharpe. Toutes les plumes sont mises à contribution pour préparer le repas. Partout des bonnes odeurs, partout des sourires. Beul jaillit derrière la fenêtre alors que nous entamons les desserts. La famille de plumes est presqu’au complet !

18 Mai, 15h00
Vefree organise un Bûcher Collectif, un vrai de vrai, tout en bois et en flammes. Chacun y est allé de sa petite liste de rouspétances et hop, à l’autodafé ! Perso, j’ai cramé mes cours de PHP.



18 Mai, 19h20
On les a entendues avant de les voir : Hadana, Neila, Elka et Flammy poussent de grands cris depuis leur voiture en nous apercevant. Elles auront erré des longues heures sur les routes avant de trouver le bon chemin.




On s’embrasse, on rit, on se bouscule, on s’installe autour du feu, on boit et arrive l’heure de la grande photo, celle qui immortalisera le plus grand rassemblement de plumes argentées. Cette photo, rien que de la revoir aujourd’hui, ça me fiche le sourire et le bourdon à la fois.

Évidemment, une IRL de plumes argentées ne peut pas faire l’impasse sur une partie de LG ! S’entretuer autour d’un bon feu, en mâchant de marshmallows brûlants, c’est un avant-goût du paradis. Carmae est un maître du jeu dans l’âme, il nous plonge immédiatement dans l’ambiance. Keina, Neila et moi serons les loups. Mais bon, je suis une très mauvaise comédienne, je me suis fait cramer en moins de deux (et puis Néné m’a honteusement trahie (et oui, je sais qu’elle n’avait pas le choix, mais flûte quand même (et de toute façon, j’aurai ma revanche un jour (et même que c’était trop bien quand même)))).

Saïph

19 Mai, trop tôt le matin
Un réveil qui sonne avant le coq et des bruits feutrés de couverture. Oh non, c'est déjà l'heure du départ pour Cristal, Sophinette et Flammy ! Tant pis pour Morphée, plusieurs plumes repoussent le sommeil pour embrasser nos consœurs. Mais aussitôt disparues dans l'escalier, le combat s'achève dans les oreillers. Ce n'est qu'une heure plus tard que le soleil me tire des songes. Zigzagant entre les lattes branlantes, je rejoins la salle à manger où se retrouvent les lève-tôt autour d'un petit déjeuner étoffé. Beurre doux, beurre salé, pain, pain de mie, confitures et… des cookies ! Voila ce qui nous a occupés toute la fin de la matinée, un atelier cuisine improvisée.



19 Mai, midi et des poussières
Alors que les cookies refroidissent dans un large saladier, Carmae nous propose un jeu. Nous n'avons qu'à choisir entre réflexion et brutalité. Nous choisissons Banzaï. Les règles sont simples. En se passant une carte, il faut reconstituer une famille et quand l'un des joueurs y parvient enfin, chacun se jette sur un pion. Bien sûr, pour pimenter l'ambiance, il n'y a pas assez de pions pour tous. Un combat endiablé s'ensuit et c'est Elka qui a gagné même si Neila et moi ne lui avons pas facilité la vie.

Malgré ce combat chaotique, il fait beau et, pour la première fois du week-end, nous allons pouvoir manger dehors. Un délicieux rosé au basilic sert d'apéritif et une foule de plats se succèdent avec une certaine gourmandise. Cependant, dans cette atmosphère vacancière et créative, la montre reprend du service puisque Carmae, SecretSpleen et moi-même nous apprêtons à rentrer. La glace nous redonne un peu de courage, mais il est quand même difficile de quitter l'assemblée.

19 Mai, je crois qu'il était 15h, mais dans tous les cas c'était trop tôt

Sur le chemin du retour, le nez collé à la vitre, la miniature citadine reprend de la grandeur et le bruit de la ville étouffe le vent et les insectes. Dans le train, nous devinons les rires et les facéties des plumes restées chez Vef’. Je peux dire qu'une partie de mon esprit y est encore, malgré la cohue de la ville.



Merci à toutes les plumes et un immense merci à Vef’.

Saïph & Cristal

Nos Imagineurs

Pour cette dernière interview, j'ai décidé de vous emmener explorer un jardin d'imagineur très particulier.
Sentez-vous la luxuriante verdure bruire sous vos pas, les fleurs rire sous feuilles derrière notre passage ?
Ici et là, du coin de l'œil, la féérie ambiante questionne mystérieusement. Avons-nous réellement vu la petite fée
aux ailes sanguines plonger dans le ruisseau ? Et ce coquelicot, n'y avait-il pas autre chose à l'intérieur des pétales ?
La terre est-elle vraiment bleue et l'arbre violet ? Que dire du ciel aux multiples soleils, autant de cadrans horaires qui
se complètent et se contredisent. Point d'heure ici, mais des crépuscules rivalisant avec des aurores improbables sous le joug de
muses facétieuses.
Il est temps de s'en remettre à notre Jardinier psychédélique. Car il n'y a bien que Carmae pour se permettre autant de fantaisie
sans que rien ne détonne, mais exubère ces Possibles au-delà des limites de nos propres esprits fertiles.


Au commencement, sont-ce les mots ou les pensées qui ont émergé en premier ?

Qui de la graine ou de la plante émerge la première ? Je ne pense pas qu’il faille penser en ces termes. L’une est l’autre, et inversement. La pensée s’exprime sous forme de mots qui forment la pensée. Du moment qu’on arrose correctement, l’ensemble pousse et prend forme dans le terreau de l’imagination.

Depuis combien de temps écris-tu ?

Ma première histoire a été déterrée il y a quelques temps. D’après les traces de végétation et le goût des strates de terre qui la recouvraient, les experts l’ont datée de mes six ans, soit quand j’ai appris à écrire, je pense.
Après des années d’errance scripturale, passées surtout à faire des textes pour la musique, j’ai eu besoin de me défricher la tête, pour ma propre sauvegarde. J’en suis donc venu à écrire pour un studio de jeu de rôle. C’est vraiment là que ma plume s’est trouvée, et que j’ai pu développer mes capacités d'imagination.
Après avoir fait de la création d’univers pour de la SF très sombre et de la fantasy arabisante très lumineuse, j’ai décidé, encouragé par des auteurs bien plus expérimentés que moi, d’écrire ma propre histoire, de développer mon propre univers. J’ai commencé à cultiver Carmae dans ma tête.

Qui mène la danse de la plume, ton équipe de personnages inventée de toute pièce ou toi ?

C’est un vrai travail d’équipe. Disons que nous sommes comme la plante et la graine : l’une et l’autre vont de paire. Lorsque je prépare un chapitre, les grandes lignes viennent de la terre de mon imagination, et du soleil de l’univers. Comme si elles étaient un mélange de ma propre inspiration et de quelque chose de plus transcendantal, qui me dépasse largement… mais que je contiens en même temps.
Durant l’écriture même, je fais entièrement confiance à ces forces et à mes personnages : ensemble, ils me mènent là où l’histoire doit aller, et tant pis si sur le moment je ne comprends pas ce qu’ils font. Je me fie à eux.

Places-tu des morceaux de toi-même dans tes personnages ou bien ont-ils des personnalités qui leur sont propres ?

Je me reconnais dans certains comportements et caractères. Je m’identifie dans certaines actions, certaines prises de conscience ou réalisations profondes. Mais je ne calque pas consciemment mes personnages sur ma personnalité, ce serait égocentrique et pénible pour tout le monde.
J’en suis très proche, quoi qu’il en soit. Quand mes personnages se dépassent et grandissent, je sens que je le fais aussi, à travers eux. Je souffre quand ils sont en péril, et je saute de joie quand ils triomphent.

Y-a-t-il un texte que tu as écrit dont tu aimerais discuter ici ? Pourquoi ?


Oui, parlons graines d’histoire. J’adorerais m’entretenir de Carmae, mon double roman dont la deuxième partie est en cours de fermentation dans mon alambic imaginaire. Seulement, il n’est pas publié sur Plume d’argent, alors… Peut-être peut-on parler de son style, et de sa poésie qu’on peut retrouver décuplée dans la nouvelle “Voiles” ? J’écris dans différents styles, en fonction de mes besoins. Mes drabbles sont très différents du reste, par exemple. Mon style principal se retrouve aussi dans le texte Élise, coécrit avec toi d’ailleurs…

Parlons d'Élise alors ! Quand je me suis intégrée à ce Cadavre exquis, l'histoire prenait déjà forme. D'où t'est venue l'idée d'un tel univers ?

D’où viennent les idées, je crois que c’est LA question. Dans le cas d’un cadavre exquis, il fallait que j’écrive un premier texte court qui contienne un maximum d’idées à développer par les auteurs suivants. Je me suis mis sur la fréquence du grand jardin cosmique, et la graine est tombée dans ma tête : et si le temps s’incarnait sous forme de rivière, avec des gens dont le métier était de contrôler les mesures du flux, les anomalies, les crues, etc. ? Puis j’y ai ajouté l’étude de la thanatopsychologie, parce qu’une histoire est meilleure quand elle combine plusieurs idées distinctes.

Élise, c'est aussi l'héroïne de cette histoire. Comment as-tu su la rendre si féminine et réaliste ?

J’aime avoir des héroïnes. Elles sont plus sensibles, et permettent un spectre émotionnel plus large. J’ai une part féminine développée et assumée, par ma sensibilité justement. J’ai pu lancer le drame de la vie d’Élise en brisant toutes ses plus grandes convictions en un seul évènement apparemment banal, et je l’ai faite réagir comme je l’aurais fait moi-même je crois. Jouer les petits mecs, les durs, n’a jamais été mon truc : j’assume pleinement mes émotions et mes larmes.

Les êtres qui se battent sur les berges de la Rivière sont intrigants. Avec leurs airs d'anges de la mort, ils sont aussi imprévisibles que mystérieux. Mais que représentent-ils vraiment dans cette histoire ? Quelle est leur signification ?

Alors là, tu me poses une colle. Les anges ont été introduits par un autre auteur, et j’ai trouvé que l’idée manquait un peu d’originalité. Je n’aime pas jouer avec les stéréotypes, surtout dans une histoire sérieuse. Les anges cherchent à contrôler la Rivière du temps, sans qu’on sache vraiment pourquoi. Dans la suite/réécriture qui aura lieu un jour, je gage que leurs âmes seront faites d’embruns autonomes, qui refusent leur destin : retourner dans la masse anonyme du temps qui passe. De quoi développer en beauté la façon dont les humains agissent ces temps-ci !

Tu parlais d'en faire un roman lorsque tu t'es rendu compte que le Cadavre exquis n'aboutirait pas. Sera-t-il à plusieurs plumes ? Vas-tu conserver tous les passages écrits ?


Je ne sais pas encore ce que j’en ferai. Peut-être une longue nouvelle écrite à trois plumes. Maintenant que le concept a été lancé, le reprendre en roman sentirait le réchauffé. Quand j’utilise une idée dans un but précis, elle a vécu ce qu’elle avait à vivre, point.
Et impossible de garder tout ce qui a été écrit : un cadavre exquis implique toujours des débordements et des incohérences. Élise a du potentiel, mais part en vrille au milieu de l’histoire. On gardera le début, certains évènements et des concepts (comme les confluents), mais pas l’ensemble du récit tel qu’il existe actuellement.

Cette histoire a-t-elle déjà une fin ? Ou sera-t-elle à écrire ?

Ma foi, quand j’ai posé les bases, je savais déjà comment j’aurais terminé le récit s’il m’avait entièrement appartenu. À partir de là, charge à moi d’écrire mon deuxième roman, puis de trouver les bonnes plumes pour reprendre le concept et se mettre d’accord dans les grandes lignes avant de se partager l’écriture, en fonction de points de vue, par exemple, même si d’ici là je trouverai quelque chose de plus original et intéressant à faire. J’estime en temps qu’auteurs qu’on ne doit pas se reposer sur nos acquis, mais toujours explorer de nouveaux horizons !


Ainsi s'achève cette interview. Remercions notre Jardinier d'avoir bien voulu répondre à ces questions. Quant à moi, il est temps que je vous quitte. J'ai apprécié chaque interview réalisée avec nos Imagineurs et vous remercie d'avoir suivi de bout en bout toutes nos pérégrinations à travers les univers créatifs des auteurs interrogés. Je vous souhaite de continuer à découvrir les nombreuses plumes qui pullulent sur le site de PA, d'écrire des textes fabuleux et de prendre plaisir à créer tout simplement.

Enjoy,

Spilou

Paroles de Pro

Bientôt les vacances. Qui dit vacances, dit bien entendu soleil, plage, bouquinage sous le parasol, puis qui dit vacances, dit aussi rentrée, donc forcément école, mais aussi rentrée littéraire. J’étais très excitée pour ce numéro du PAen. Parce que Paroles de Pros s’accorde aujourd’hui l’INTERVIEW DE L’ANNÉE. C’est une exclusivité, parce qu’il est évident que pas tout le monde n’aura la même chance que vous, lecteurs PAen, de lire une interview qui vous ait dédiés ; et que moi, d’interviewer un auteur 100 % pure race (d’autant plus que cette Pro va certainement rencontrer un grand succès dans les mois prochains, dont c’est un IMMENSE HONNEUR qui nous ait fait, SOYEZ-EN CONSCIENTS SINON JE VOUS TAPE).

Plus qu’une jeune auteure en devenir publiée à la rentrée prochaine, c’est surtout une jeune auteure issue de PA, et oui, vous avez bien entendu, une made in PA dont le succès n’est pas à redouter tant on se souvient comme nous étions scotchés à notre écran quand elle publiait ses chapitres chez nous. La pire des sadiques a bien fait du chemin depuis cette époque…

Aaricia ou Édith Kabuya, appelez-la comme vous voulez, répond ici à sa vraie première interview (je sais que tu as déjà donné des interviews Aari’, mais on s’en fout, officiellement, c’est à nous que tu nous accordes ta toute première !).


Aaricia, tu es la première Plume made in PA à avoir été publiée, et il se trouve en plus que Résurrection (de la série Les Maudits) est ton tout premier roman. Comment le vis-tu ?

Je le vis encore comme si je rêvais et que j’allais bientôt me réveiller. Ça m’arrive parfois de me pincer pour m’assurer que c’est bien réel ! (rires) Je pense que c’est seulement lorsque je tiendrai le livre dans mes mains que je réaliserai que c’est vrai. Pour l’instant, je flotte dans une bulle.

Selon toi, qu'est-ce qui t'a permis d'arriver jusqu'ici ?

Le soutien incroyable que j’ai reçu de mon entourage et l’expérience que j’ai vécue avec PA. Sincèrement, sans l’existence de PA, je ne crois pas que j’aurais mené ce projet à terme.

Est-ce que tu angoisses à l'idée de l'arrivée imminente de la rentrée littéraire, qui amènera avec elle la parution de ton roman ?

Comme je le disais plus tôt, j’ai encore l’impression de rêver, donc je ne m’en fais pas trop pour la rentrée littéraire. Plus les jours avancent, plus j’ai hâte, mais peut-être qu’en août, ce sera différent ! On verra ;P

Peux-tu nous toucher deux mots sur les Éditions de Mortagne, LA maison d'édition qui a COMPRIS que ton manuscrit était EXCEPTIONNEL ?

Les Éditions de Mortagne ont été fondées en 1979, par Max Permingeat, et elles sont maintenant gérées par ses trois filles. De nombreux titres célèbres ont été publiés, tels que la Saga des Chevaliers d’Émeraude (Anne Robillard) ou Filles de Lune (Élisabeth Tremblay). Leurs ouvrages sont variés : guides pratiques, biographies, romans jeunesse et fantastique. Vous pouvez en savoir plus en cliquant ici : www.editionsdemortagne.com


Ma maison est formidable, je n’aurais pas pu tomber mieux. Je travaille avec des femmes qui ADORENT leur travail.

Que s'est-il passé entre l'envoi de ton manuscrit et aujourd'hui ? Comment s'est déroulée ta collaboration avec ton éditeur ?

Ouf ! Ça se résume en un seul mot : CORRECTIONS. Il y a toujours du retravail à effectuer sur un manuscrit : remplir les lacunes, couper les longueurs, détailler certaines scènes, éliminer les contradictions, etc. Je reçois d’abord un rapport de lecture de la « coach » littéraire, ainsi que mon manuscrit annoté. J’ai le choix d’accepter ou refuser ses modifications, mais la coach possède un véritable œil de lynx pour relever les coquilles alors je peux lui faire confiance, tant que ça ne contredit pas le message que je veux transmettre. C’est une expérience qui se déroule dans le respect total, et j’en ai beaucoup appris en tant qu’auteure. J’en ressors bien plus expérimentée et la qualité de mon travail s’est nettement améliorée.


Lorsque les corrections sont terminées et approuvées, il y a une dernière révision linguistique, une mise en page puis hop ! Direction imprimerie.

La plupart d'entre nous ont connu la première version de Résurrection. Quelles sont les modifications que tu as dû apporter à l'histoire ?

Avant de le soumettre aux Éditions de Mortagne, j’avais déjà réduit des scènes et tué un personnage important. Après le travail éditorial, j’ai ENCORE réduit des scènes et complètement éliminé l’existence d’un perso (R.I.P Colin : je te recyclerai un jour). En gros, la structure de l’histoire est demeurée la même, si ce n’est que l’origine de la Malédiction s’est modifiée, Vince ne fume plus, sa relation avec Robin est plus intense et complexe et des petits autres détails comme ça !


Pour avoir une idée de ce que j’ai coupé : mon manuscrit est passé de 473 pages Word à 350…

Pour les Plumes encore jeunes qui n'ont pas eu la chance de découvrir Résurrection (nommée Hantise, à une époque bien heureuse) sur PA à l'époque, pourrais-tu résumer l'histoire (même si on devine qu’il y a une fille qui n’en fait qu’à sa tête et un trop beau gosse dedans, comme dans toutes les histoires) ?

C’est l’histoire de Robin, une jeune fille de seize ans qui est victime d’une mort brutale. Elle est ressuscitée par Vince, le meilleur ami de son frère. En la ramenant à la vie, Vince lui transmet la Malédiction qui pesait sur lui et sur toute sa famille depuis des siècles. La nouvelle existence de Robin est une véritable descente aux enfers alors qu’elle doit gérer les symptômes de la Malédiction ET trouver la personne (ou la chose) qui l’a tuée. Fantômes, monstres, beaux gosses au rendez-vous.

Rassure-moi, tu as bien enlevé le personnage de Zack Brocoli que je déteste tant, hein, hein, HEIN ?!

Malheureusement, j’adore les brocolis. C’est bon pour la santé. 

Quels conseils pourrais-tu donner aux auteurs qui souhaitent tenter leur chance dans l'édition ?

Les quatre indispensables : 1) Lire, lire, lire, lire. 2) Écrire, écrire, écrire. Surtout, écrire ce qu’ON aimerait lire. 3) Discipline, discipline, discipline. Prendre le temps d’écrire chaque jour, même s’il ne s’agit que de cinq minutes ou de deux lignes. 4) AVOIR DU FUN !

Merci beaucoup Aaricia ! Quelques mots pour la fin ?

Prout !



Elle est adorable hein ?

Chères Plumes, déjà victimes d’Aaricia ou pas encore (ça ne saurait tarder, cette fille est trop fatale pour laisser tout en ordre derrière elle), ne loupez en aucun cas la sortie cet automne du premier tome de la série Les Maudits, intitulé Résurrection. Vous ne le regretterez pas !

En toute Pro qu’elle est, je n’ai pas besoin de parler de la maison d’édition qui a bien flairé le talent de la demoiselle, étant donné que cette dernière l’a évoqué toute seule. Je vous encourage donc à visiter le site internet de la maison… Vous y découvrirez les ouvrages qu’elle publie, mais aussi la bibliographie de notre chère Édith (si c’est pas la classe ça !).

C’est sans doute le dernier Paroles de Pros que vous lirez. En tout cas, le dernier écrit de ma main. Cela a été un grand plaisir pour moi de rencontrer et interroger des Pros de tous les horizons rien que pour vous. Cela a été d’autant plus important pour moi de finir avec une interview d’Aaricia, pour vous montrer à quel point la passion de l’écriture, et le talent, deux critères dont regorgent les Plumes de PA, peuvent suffire à vous amener sur la même étoile qu’elle.
Toutes les personnes rencontrées jusqu’ici, auteurs, éditeurs, autres professionnels sont d’accord sur la même chose : c’est possible.

Saint-Exupéry le disait aussi : fais de ta vie un rêve… et d’un rêve, d’une réalité.

La ptite Clo

Les chroniques d'une administratrice


Cher journal,

Je t’ai enfin récupéré. En bien mauvais état et empestant l’urine, mais tu es là, c’est ce qui compte. Mieux encore, le garou n’a pas réussi à forcer ta serrure. Il l’a fait rouiller par ses nombreux pipis, mais heureusement qu’il existe des produits de nettoyage puissants qui t’ont rendu de nouveau opérationnel. Ceci dit, c’est surprenant de constater le nombre de fois qu’un garou peut uriner en un laps de temps restreint…

Tu m’as manquée, tu sais. J’ai tant de choses à te dire. Il faut absolument que je te raconte pourquoi le chaton-garou t’a kidnappé.

Tout a commencé par une querelle de routine. Je l’avais surprise pour la millième fois en train de saccager le sofa avec ses rasoirs. Ce fut la fois de trop. Je lui avais pourtant bien dit que la prochaine fois, ce serait le vétérinaire qui se chargerait de lui ôter ses fichues griffes. Mais fidèle à sa nature rebelle, elle n’a fait qu’à sa tête évoquant son besoin naturel de marquer son territoire. Mes mollets lui appartiennent déjà, ainsi que mon lit, mon siège d’ordinateur, le QG de PA… ce sofa valant une fortune à été la goutte qui à fait déborder le vase.

Le rendez-vous était pris, le vétérinaire était prêt et chaton-garou aussi. J’étais sur le point de la mettre dans sa cage lorsqu’elle t’a brandit de sa fourrure, menaçant de dévoiler mes honteux secrets (selon elle) si je ne la libérait pas immédiatement. Je savais ta serrure bien solide alors je n’ai pas voulu céder au chantage. Je n’avais pas pensé qu’elle tenterait l’ultime outrage, celui de t’uriner dessus. Pauvre chaton-garou. Et pauvre de toi aussi. Elle devait être désespérée. Bref, après un bon sédatif, je l’ai laissée chez le véto et l’opération (certes cruelle, mais nécessaire) devrait être en cours à l’heure qu’il est… Peux-tu m’attendre un instant, le téléphone sonne…

Cher journal,

Le vétérinaire est mort. Le chaton-garou est en cavale et il y a de drôles de sons sous mon lit… On dirait des grognements furieux. Je vais voir ce que c'est...

Honey

jeudi 1 mars 2012

Éditorial

Chères plumettes, chers plumeaux, voici l’événement que vous vous languissiez d’attendre : le nouveau numéro du PAen ! L’avantage de la formule trimestrielle, c’est que nous pouvons paraître au rythme des saisons. Cette fois, nous jouons le rôle des hirondelles qui, quoi qu’en disent les mauvaises langues, annoncent toujours le printemps.

L’hiver a été rude pour les auteurs. Passé l’émerveillement des premiers flocons, l’énergie baisse, la fatigue s’installe, l’inspiration s’endort. Pour en avoir discuté avec plusieurs d’entre vous, je sais qu’il y a eu des passages à vide et pas mal de pages blanches. C’est cela aussi, le quotidien d’un auteur : des pannes d’idées, des difficultés à gérer son temps… de grands tournants dans la vie, aussi. Je profite de cet éditorial pour saluer Dragonwing qui se lance dans l’écriture à plein temps : j’ai confiance en son potentiel pour devenir écrivaine professionnelle, mais j’admire son courage ! Rendons aussi hommage à toutes les plumes qui, pour se consacrer à leur passion, veillent tard le soir pour gratter quelques lignes, après une dure journée de labeur, avec parfois une famille à charge. Et n’oublions pas, enfin, les plumes qui doivent surmonter parfois de longs, d’interminables déserts de silence, qui ont soif de mots, qui ont faim d’évasion et qui souffrent de ne pouvoir consacrer à l’écriture que quelques heures par mois.

C’est pour tous ces auteurs courageux que l’équipe du PAen s’efforce de concocter des articles stimulants, enrichissants et divertissants.

Au menu du trimestre, « Plume et Astuce » se penche sur les mécanismes de la créativité. Et qui peut mieux nous conseiller qu’un hypercréatif ? Merci à Carmae pour sa contribution.

Malheureusement, pas de « Il était une fois » pour ce programme, mais nous pourrons goûter aux joies de la littérature jeunesse grâce à Saïph dans « Dessine-moi une Plume ». Bienvenue dans l’univers délicatissime d’Anne Romby...

Nouvelle année, nouveaux concours : Dragonwing vole à tire-d’aile pour récolter les meilleures affaires du moment. Des prix alléchants, des thèmes variés et l’occasion de faire connaître sa plume… et si vous étiez le prochain gagnant ? À vos claviers !

SecretSpleen, fidèle à son nom, ne me révèle l’Imagineur du trimestre qu’à la dernière minute. Je découvre donc son identité presque en même temps que vous, chers lecteurs. Et c’est… non, non, moi aussi, je vais me la jouer secrète. Allez, un indice : B comme brillante ; E comme élégante, A comme aventure. Vous avez trouvé ?

Dans « Paroles de Pros », La P’tite Clo nous a dégoté deux témoignages de choix, deux personnalités hors du commun, deux destinées croisées dignes des plus beaux romans d’amour. Sej et moi. Et nos chevilles vont très bien, merci.

Pour terminer votre lecture sur une note déjantée, ne manquez pas le dernier épisode des « Chroniques d’un Chaton Garou ». Tout y est scrupuleusement véridique. Ce ne sont pas les quelques champignons hallucinogènes qu’Honey verse dans la gamelle de Flammy qui remettront en cause sa crédibilité, n’est-ce pas ?

Et maintenant, comme dirait SecretSpleen : enjoy !

Cristal

Plumes et astuces

Comment stimuler sa créativité


Manque de temps, manque de tonus, manque d’inspiration : qui ne connaît pas cela ? Je me suis aperçue que nous étions nombreuses, nous les plumes, à être régulièrement confrontées à des blocages. Ce qui est rageant, c’est quand on arrive à se dégager du temps pour écrire, qu’on a bien son histoire en tête, que nos personnages nous manquent, qu’on sait ce qu’on doit taper sur le clavier et que… rien ne sort.

À quoi est-ce dû ? Comment surmonter la page blanche ? Ce sera le sujet de cet article. Pour l’occasion, j’ai eu un entretien éclairant avec Carmae, notre spécialiste en kinésiologie et artiste polyvalent.

Allô, allô, hémisphère droit ?

Commençons par une petite leçon de sciences. Notre cerveau est composé d’un hémisphère droit et d’un hémisphère gauche, vous ne l’ignorez pas. Mais saviez-vous qu’ils jouent chacun un rôle différent ? L’hémisphère gauche est le siège privilégié de la logique, de la rationalité, de l’analyse, de la rigueur. L’hémisphère droit est le centre de l’intuition, de l’imagination et de la créativité. Chacun contrôle le côté opposé du corps. « Hémisphère logique dominant : on fait les choses de façon séquentielle, avec un ordre établi, explique Carmae. Hémisphère intuitif dominant : on peut faire plusieurs choses en même, on fait comme ça vient. »

Pour écrire, un auteur a besoin d’un bon équilibre entre rigueur et imagination. Or, nous sommes nombreux à pratiquer un métier ou à suivre des études qui nous poussent à développer les capacités de notre hémisphère gauche, au détriment du droit. Ce mélange de logique jusqu’au-boutiste et de stress permanent étouffent notre créativité. Difficile alors de trouver le bon état d’esprit pour écrire !

Des mouvements pour se recentrer

Parce que nous sommes d’abord un corps, c’est à ce niveau-là qu’il faut commencer. Carmae nous recommande des petits exercices faciles à réaliser.

Le matin, au réveil, mettez votre corps en mouvement avec un peu de « crosscrawl » : c’est une marche sur place, en plus accentuée, où on va chercher à toucher son genou avec le coude opposé, alternativement, en impliquant le bassin, les épaules, etc. Au bout d’une trentaine de secondes, passez à « l’homocraw » : c’est la même chose, mais coude et genou du même côté. Ne vous interrompez pas en passant de l’un à l’autre, le but est de coordonner vos mouvements. Après trente secondes, revenez au crosscrawl. Respirez bien pendant l’exercice.

« Ça ne garantit pas de devenir best seller, plaisante Carmae. Mais en croisant la ligne médiane du corps, on facilite la communication entre les hémisphères du cerveau. L’effet est neurologique, pas magique. »

Vous pouvez enchaîner ensuite par trois massages. Debout, les pieds bien ancrés, dans une position confortable, posez votre main en cloche autour du nombril (comme si vous aviez cinq prises et que vous branchiez les doigts). De l’autre main, peu importe laquelle fait quoi, massez d’abord les creux sous les deux clavicules, en respirant profondément et en vous détendant. Puis, avec le pouce et l’index, massez les gencives du dessus et du dessous (sur la peau, ne mettez pas vos doigts dans la bouche). Enfin, massez toute la zone autour du coccyx.

Ces trois stimulations aident le cerveau à se remettre en ordre, car les zones correspondent à des trajets de méridiens : les clavicules agissent au niveau du néocortex (la partie du cerveau où naissent les idées, la réflexion et la créativité), la bouche au niveau du limbique (le centre des émotions) et le coccyx au niveau du cerveau reptilien (instinct de survie, réflexes, sexualité, capacité de concentration et de compréhension).

Lâchez prise !

Toute la semaine nous sommes soumis à une tension mentale. On apprend, on révise, on analyse, on déduit, on calcule, on évalue, etc. Et quand arrive le soir ou le week-end, alors qu’on a un peu de temps à soi, alors qu’on a décidé d’écrire, la page reste blanche. Pourquoi ? On a le temps, on a les idées, qu’est-ce qui coince ?

« Dans ces situations, on cherche avec notre mental, avec notre tête, et pas avec notre cœur, nous explique encore Carmae. Or, tout le jeu de l’écriture est de mettre la tête au service du cœur : l’énergie créatrice monte de là, et est formalisée en mots par le mental. Plus on réfléchit, pire c’est. »

Dans ces cas-là, s’obstiner ne sert à rien. Il faut accepter cet état de fait et passer à autre chose, essayer de trouver à quoi l’énergie du moment est la plus propice, ce qu’on a réellement envie de faire, ici et maintenant. Ne vous enferrez pas dans la frustration, lâchez prise ! Il s’agit de suivre le courant de votre énergie intérieure.

Et tandis que vous passez à autre chose – ménage, promenade, tricot, jardinage – laissez vagabonder vos pensées, rêvassez, plongez-vous en douceur dans une ambiance, mettez vos personnages en scène sans vous forcer. Si vous avez une idée, même un détail insignifiant, vous la notez et vous laissez reposer.

Carmae m’a dit quelque chose que je trouve très vrai : « Le processus d’écriture est vaste et ne se limite pas à écrire. Penser à ses personnages, c’est écrire. Se relire, c’est écrire. Se corriger, c’est écrire. » Alors ne culpabilisez pas si vous n’êtes pas devant le clavier !

Nourrissez votre créativité

Créer une histoire n’est pas le plus difficile : une fois lancé, il faut continuellement se renouveler pour stimuler le lecteur (et l’auteur !), page après page, chapitre après chapitre.

Or, les bonnes idées – celles qui vous remplissent d’excitation, celles qui vous donnent une envie impérieuse d’écrire – ne vous tombent pas direct dans la poche. Elles sont là, qui papillonnent en nous et tout autour de nous, mais il faut savoir les capter.

Comment ? Cultivez votre curiosité. Observez bien tout ce qui vous entoure : les voyageurs du bus, votre reflet dans la petite cuillère du matin, les couleurs changeantes du ciel. Ne restez pas à la surface des choses, soyez attentifs, émerveillez-vous comme au temps de votre enfance et laissez-vous surprendre. Ne vous enfermez pas toujours dans les mêmes rituels. La routine a du bon, car elle empêche l’énergie de se disperser, mais il faut savoir la briser et vivre des moments d’intensité. Chaque semaine, prenez une heure pour faire quelque chose d’inhabituel : aller à une expo, reprendre contact avec une vieille connaissance, visiter des recoins de votre région que vous ne connaissez pas, parcourir un livre que vous n’auriez jamais eu l’idée d’ouvrir. Voilà l’inspiration au sens propre : se remplir d’un air nouveau.

Encore merci à Carmae pour sa collaboration !

Cristal

À vos claviers

Chères Plumes, vous brûlez d’envie d’écrire un texte court ? Ça tombe bien, ces temps-ci plus que jamais, des tas de gens brûlent d’envie de vous lire ! Vite, à vos claviers !

[Concours] La tête à l’envers…
Lien : http://www.bonnesnouvelles.net/associationlapporteplume2012.htm
Organisateurs : L’association l’Apporte-Plume et la municipalité de Pontault Combault (Seine-et-Marne).
Genre littéraire : Tous.
Thème : Utiliser une expression figurée contenant une partie du corps, quelle qu’elle soit, qui devra être prise dans son sens le plus littéral. Ainsi il peut être question de quelqu’un qui a réellement la tête à l’envers, mais aussi pourquoi pas le cœur sur la main, un pied dans la tombe…
Longueur : Maximum 10 000 signes.
Modalités de soumission : Participation gratuite. Envoi par courrier en 2 exemplaires.
Date maximum de soumission : 30 avril 2012.
Bénéfices :
- Premier Prix : 150 € ; Second Prix : 100 € ; Troisième Prix : 50 €. Les trois lauréats recevront de plus un lot de livres, et leurs nouvelles seront publiées dans un recueil (sans qu’ils en perçoivent de droits d’auteur).
- Tous les participants recevront ce recueil.

[Concours] L'Encrier Renversé 2012
Lien : http://www.bonnesnouvelles.net/lencrierrenverse2012.htm
Organisateurs : La revue de nouvelles L’Encrier Renversé et la Ville de Castres.
Genre littéraire : Tous.
Thème : Libre.
Longueur : Maximum 15 pages (environ 22 500 signes).
Modalités de soumission : Participation gratuite pour les moins de 18 ans, sinon frais de 5 euros payables par chèque. Envoi par courrier en 4 exemplaires.
Date maximum de soumission : 15 mai 2012.
Bénéfices :
- Premier Prix : 800 € ; Second Prix : 350 € ; Troisième Prix : 250 €.
- Un prix indépendant de 150 €.
- Les dix premiers textes seront publiés dans le numéro « Spécial concours 2012 » de L’Encrier renversé. Les lauréats de la 4e à la 10e position en recevront un exemplaire gratuit.

[Concours] Prix du Jeune Écrivain 2012
Lien : http://www.pjef.net/
Organisateur : L’association du Prix du Jeune Écrivain.
Genre littéraire : Tous.
Thème : Libre.
Longueur : Entre 5 et 20 pages (environ 7 500 à 30 000 caractères, espaces non compris).
Modalités de soumission : Exclusivement ouvert aux jeunes âgés de 15 à 27 ans. Frais de participation de 15 euros payables par chèque. Envoi par courrier en 2 exemplaires.
Date maximum de soumission : 1er avril 2012 pour les candidats français. Pour les autres, je m’excuse d’avoir loupé le coche, malheureusement il est déjà trop tard !
Bénéfices :
- Les textes primés sont publiés dans un recueil. Les lauréats reçoivent des prix divers : voyages culturels, lots de livres, invitations au Salon du Livre de Paris…
- Tous les participants reçoivent une fiche de lecture par texte envoyé (maximum 2), ainsi qu’un exemplaire du recueil de l’année précédente.

[Appel à Textes] Différences
Lien : http://www.griffedencre.fr/spip.php?article713
Organisateur : Les éditions Griffes d’Encre.
Genre littéraire : Tous (exceptionnellement ; ce n’est pas la ligne d’édition habituelle de Griffes d’Encre).
Thème : Différences.
Longueur : Maximum 50 000 signes.
Modalités de soumission : Envoi par mail à anthologies@griffedencre.fr (détails sous « Guide de soumission » sur le site).
Date maximum de soumission : 30 juin 2012.
Bénéfice : Publication à compte d’éditeur dans une anthologie.

[Appel à Textes] Magie celtique
Lien : http://www.sortileges-editions.com/appelsatextes/index.html
Organisateur : Les éditions Sortilèges.
Genre littéraire : Fantasy ou fantastique.
Thème : La magie et les légendes celtes.
Longueur : Maximum 50 000 signes (textes un peu plus longs acceptés si cela se justifie).
Modalités de soumission : Envoi par mail à manuscrits@sortileges-editions.com (détails sur le site).
Date maximum de soumission : 20 mai 2012.
Bénéfice : Publication à compte d’éditeur dans une anthologie.

Dragonwing

Dessine-moi une plume

Un week-end de janvier comme les autres, c'est-à-dire dans le train entre deux villes, je faisais un petit listing des illustrateurs que je vous avais déjà présentés. Une conclusion s'est alors imposée : je n'avais parlé que d'artistes masculins. Mince, je ne suis pas féministe, mais il était temps de rétablir l'équilibre. Forte de cette idée, j'ai quitté le quai de gare et rejoint le véhicule familial. Au lieu du trajet habituel, la voiture s'est rendue à la médiathèque. "Ça te dérange ?" m'a demandé ma mère. Au contraire, une bibliothèque, ça tombait à pic ! Mais je ne savais pas à quel point le hasard pouvait vraiment bien faire les choses. Deux bourrasques glacées plus loin, la porte automatique s'est ouverte sur le hall où se tiennent toujours les expositions. Voici celle qui m'attendait.

L'artiste du jour :

Dans des cadres, protégées par de belles vitres, des illustrations chaudes, d'une finesse et d'un relief incroyables. Il s'agissait des travaux d'Anne Romby.



La Femme :

C'est dans un village de Picardie que naît Anne Romby en 1959. Elle s'imprègne de la magie de l'enfance et des richesses qu'offre la nature. Elle étudie les beaux arts à Saint Quentin, puis à Reims et enfin les arts décoratifs à Strasbourg dont elle sort diplômée et primée tant en illustration qu’en gravure. Le premier ouvrage qu'elle illustre utilise d'ailleurs la technique de la gravure (cf. article sur Léon Benett). Le catalogue de ses travaux est large, je citerai seulement Le génie du Pousse-pousse et Le Prince de Venise de Jean Comes Noguès, Zhao, L’enfant peintre et Peau d’Âne d’Anne Jonas, La Belle et la Bête de Madame de Beaumont et Fleur de Cendre d’Annick Combier.

L'artiste :

Revenons plus en détail, car cela ne manque pas sur les illustrations d'Anne Romby. Premièrement, la chaleur de ses œuvres. La plupart de ses travaux s'appuient sur un large fond uni, de couleur bleue ou jaune le plus souvent. Ces fonds ont pour première volonté d'accueillir le texte de l'histoire. Cependant, il offre au dessin un contraste et une dimension différente. A contrario de ces grandes plages d'évasion, chaque vêtement sera très méticuleusement travaillé et orné au blanc, au jaune ou au noir. Ces arabesques fines et condensées donnent une première texture.

Cependant, concernant l'effet de matière, Anne Romby a une autre corde à son arc. Ce qui m'a le plus étonnée, c'est le relief et la finesse. Finesse qui, une fois le nez collé à l'œuvre, parait inhumaine. La meilleure dentellière aurait jalousé une telle maitrise et une telle vision. En fait, Anne Romby n'utilise pas seulement de la peinture, elle utilise aussi toute une palette de papiers (texturé, de soie, chiffon, murier,…) qu'elle superpose et plisse, ainsi que des feuilles desséchées (disamare, noisetier,…) où seules les nervures diaphanes apparaissent. Regardez attentivement cette illustration.



Il reste une dernière chose à mentionner pour avoir fait le tour des principales caractéristiques des illustrations d'Anne Romby : la délicatesse des visages et des mains. Les doigts sont fins, les pommettes saillantes, les yeux lumineux.

Anne Romby se décrit comme une funambule de l'image. Je pense qu'elle mérite bien ce titre.

Votre dévouée,

Saïph

Nos Imagineurs

L'Imagineuse que je vous propose de découvrir en partie grâce à cette interview baigne dans l'écriture depuis sa plus tendre enfance. Que voulez-vous, à cinq ans, nombre des préjugés et idées reçues ne sont pas encore germées. Pas de mauvaises herbes pour étrangler votre imagination, personne pour vous dire "Ma pauvre fille ! Tu divagues !". Et si le spectre de l'école commence à presser son poids écrasant sur votre ciboulot, l'innocence et la malice restent vos alliés pour un temps précieux quoi que déjà condamné. Alors imaginez un peu ! Un être très jeune qui s'essaie à l'écriture pour donner une forme réelle à ses rêves, balbutiant avec un stylo bic... quel formidable potentiel ! Lequel va ensuite grandir en même temps que cette personne, refusant de se taire ou de sombrer dans l'oubli avec le temps et l'éducation. Issue de l'âge tendre et précieux, l'écriture de notre invitée promet bien des merveilles. Et elle accepte de partager avec nous un peu de son expérience, ses points de vue, son parcours de conteuse qui s'est déclaré si tôt et perdure malgré ce fumeux qu-en-dira-t-on ( pour notre plus grand bonheur, on dirait bien qu'il a perdu la bataille d'en faire une personne banale et silencieuse, celui-là !).
Accueillons donc Béatrix !

1) Depuis combien de temps écris-tu ?

J’ai écrit mon premier texte de « fiction » à cinq ans, mais j’ai vraiment commencé à m’y mettre « sérieusement » il y a environ 25 ans, à l’âge de treize ou quatorze ans, quand j’ai commencé à lire essentiellement de la science-fiction et de la fantasy. Mais malgré des dizaines de projets de romans, de sagas même, j’allais rarement au delà de quelques chapitres… Je ne suis vraiment passée à la vitesse supérieure qu’il y a deux ans, en me lançant dans la web-publication.


2) Depuis quand publies-tu tes écrits sur le Net ?

Depuis décembre 2009 exactement. J’ai découvert par hasard, en cherchant des fanfictions basées sur Galactica 1978, un site de webséries en anglais (même si j’ignorais comment ça s’appelait…) et j’ai trouvé l’idée sympathique. Je me suis donc lancée dans la publication de Paradis XXIV, une websérie de science-fiction, sur un site personnel créé à cet effet. Puis je suis entrée aux Werewolf Studios en tant qu'auteur au printemps 2010 et j'ai commencé à publier sur PA en avril 2011.


3) A qui s'adressent tes Fictions ? Pour qui les écris-tu ?

A tous ceux qui ont envie de les lire… ? J’aime assez me voir comme une conteuse. Je ne pense pas viser de public spécifique, même s’il s’agit de littérature de genre (fantasy, science-fiction, fantastique…). L’Héritage de l’Exploreur pourrait sans doute convenir à un public adolescent et j’aimerais que mes enfants prenne un jour plaisir à le lire ! Je ne nie pas non plus écrire aussi pour moi, parce que j’y prends plaisir et que cela me permet de délester ma tête de quelques uns des univers qui la peuplent !


4) Es-tu du genre à voir les scènes dans ta tête comme un film, un rêve, une BD, un manga ?

Sans cesse ! Les mots ont énormément d’importance, mais j’ai un grand besoin de visualiser ce que j’imagine, et de faire partager ces images à mes lecteurs. Instinctivement, je les conçois plus comme des images de film, mais cela peut arriver ponctuellement que j’essaie d’imaginer une scène en BD ou en manga – mais c’est en général un choix délibéré.


5) Quelle est la chose la plus difficile à faire pour toi ? Des scènes de descriptions ou d'action, de longs monologues, démarrer ou achever tes romans ?

Achever ! Je n’ai jamais achevé de récits au format « roman ». Ces deux dernières années, j’ai appris à maîtriser les formats courts – il me reste à apprivoiser les formats longs !
Pour le reste, la description est pour moi un exercice facile et extrêmement plaisant, le monologue et les introspections ne me posent pas de problèmes. J’ai plus de mal avec les scènes d’actions, car elles sont difficile à rendre claires et fluides, et je suis souvent paralysée par mon soucis d’exactitude et de crédibilité.

6) Dans l'Héritage de l'Exploreur, tu dépeins un univers inconnu, une civilisation sur le déclin, et une technologie propre à l'histoire avec des mots techniques parfois inventés. Tout est là pour nous immerger dans ton monde... D'où tout cela t'est-il venu ?

Je me suis prise d’amour pour le Steampunk (ce genre basé sur un XIXe siècle alternatif avec une technologie à la Jules Verne). Je souhaitais écrire dans ce type d’univers dont j’adore l’ambiance et l’esthétique, à la croisée des mondes entre le roman historique, la science-fiction rétro-futuriste et le fantastique. Je suis plus à l’aise dans les univers secondaires (c'est-à-dire, en bref, les mondes qui ne sont pas le nôtre) : l’Héritage ne se déroule pas sur la bonne vieille terre que nous connaissons, mais dans un monde un peu surnaturel.

7) Toujours dans l'Héritage on découvre, à travers les yeux d'une poignée de personnages indépendants, la cité Silberleut et ses habitants, ainsi que des mots étranges totalement inventés : les Graus, les Fochebels, le Nebel... Tout est entièrement déductible du contexte et pourtant tu juges nécessaire de les définir en fin de chapitre. Pourquoi ce choix ?

Quand j’ai publié Paradis XXIV, la première critique un peu « dure » que j’ai eue concernait les mots inventés qui traînaient un peu partout. Les autres lecteurs, plus habitués à lire de la SF, les déduisaient aisément mais cette lectrice avait du mal à les assimiler. J’ai choisi d’assortir chaque chapitre d’un index des nouveaux mots rencontrés. J’ai appliqué le même usage à l’Héritage. C’est bien pratique même pour moi aussi, car il m’est plus facile de garder le fils des termes que j’invente, à partir de mot allemands, anglais et français déformés.

8) Destines-tu ce roman à l'édition ou restera-t-il uniquement sur Werewolf Studio et Plume d'Argent ?

En général, je ne pense pas vraiment à l’édition. Je ne suis même pas sûre de terminer, même si les grandes lignes de l’histoire existent dans ma tête et que j’espère pouvoir arriver au bout !
Mes fictions ne sont pas de celles qui attirent aisément le public ou qui rentrent dans un créneau populaire. Je n'ai pas envie de faire une collection de lettres de refus de la part des maisons d'édition à qui je proposerais mes œuvres. Pour moi l'écriture doit rester un plaisir. Par contre, qui sait... si un éditeur vient à moi...


9) Question de Fan : La petite Framke a-t-elle un don d'Handesel ou est-elle une gamine ordinaire ( malgré son caractère bouillonnant et son tempérament lumineux!)

Ce n’est pas un secret : Framke ne possède aucun des dons d’Handesel. C’est une gamine « normale » mais comme tu l’as bien exprimé, elle est forte, volontaire et c’est une survivante ! Qui a besoin de dons avec un tel tempérament ?

10) Question de Fan : Le beau et arrogant Nigel Deepriver arrivera-t-il à dévergonder la belle et frigide Cornelli Braubrunnen ?

Ahem... Encore faudrait-il que Nigel soit capable de dévergonder qui que ce soit : les apparences ne reflètent pas forcément la réalité. Nigel est-il si arrogant, Cornelle est-elle si froide ? Le chapitre suivant devrait être assez révélateur sur cet aspect des choses. Je pense que tout au moins, Nigel pourrait l'amener à s'ouvrir un peu ; d'autant que pour Cornelli, il fait partie des personnes « socialement convenables ».

Ici s'achève l'interview, mais les mots continueront de filer à travers les écrits de notre invitée. N'hésitez pas à lire ses œuvres sur Plume d'Argent ou Werewolf Studios si le cœur vous en dit ! Je te remercie tout particulièrement, Béatrix, d'avoir participé à ce numéro PAen. Je profite d'ailleurs de l'occasion pour vous annoncer que ma prochaine interview sera la dernière. Dialoguer avec les Plumes d'un numéro à un autre est une expérience d'échange et de partage très intéressante, humaine et enrichissante à tout point de vue. J'ai pris énormément de plaisir à découvrir et questionner chacun de ceux qui ont été interviewés auparavant. J'espère que celui ou celle qui me remplacera aura l'occasion de s'amuser autant sinon plus que moi-même.

Enjoy !

Secretspleen

Paroles de Pros

Au moment de Noël, elles ont fait scandale. Elles ont déclenché un grand cyclone qui s’est violemment déchaîné sur la Plume d’argent. Elles sont à l’origine de la hausse des visites sur Lulu.com et du déferlement hystérique des Plumes sur le Forum. Elles ont… publié la Passe-Miroir. Eh oui, pour les ramollis du cerveau qui auraient loupé l’Évènement, la grande odyssée d’Ophélie s’entame dès à présent dans le monde de l’édition, avec aux commandes Cristal, un auteur fantastique (sans mauvais jeu de mot), et Sej, savante grenouille des Éditions echows. Et rien que pour vous : la rencontre avec ces deux mordues du boulot.

Pour commencer, Sej, pourrais-tu nous rappeler le principe des Éditions echows et d’où t’en est venue l’idée ? Et toi Cristal, pourrais-tu nous révéler ce qui t’a poussé à sauter le pas de l’édition et à accepter de collaborer avec la plus sadique des grenouilles ?

Sej : Les Éditions echows sont nées sur un annuaire de webséries écrites (proches cousines des fictions en ligne). L'annuaire en question - echows - proposait divers projets autour des webséries inscrites : book clubs, magazine en ligne, webséries awards. Il ne manquait plus qu'à passer de l'écran au papier pour que ce soit complet... Echows n'a malheureusement pas tenu le coup contre les attaques acharnées de (saloperies de) hackers qui ont finalement réussi à faire fermer le site. Sauf que je me retrouvais avec ces éditions sur les bras, encore toutes jeunes. Mon premier réflexe a été de les enterrer dignement vu qu'elles n'avaient plus tellement de raison d'être sans l'annuaire. Puis, après réflexion, et grâce à Cricri qui m'avait confié la PM pour publication, j'ai décidé d'adapter les Éditions echows en une plateforme plus généraliste, ouverte à toutes les fictions du net. À présent, le principe d'echows est donc assez simple - n'importe qui peut nous proposer sa fiction pour publication. Il faut bien sûr respecter quelques règles comme une orthographe correcte (on est là pour aider l'auteur à transformer sa création en chose à feuilles, pas pour récrire son roman), et c'est à peu près tout. Ensuite, nous nous occupons de relire le "manuscrit", de chasser toutes les coquilles (sauf les plus vicieuses qui se cachent vraiment bien *regard suspect*), de faire une mise en page, une couverture et de créer physiquement le livre sur lulu.

Cristal : Saviez-vous que les grenouilles ont l’ouïe très fine ? Sur le forum, j’ai dit une fois que j’aimerais bien proposer à mon proche entourage une version papier de la Passe-Miroir. L’instant d’après, je concluais un pacte avec le dia… avec la grande Coasseuse. Pour moi, le plus important était de laisser la Passe-Miroir en libre accès sur Plume d’Argent ; Sej l’entendait bien comme ça. Je n’ai jamais regretté d’avoir accepté son offre.

S : Les grenouilles viennent d'ailleurs, ma chère Cricri... Et elles ont des yeux et des oreilles partouuut. La prochaine étape, c'est de lire tes pensées et d'enfin savoir si... pardon, je m'égare.

Sej, te voilà devenue éditrice ! Quels ont été les obstacles que tu as rencontrés sur ton chemin ?

S : Éditrice, pas vraiment vraiment. Echows, c'est une aide à l'autopublication. Le boulot d'éditrice est bien plus compliqué (enfin, j'imagine *grand sourire*). Par exemple, quand je relis un texte en vue de la publication, je ne vais pas corriger le fond qui est laissé sous la responsabilité de l'auteur, juste la forme. Cela dit, ça prend déjà pas mal de temps, et quand on bosse à côté, ce n'est pas toujours facile de se motiver le soir, en rentrant après avoir passé la journée à lutter contre des sites vicieux. Il y a aussi, bien évidemment, la difficulté de la création du livre. Je n'ai aucune formation en rapport avec ça. Un beau jour, je me suis juste improvisée metteuse en page, en fouillant dans ma bibliothèque, en cherchant sur internet, en testant, retestant, reretestant jusqu'à arriver au résultat qu'on a aujourd'hui. Il n'est certes pas encore parfait, mais en comparant au début, il n'y a vraiment pas photo sur l'évolution *sourire Colgate* Cela dit, tenir dans ses mains le bouquin sur lequel on a travaillé pendant des mois, ça vaut bien quelques heures de sommeil en moins !

Qu’est-ce ça fait de tenir son propre livre dans ses mains (le sang de son sang, la chair de sa chair, rappelons-le !), Cricri ?

C : Jusqu’à la dernière seconde, je n’ai pas vraiment réalisé. C’est au moment d’ouvrir le colis, de palper le livre, de sentir son odeur, de faire rouler les pages sous mes doigts que je me suis sentie soudain émue. J’avais déjà imprimé quelques pages par le passé, mais là, c’était un vrai LIVRE. Sej a fait un travail remarquable. La mise en page, la présentation, le design : c’est de la qualité professionnelle.

Passée la joie, j’ai eu le trac. Je n’ai même pas osé survoler le texte des yeux tellement j’avais peur de voir une erreur, une maladresse, une énorme bourde. Bon, il s’est avéré qu’il y en a quand même eu, et c’est entièrement ma faute, mais je me suis sentie soudain pleine d’une nouvelle responsabilité. Des plumes s’étaient procurées ce livre, elles avaient cassé la tirelire pour la Passe-Miroir, je ne pouvais pas les décevoir.

On imagine bien que les mois passés à retaper la P-M n’a pas été facile à vivre tous les jours ? Pouvez-vous nous raconter les tribulations de l’éditeur en train d’éditer, et de l’auteur en train de se faire éditer ?

C : Ah, ce fut mémorable ! Je ne sous-estimerai plus jamais le travail de réécriture. Ça m’a demandé une année entière. Je n’ai pas tenu les délais auxquels je m’étais d’abord engagée. Sej a été extrêmement compréhensive, elle ne m’a jamais mis la pression. Bon, sauf quand nous avons décidé de boucler le roman avant Noël. Là, elle m’a conduite dans la plus solide cage de sa plus profonde cave et… elle s’y est enfermée avec moi. Je n’oublierai pas les échanges frénétiques de mails que nous avons eus, moi écrivant, elle lisant, moi corrigeant, elle relisant. En même temps, ça m’a formidablement stimulée. C’était un vrai travail d’équipe. Et quelle joie quand on est enfin arrivées au bout ! Nous étions épuisées, dans un état de délabrement nerveux, mais tellement soulagées…

S : Eh bien, moi, personnellement, je me suis ré-ga-lée *grand sourire*. Le boulot de Cricri était impressionnant, elle n'avait pas récrit la PM, elle avait tout tombé pour donner quelque chose d'encore meilleur. Quant aux délais, je crois qu'on a été deux à les ignorer pas mal. L'overbookage, c'est le maaaal. Mais, comme l'a dit Cricri, vers Noël, on s'est dit que ça avait bien assez trainé et qu'il fallait - nom de nom ! - qu'on finisse tout ça. Là, je vais passer les détails, ça a été assez violent, je risquerais d'en choquer plus d'un...

Vous est-il arrivé de vouloir trucider un personnage de la P-M au cours du travail de réécriture/relecture ? Par exemple, et pour ne citer que lui de façon tout à fait aléatoire… Patafix (NB : Farouk) ?

C : Farouk ne faisant qu’une très brève apparition (certainement l’apparition de trop à ton goût, Clo), je n’ai rien à lui reprocher pour ce Livre. Nous en reparlerons pour le prochain tome. En revanche, j’ai beaucoup, beaucoup de griefs contre Bérénice. Cette femme m’a rendue folle : comment peut-on être aussi puérile à son âge ? Je ne sais pas pour toi, Sej, mais moi, je ne peux plus la voir en peinture. Je suis d’ailleurs certaine que ça se ressent à la lecture.

S : Mais non, elle est adorable, Bérénice... Faut pas taper dessus, elle te servira encore. En fait, tous les personnages de la PM sont tellement savoureux chacun à leur manière que je serais bien incapable d'en détester un (bon, Farouk faisant évidemment exception à la règle, mais c'est pas encore flagrant à ce niveau du récit). Mais ce que j'ai surtout apprécié dans cette récriture, c'est le développement du monde et de sa physique. Vous pouvez pas savoir à quel point ça me perturbait la nuit sur ces Arches qui - en tout logique - auraient dû être éclairées par en-dessous...

La célèbre question de Parole de Pros : votre avis sur l’édition à compte d’auteur ?

C : J’ai toujours entendu dire qu’il fallait s’en méfier comme de la peste. Un auteur ne doit pas payer pour être publié et pour écouler lui-même ses stocks. Mieux vaut encore s’auto-publier. C’est pourquoi je trouve que Sej propose une alternative intéressante. Honnêtement, je ne sais pas si j’aurais eu le courage de me motiver toute seule pour publier mon livre via Lulu.com. C’est tout à fait possible, mais ça exige de se prendre en main tout seul : se lire, se relire, faire sa mise en page, se re-relire, concocter une couverture attrayante, se re-re-relire, etc.

S : À éviter ? A vrai dire, comme je ne me suis jamais intéressée à cette partie de l'édition, je ne sais pas grand chose dessus. Ce que je sais, c'est que si on avait demandé à des auteurs de nous payer pour qu'on les publie, ça aurait été moche et on aurait pas eu grand monde !

Et maintenant que la Passe-Miroir est éditée pour le plus grand bonheur de PA, quels sont vos projets ? Sej, travailles-tu sur d’autres ouvrages ? Cricri, j’ai ouï dire qu’avant de te consacrer à la publication du prochain tome, tu allais d’abord mettre un point final à la P-M. Dites-moi la vérité ou je crie.

C : Oui, je voudrais vraiment terminer la Passe-Miroir, à présent. Quitte à retravailler le grand final au moment de passer à l’étape publication, il faut que j’avance. Je m’aperçois que je suis incapable d’écrire et de réécrire en même temps : quand je me lance sur des rails, je dois aller jusqu’au bout et ne pas changer de voie entretemps. Alors je sais qu’inconsciemment, je n’ai pas envie de mettre un terme à l’aventure, mais je ne peux pas me défiler plus longtemps. Promis, avant mes cent ans comptés, ce sera chose faite.

S : Je ne travaille sur rien actuellement, mais plus pour très longtemps. J'avais parlé du fait qu'au printemps, j'allais publier le deuxième tome de ma saga grenouillesque sur echows, je suis donc en train de préparer le terrain. En parallèle, j'ai le grand plaisir de vous annoncer qu'une nouvelle Plume s'est laissé tenter par mes yeux doux et que son ouvrage rejoindra donc les étagères d'echows d'ici l'été. Et à côté de ça, nous avons aussi deux-trois possibles publications prévues pour la fin de l'année et on cogite dur sur l'organisation d'un appel à textes.

Pour finir, quels conseils en tout genre donneriez-vous aux Plumes par rapport à votre première expérience dans l’édition ?

C : Relisez-vous. Oui, j’ai été un peu traumatisée par les coquilles que j’ai laissées derrière moi. Plus sérieusement, ne perdez jamais de vue votre principal objectif : le plaisir. OK, il faut écrire une histoire qualité. OK, il faut donner le meilleur de soi-même. OK, il faut être cohérent, attentif, structuré. Mais prenez du plaisir à ce que vous faites, mettez-y tout votre cœur : c’est cela que vous transmettrez à votre lecteur. Si vous vous enfermez dans une logique de productivité (« je dois publier un livre tous les six mois »), de rendement (« je dois vendre au moins X livres »), de reconnaissance (« je veux devenir célèbre »), vous risquez de passer à côté de l’essentiel. Que la Plume soit avec vous !

S : Relisez-vous, que diable ! Et écrivez pour le plaisir, le texte n'en sera que meilleur. Et puis, n'oubliez pas qu'en définitive, tout fonctionnera pour vous si (et seulement si) vous partez de suite, là, maintenant, sauver les grenouilles du Surinam !


Et c’est à ce moment-là, qu’en principe, ceux qui n’ont pas (encore) commandé la P-M se ruent sur Lulu.com pour faire quelques emplettes dignes de ce nom… Et que ceux qui écrivent tentent de contacter en douce Sej pour lui faire confiance (grave erreur ?). Dans tous les cas, je remercie chaudement nos deux pimprenelles pour m’avoir accordée cette interview, et je vous invite à ne pas louper LE site internet indispensable où vous pourrez vous procurez le sésame de Cricri qui vous ouvrira le chemin vers le Miroir : http://www.editions-echows.fr/

On se dit à très vite les Plumes, et faites attention, il y a une grenouille bizarre derrière vous.

La ptite Clo