dimanche 11 octobre 2009

Plumes et Astuces

Réussir son « méchant »

Comme beaucoup d’auteurs, lorsque vous vous lancez dans la rédaction d’une histoire, vous allez tôt ou tard vous confronter à la création d’un vrai bon méchant. Ce peut être l’incarnation du mal absolu dans votre nouveau roman fantasy, la rivale machiavélique qui met des bâtons dans les roues de votre romance ou encore le frère tant chéri qui n’a pas bien tourné. Il peut prendre n’importe quel visage, mais il y a toujours quelque part un antagoniste qui ne demande qu’à se faufiler entre vos lignes pour corser un peu l’intrigue et éprouver votre « héros ».

La question se pose alors à vous : comment réussir votre méchant ? La tentation est forte de le rendre parfaitement antipathique pour mieux faire ressortir les qualités et les valeurs incarnées par votre personnage principal. Rien de tel qu’un être malveillant, sarcastique, ambitieux, égocentrique, immoral et, tant qu’à faire, puissant pour faire remonter la cote d’un héros. Vous avez là le méchant de base.

Cette vision manichéenne, héritée des dessins animés qui ont bercé notre enfance, gagnerait toutefois à être dépassée. Et si votre méchant était un personnage plus trouble que cela ? Vous pourriez, par exemple, faire coexister en lui deux facettes inattendues : l’une d’elles viendrait adoucir l’autre ou apporter un éclairage nouveau sur ses motivations. Penchez-vous un instant sur ce méchant, essayez de comprendre ce qui l’a amené à en arriver là, son drame intime. Vous pouvez aussi le montrer tantôt abject, tantôt généreux, tantôt cruel, tantôt chevaleresque. N’hésitez pas à jouer sur les contrastes !

Par ailleurs, n’oubliez pas non plus qu’une évolution est toujours envisageable. Pourquoi un méchant devrait-il être condamné à manigancer contre vos personnages principaux tout au long de l’intrigue ? Certains événements, certaines rencontres peuvent l’amener à douter et à changer de comportement, touche par touche, au point même de le rendre plus attachant aux yeux de votre lectorat. Parvenir à transformer ce méchant que tout le monde déteste au début en un personnage sinon sympathique, du moins plus nuancé, ce peut être un joli défi à relever !

Un autre aspect qu’il vous faudra étudier -à l’instar de tous les autres personnages d’ailleurs- est le comportement à insuffler à votre méchant : sa façon de s’exprimer et d’agir. Par exemple, un méchant qui parle d’une voix très douce et qui ne perd jamais son sang-froid peut avoir beaucoup plus d’impact qu’un fou furieux qui postillonne et gesticule. Le méchant que vous prenez trop de plaisir à ridiculiser court le risque d’être un méchant raté. Le sarcasme peut produire un bel effet aussi, à condition d’être manié avec prudence. En effet, un méchant qui lance des piques par gargarisme, pour le plaisir de s’écouter, quand il ne tombe pas dans la vulgarité pure et simple, peut lasser. Si vous voulez conférer un certain charisme à votre méchant, donnez-lui les moyens de toucher là où ça fait mal d’un seul trait, tout en finesse, sans gaspiller sa salive.

Un méchant réussi, somme toute, c’est un méchant qui parvient à surprendre votre lecteur. De même que votre héros devrait toujours porter en lui des zones d’ombre, votre méchant doit avoir sa part de lumière. En un mot comme en cent : humanisez-le.


Cristal


Le saviez-vous ?



Nos belles histoires de Plume d’Argent présentent elles aussi une fameuse galerie de méchants très réussis. On songera par exemple à l’envoûtant Lucian dans Valériane de Moonchilds : à la fois calculateur et fascinant, froid et passionné, nous avons là un personnage dont on ne sait s’il est charmant ou détestable ; bref, un méchant de toute beauté. On pourra citer aussi Tom Winor dans SWAN de diabolica diaphana, un méchant ambigu et tragique qui présente la particularité d’être à la fois l’antagoniste et l’être désiré. Enfin, que penser du mystérieux assassin du 409 de Xay ? Voilà un méchant tout ce qui a de plus sanglant et soigneusement conservé dans l’anonymat, ce genre de personnage qui est dans l’intrigue tout en étant absent, dont on comprend qu’il est l’un des personnages présentés, sauf qu’on ignore lequel. Effet garanti : un véritable climat de psychose s’installe et le lecteur est aussi stressé que les héros !

Cristal

1 commentaire:

  1. Bon, je n'ai pas eu le temps de tout commenter, mais cet article là était vachement intéressant. (Et mon mari est touché d'être cité XD)

    Perso, j'aime bien écrire sur les méchants. C'est moins chiants que de faire des descriptions, mais ça reste quand même un big pari pour les rendre intéressants et "complets"... *zieute ses propres méchants*

    Bref, merci Cricri ! ^^

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