dimanche 11 octobre 2009

Pellicule Argentée

« Et j’y tombe sans aucun doute [dans le ridicule] lorsque je suis offert au public dans une invariable, perpétuelle et irritante situation d’amoureux. Certes, je ne nie pas que j’aie le cœur fort sensible, et que le coup de foudre me guette à chaque tournant de rue. Et je ne nie pas non plus que les femmes me furent, en général, accueillantes et miséricordieuses. J’ai des souvenirs flatteurs, je fus l’objet heureux de défaillances dont tout autre que moi se prévaudrait avec quelque orgueil. Mais de là à me faire jouer un rôle de Don Juan, de Lovelace irrésistible, c’est un travestissement contre lequel je proteste. »
Maurice Leblanc – La Cagliostro se venge


Arsène Lupin
Avouons-le. Elles sont toutes dingues d’Arsène. Tout les séduit chez elles : son rire, son intelligence, son arrogance de gentleman cambrioleur, ses petits airs de séducteur, ses clins d’œil… Quelle femme est déjà restée de marbre devant lui ?

Parce que l’été sur PA avait été placé sous le signe du polar, il paraissait évident de rallonger la saison policière encore un peu pour la rentrée du Paen. Alors, Arsène Lupin s’est savamment proposé. Il est venu et il nous a dit de sa voix envoûtante : « Mmmh, mes belles, invitez-moi… et je saurai vous combler ».

Et voilà comment le Paen a flanché. Lupin méritait mieux que de rester dans nos bibliothèques, disait-il, un homme comme lui devait figurer dans le Paen, non mais oh ! Ses désirs furent des ordres.

Et puis, il est chic, Arsène. Il est chic, et si tout le monde l’aime, c’est bien parce que Maurice Leblanc l’a rendu unique. C’est le seul capable de réaliser un cambriolage tout en restant en prison, le seul qui passe derrière les barreaux quand il le désire et qui s’évade quand ça lui convient, et le seul qui chante « laïtou laïtou lala » après la résolution d’une énigme redoutable. Il est également le petit chouchou du polar… Sherlock Holmes et Maigret ne font pas mieux ! Les plus résistants au genre policier ne peuvent que fondre devant lui.

On en rêvait, c’est Jean-Paul Salomé qui l’a réalisé. On en rêvait, c’est Romain Duris (Les Poupées russes, Molière) qui a endossé la redingote et le monocle du célèbre voleur, centenaire depuis peu.

Ce n’est pas le premier film sur notre ami Lupin, loin de là, mais c’est toutefois le plus récent. Parmi la trentaine de livres relatant les aventures d’Arsène, c’est la Comtesse de Cagliostro, incarnée par Kristin Scott Thomas (Mission Impossible, Ne le dis à personne), qui a attiré l’attention des scénaristes.

Dans un décor normand, pas très loin de l’Aiguille creuse, nous suivons Arsène Lupin dans ses jeunes années et découvrons comment d’un petit voleur qui use de ses charmes, il est devenu le célèbre cambrioleur que nous connaissons tous.

Le film résume assez bien l’histoire, malgré les retouches à l’intrigue qu’on trouve dommage. Alors qu’il était fort épris de Clarisse d’Étigues, interprétée par la jeune Éva Green (Casino royale, À la Croisée des mondes… Arsène Lupin est son deuxième film au cinéma), Arsène Lupin se prend de passion pour la Cagliostro, une femme mystérieuse et redoutable. Après l’avoir sauvée d’une mort complotée, elle le prend sous son aile et l’entraîne dans la chasse au trésor des rois de France.

Cette grosse production ne lésine pas sur les moyens. Les scènes d’époque tournées devant l’Opéra Garnier sont magnifiques, mais les coups de feu et explosions font too much. Romain Duris dévoile une nouvelle fois son incontestable talent, mais on regrette de le voir si peu gentleman-cambrioleur. Si le film n’a pas connu le succès qu’il escomptait en France, c’est peut-être aussi parce que le public attendait un scénario différent, une véritable affaire tirée par les cheveux avec un Arsène accompli et sûr de lui. Mais cela reste un bon divertissement, un film à voir un dimanche pluvieux.

Arsène, avant de quitter les bureaux du Paen, les poches remplies de nos bijoux, a déclaré : « Je suis flatté par tant d’ardeur à me mettre sur grand écran, mais je savais que ça ne marcherait pas. Comme si pouvait m’égaler, moi ! ».




La ptite Clo

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