mardi 15 octobre 2013

Les Inspirateurs

Après la mythologie grecque et les éléments, je vous propose d'aller voir de plus près le monde de l'épée. Plus qu'une arme, cet objet fait partie de nos rêves d'enfant comme de notre passé. Cependant, devant l'étendu du sujet, je ne vous parlerai que de son anatomie et de son histoire jusqu'au Moyen-âge. Le reste fera l'objet d'un prochain article.

"L'épée, une arme qui répond à un besoin militaire et physique."

Qu'est-ce qu'on attend d'une épée ? Tout d'abord des critères liés à sa maniabilité. Il ne faut pas oublier que c'est une arme avant d'être un objet de légende. Une épée se doit d'être légère afin d'être maniable. De cela dépend l'espérance de vie lors d'un combat. Ainsi, une épée à une main pèsera environ 1 kg, et environ 2 kg pour une épée à deux mains. Oubliez donc le cliché de l'épée de 10 kg, ce n'est absolument pas réaliste. Cela me permet d'aborder un autre critère important : la lame. Elle se doit d'être relativement souple afin de mieux absorber les coups. Si ce n'est pas le cas, vous risquez de briser votre arme comme de vous traumatiser les articulations. Ce serait dommage d'être mis en échec par votre propre corps alors que vous avez affronté les pires ennemis que la Terre puisse porter. Un dernier critère et pas des moindres : l'épée doit être tranchante voire piquante. Avec une épée émoussée il va être plus difficile de remporter un tournoi comme un duel judiciaire.



"L'épée, une arme complexe mais équilibrée."

L'épée, c'est tout d'abord trois grandes parties. La garde (I), la lame (II) et le fourreau (III). Le fourreau est indissociable de l'arme car il protège le tranchant de ce qui pourrait l'endommager tout comme son porteur. Il serait fâcheux de se blesser avec sa propre arme.

Détaillons chacune de ces parties :

I. La garde.

Pommeau (1) : À la fois utile comme contrepoids pour assurer l'équilibre, il est aussi indispensable pour assommer un adversaire qui se serait avancé trop près.

Fusée (2) : Il se trouve que la lame se prolonge en s'affinant (la soie) afin de tenir ensemble chaque pièce de la garde. Pour ne pas avoir la main directement en contact avec le métal, on l'habille de cuir ou, si on a les moyens, de bois, corne, etc.

Quillons (3) : Une pièce salutaire de l'épée. Cela permet à la main de ne pas déraper en cas d'estoc, mais aussi de protéger la main si l'arme de l'adversaire venait à glisser en direction de vos phalanges. Éventuellement, les quillons peuvent servir d'arme à eux seuls. Il est bon de savoir que si vous êtes apprenti escrimeur, ce sont vos poignets qui souffriront au début de la piqure sèche de ce bout de métal.

Chappe (4) : C'est une pièce de cuir qui protège la lame de l'eau en faisant joint avec le fourreau quand l'épée est rengainée.

II. La lame.

Le double tranchant (7) : Contrairement au sabre ou au fauchon, l'épée a un double tranchant. Cette lame va être plus fine et tranchante au bout (8) que l'on appelle "le faible". Pourquoi le faible ? Eh bien, essayez de parer une attaque avec le bout de votre arme, vous comprendrez vite que même avec des muscles puissants, ce n'est pas possible : le "bras de levier" est trop important. Rassurez-vous, je vous ai vanté une arme équilibrée, alors s'il y a un faible, il y a un fort (5). Plus près de la garde, il devient aisé de parer les coups de l'adversaire. Voila une autre raison d'avoir des quillons.

La gorge (6) : Son utilité est double là encore, mais la deuxième n'est pas entièrement prouvée. Tout d'abord, cela permet d'alléger l'arme et d'améliorer sa résistance. Sinon cela permettrait d'évacuer le sang de l'adversaire. Et oui une épée c'est avant tout fait pour tuer, il ne faut pas l'oublier trop vite.

Il ne reste plus qu'à vous présenter l'arrête (9) et la pointe (10) très utile pour aller piquer son adversaire.

"La naissance de l'épée remonte à l'âge de bronze"

Dans la première moitié du IIème millénaire avant J.C., on retrouve la trace d’objet assimilables à des poignards plus qu’à des épées. Il faut attendre l’âge du Bronze moyen pour que les premières armes ayant la proportion suffisante pour être qualifiées d’épées apparaissent. On les obtenait d’un seul tenant en coulant le bronze dans un moule de pierre.

Age du Fer

La longueur d’une lame d’épée au début de cette période est d’environ 60cm. Il s’agit d’une arme polyvalente, de taille et d’estoc, utilisée aussi bien par les cavaliers que les fantassins. À l'abandon du char, l’épée devient l’arme principale du cavalier et subit des évolutions de forme : sa lame s’allonge et perd sa pointe pour permettre la taille.

Période romaine

Au premier siècle avant J.-C., sa morphologie est la suivante : bout arrondi et une lame de 90cm environ. Toutefois, les Celtes de la péninsule ibérique conservent l’épée courte, d’où viendrait probablement le glaive. A l’époque de l'empereur Auguste, le légionnaire dispose de l’équipement suivant : une lance et un pilum pour le combat à distance, un glaive et un poignard pour le corps à corps. L’épée longue (spartha), issue de l’armement de l’auxiliaire, supplante le glaive au IIème siècle après J.-C. et continue d’être utilisée avec peu de modifications jusqu’au début du Moyen-âge.

Moyen-âge

 
 
Au début du Moyen-âge, nous héritons donc d'une lame à la gorge large, des tranchants effilés parallèles ou presque et une pointe peu prononcée. Les frappes de taille sont donc avantagées. La lame de l’épée s’accroît progressivement en corrélation avec les évolutions techniques du bouclier. Outre la lame plus longue, la gorge se rétrécit, la garde se développe en envergure et s’incurve vers la lame. En parallèle à ces évolutions techniques, on commence à voir apparaitre dans la littérature les premiers termes d’escrime.

Au XIIIème siècle, certains écrits mentionnent les coups d'estoc, synonyme d'une pointe plus fine et d'un alliage plus solide.

Au XIVème siècle, la forte arrête médiane apparaît, tout en conservant bien sûr les capacités de coupe de la lame. La section losangique de celle-ci permet une meilleure technicité des tranchants. Selon l’usage, l’arme est soit destinée à l’escrime, soit (et surtout) pour abattre un homme en armure.

Nous voila arrivés à la fin de ce voyage. J'espère que cela vous a ouvert de nouvelles perspectives ou une meilleure compréhension de vos lectures.

Saïph

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