jeudi 1 mars 2012

Dessine-moi une plume

Un week-end de janvier comme les autres, c'est-à-dire dans le train entre deux villes, je faisais un petit listing des illustrateurs que je vous avais déjà présentés. Une conclusion s'est alors imposée : je n'avais parlé que d'artistes masculins. Mince, je ne suis pas féministe, mais il était temps de rétablir l'équilibre. Forte de cette idée, j'ai quitté le quai de gare et rejoint le véhicule familial. Au lieu du trajet habituel, la voiture s'est rendue à la médiathèque. "Ça te dérange ?" m'a demandé ma mère. Au contraire, une bibliothèque, ça tombait à pic ! Mais je ne savais pas à quel point le hasard pouvait vraiment bien faire les choses. Deux bourrasques glacées plus loin, la porte automatique s'est ouverte sur le hall où se tiennent toujours les expositions. Voici celle qui m'attendait.

L'artiste du jour :

Dans des cadres, protégées par de belles vitres, des illustrations chaudes, d'une finesse et d'un relief incroyables. Il s'agissait des travaux d'Anne Romby.



La Femme :

C'est dans un village de Picardie que naît Anne Romby en 1959. Elle s'imprègne de la magie de l'enfance et des richesses qu'offre la nature. Elle étudie les beaux arts à Saint Quentin, puis à Reims et enfin les arts décoratifs à Strasbourg dont elle sort diplômée et primée tant en illustration qu’en gravure. Le premier ouvrage qu'elle illustre utilise d'ailleurs la technique de la gravure (cf. article sur Léon Benett). Le catalogue de ses travaux est large, je citerai seulement Le génie du Pousse-pousse et Le Prince de Venise de Jean Comes Noguès, Zhao, L’enfant peintre et Peau d’Âne d’Anne Jonas, La Belle et la Bête de Madame de Beaumont et Fleur de Cendre d’Annick Combier.

L'artiste :

Revenons plus en détail, car cela ne manque pas sur les illustrations d'Anne Romby. Premièrement, la chaleur de ses œuvres. La plupart de ses travaux s'appuient sur un large fond uni, de couleur bleue ou jaune le plus souvent. Ces fonds ont pour première volonté d'accueillir le texte de l'histoire. Cependant, il offre au dessin un contraste et une dimension différente. A contrario de ces grandes plages d'évasion, chaque vêtement sera très méticuleusement travaillé et orné au blanc, au jaune ou au noir. Ces arabesques fines et condensées donnent une première texture.

Cependant, concernant l'effet de matière, Anne Romby a une autre corde à son arc. Ce qui m'a le plus étonnée, c'est le relief et la finesse. Finesse qui, une fois le nez collé à l'œuvre, parait inhumaine. La meilleure dentellière aurait jalousé une telle maitrise et une telle vision. En fait, Anne Romby n'utilise pas seulement de la peinture, elle utilise aussi toute une palette de papiers (texturé, de soie, chiffon, murier,…) qu'elle superpose et plisse, ainsi que des feuilles desséchées (disamare, noisetier,…) où seules les nervures diaphanes apparaissent. Regardez attentivement cette illustration.



Il reste une dernière chose à mentionner pour avoir fait le tour des principales caractéristiques des illustrations d'Anne Romby : la délicatesse des visages et des mains. Les doigts sont fins, les pommettes saillantes, les yeux lumineux.

Anne Romby se décrit comme une funambule de l'image. Je pense qu'elle mérite bien ce titre.

Votre dévouée,

Saïph

1 commentaire:

  1. ça doit être impressionnant à voir en vrai.
    Une photo sur écran n'a sûrement pas un tel rendu au vu de ce que tu décris de ses œuvres.
    Très intéressant.

    Vef'

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